Gérard Traquandi — Galerie Catherine Putman, Paris
La galerie Catherine Putman présente une belle exposition de Gérard Traquandi qui laisse entrevoir toute la finesse d’un regard qui s’exprime ici avec autant de légèreté que de sentiment à travers des œuvres sur papier.
« Gérard Traquandi — À la source », Galerie Catherine Putman du 16 mars au 7 mai. En savoir plus Une double polarité affective et rationnelle qui sous-tend l’ensemble de son travail, lui-même toujours attaché à questionner sa pratique pour en exposer les variations expérimentales. On passe ainsi de la figuration à l’abstraction qui nous parlent chacune à leur manière en faisant pourtant toujours vibrer la même corde, celle du trouble scintillement de l’image fixe. Car ici, quelle que soit sa manière, tout bouge. Sous l’égide de Cézanne, sous l’égide de Bonnard, dont la citation en exergue du texte de présentation nous rappelle à une mission du peintre, conscient et chercheur dans son médium : « Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture » fait advenir ses mondes où l’on s’oublie, ivres d’une lumière du sud.Le titre même de l’exposition, À la source, dit toute la belle simplicité et l’évidence d’une pratique constante du dessin, de l’aquarelle d’un maître de la peinture qui nous emmène au plus près, sous sa main, sur les feuilles qui supportent ses premières impressions, ses plus fulgurantes visions. Une gageure que peu d’artistes peuvent se permettre et qui trouve dans ce parcours un sens profond, dévoilant son goût spontané pour la ligne et sa capacité à y faire naître les fantaisies les plus suaves déployées autour d’un noyau organique. Sous ses arabesques, corps humains et règne végétal partagent une communauté de destins. De ceux qui passent, sidèrent et, pareils au cours de la source, ne se reproduisent jamais.
Si l’ensemble mériterait une présentation plus dépouillée, le parti-pris du cabinet de dessin rappelle le labeur essentiel pour atteindre une telle virtuosité qui explore la vie de la lumière et déjoue l’expression de « nature morte ». C’est précisément dans le mouvement marqué et la fugacité de ses traits, tout comme dans sa capacité à laisser respirer la surface du tableau que la peinture de Traquandi retranscrit la perception primale de la lumière. La dynamique des contrastes sature le motif pour inventer son propre langage pictural. De l’abstraction, il garde la liberté de lire le réel que son trait renvoie, de l’impressionnisme sa fidélité à la portée émotionnelle du spectacle du monde.
Dans chacune de ses créations, peintes, dessinées, gravées, uniques ou multiples, Traquandi fait montre d’une même attention à la portée d’un rythme, scandé d’allitérations de traits et d’altérations de traces qui trahissent une oreille harmonique du monde aussi bien que la conscience de le retranscrire par des moyens singuliers, qui puisent dans la lecture rationnelle de la partition et de la grille pour inventer de nouveaux signes.
Cette légèreté qui imprime et fait, au final, véritablement œuvre de l’ensemble de ses travaux, du plus élaboré au plus impromptu.