Farah Atassi
Exposition
Farah Atassi
Passé : 29 janvier → 12 mars 2011
Née à Bruxelles en 1981, de parents syriens, Farah Atassi est l’une des artistes les plus remarquée d’une toute jeune génération de peintres français. Diplômée de l’ENSBA en 2005, elle a été révélée entre autre à la Ferme du Buisson, au dernier salon de Montrouge, et dans le cadre de l’exposition Dynasty au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, et au Palais de Tokyo.
Bien que figurative, la recherche de Farah Atassi fut d’abord abstraite. Elle entretient avec des artistes tels que Peter Halley ou Dan Walsh une commune conscience de la surface, sa densité, son intensité et sa profondeur, ses limites. Les lieux de transition, pauvres et dépouillés qu’elle peint, salles d’attente, bureaux, cuisines vides, ou foyers de travailleurs, sont avant tout des surfaces articulées en espace clos. La variété des teintes et des températures chromatiques, la pertinence et l’audace de certains contrastes, dévoilent chez l’artiste une remarquable intelligence de la couleur. La profondeur des espaces ne contredit jamais les deux dimensions de la toile, tant le traitement des plans, de la matière, des coulures et autres accidents laissés visibles nous renvoie à la matérialité physique de l’œuvre peinte, de la disposition des formes, ou de leur recouvrement.
Les espaces de Farah Atassi sont comme les intérieurs d’un rêve qu’on ne s’explique pas, où tous les objets et les meubles agacent nos lacunes inquiètes. L’absence révèle des présences. Il n’y a pas de représentation humaine mais ses toiles l’évoquent pourtant fortement, fut-ce par le défaut, à travers une multitude de références esthétiques et sociales. Parmi les marques de cette absence le soin de certains détails d’objets aux couleurs vives, d’éléments d’architecture, mobiliers hybrides et improbables, ou lampes et éléments censés produire de la lumière, sont autant d’indices qui organisent notre déroute. L’espace irréel et la lumière évoquent par endroit les intérieurs de la peinture flamande qui, de Metsys à Vermeer, décrivent des chambres indéfinies, baignées d’un blanc lunaire s’invitant depuis un dehors supposé, où objets et meubles nous disent leur époque, tout en incarnant une présence symbolique.
Sans être discursif ou rhétorique, son art parle de l’art. Elle abstrait de l’océan des images et des formes celles de la modernité pour les mettre à l’isolement. Des amas de lampes fluo rappellent certaines installations lumineuses dans l’art ou le design, des peintures ou des objets empruntés à Malevitch, Morandi, ou même Bernard Buffet renvoient à des registres de l’image peinte hétérogène et affranchie de toute hiérarchie de valeur. Des chaises de designer comme Mart Stam, Charles Eames, ou encore Patrick Jouin voisinent avec d’autres plus ordinaires, aussi anonymes que celles qui encombrent notre quotidien. Bien que son travail s’appuie sur une abondante recherche documentaire, elle peint des lieux imaginaires, peut-être même les lieux de l’imaginaire, ceux desquels peuvent surgir l’effrayant comme le merveilleux, des chambres en bordure du réel, les lieux des films de Tarkovski, d’Orson Welles, de Michael Snow, le théâtre de Beckett, ou encore les nouvelles de Borges, parmi ceux qui font scène d’un endroit allégorique où l’homme habite un lieu indéfini qui existe en lui-même.
Horaires
Du mardi au vendredi de 11h à 13h et de 14h à 19h
Les samedis de 10h à 19h