Gérard Traquandi — À la source — Galerie Catherine Putman — Exposition — Slash Paris

Encore 11 jours : 16 mars → 7 mai 2024

« Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture» Bonnard

C’est un pur délice pour les yeux, un souffle de vent frais sur le visage, cette nouvelle exposition de Gérard Traquandi à la Galerie Putman. Aux côtés de quelques petites peintures sur carton, vous y découvrirez en majorité des œuvres sur papier réalisées depuis 2021. Une production graphique récente où l’on ressent le plaisir d’explorer l’infinie variété des techniques et supports : aquarelle, crayon, pastel à l’huile, sur papiers de qualité et texture diverses. Un monde graphique plus intime, plus humble, de plus petit format que sa peinture souvent monumentale et plus liée au domaine public, mais qui en garde la même générosité et la même profondeur. L’on y retrouve cette double source, ce regard porté sur la beauté de la nature et cette gourmandise pour l’œuvre des maîtres. Ici des natures mortes et des paysages saisis sur le motif, dans cette terre méditerranéenne chère à l’artiste, de Marseille à la Corse ou l’Italie. Là des scènes religieuses, ici des baigneurs dans une nature arcadienne où vous rencontrerez tantôt Poussin tantôt Cézanne ou Bonnard.

Avec Gérard Traquandi, l’histoire se croise au coin de la rue, pas de passé sur socle, chaque motif vibre intensément, en lui et en nous, ici et maintenant. C’est la traversée magique des correspondances. Un geste, une couleur et soudain. La présence. Une atmosphère, une texture, une lumière. La nature ici et l’œuvre là. Ce mystère de faire. Cette beauté de l’éblouissement. A l’instar de sa peinture, on retrouve dans les dessins de Gérard Traquandi un peu de ce qu’il est, lui, l’homme du Sud. Comme lui son œuvre est vraie et solaire, baignée de cette vivacité, de cette chaleur méditerranéenne. Les dessins de Gérard Traquandi sont justes. Comme quand « la main et l’œil vont ensemble et que tu ne cherches plus à jouer à l’artiste ni à faire un beau dessin », explique-t-il souvent à ses élèves l’œil rieur. « Faut s’oublier ! Et juste être là, au présent ».

C’est dans cette présence au monde que le dessin s’ouvre alors. Et qu’il devient présence lui aussi. Il t’effleure, il te touche. Tellement là, tellement tactile, un corps déployé qui prend vie soudain. Vibrations de bleus, de verts, de rouges et de jaunes pas croyables, qui remontent des yeux à la bouche, du doigt à la peau : ici ils ont la saveur d’une grenade et la texture d’un citron, là ils sont atmosphères vibrantes et intenses, légers comme un nuage, brûlants comme un soleil de midi, aveuglants comme la mer ou frais comme la pénombre d’un arbre. Ils sont des paradis sur terre. Petits instants de beauté arrachés à la vitesse du monde. Petits ilots à rêves indémodables. Vivants.

Amélie Adamo, février 2024