Hanns Schimansky — Jusqu’au bout du jardin…

Exposition

Dessin

Hanns Schimansky
Jusqu’au bout du jardin…

Passé : 20 septembre → 15 novembre 2014

La galerie présente les toutes nouvelles œuvres de l’artiste Hanns Schimansky dans une exposition intitulée jusqu’au bout du jardin… Reconnu par ses pairs comme l’un des meilleurs dessinateurs de sa génération en Allemagne, les œuvres de Hanns Schimansky sont représentées dans de nombreuses collections publiques et privées, sa notoriété gagne aussi la France. Cette exposition permet à nouveau d’appréhender son univers à travers ses récents dessins dont la série intitulée orchestre micro-canonique exposée récemment à l’Académie des Beaux Arts de Berlin dans une salle dédiée à John Cage. Ces dessins sont complétés de récentes encres sur papier ainsi qu’une série de nouveaux pliages de l’artiste, aux tonalités vives et aux rythmes variés, dont les infinies possibilités de spatialisation et de timbre révèlent une liberté expressive inégalée. Dans leur spatialité et le jeu de tension incessant de la couleur et du trait, ces œuvres animent le spectateur dans l’expérience sensorielle provoquée par les subtiles nuances de leurs pliages.

À travers ses dessins complexes et abstraits, Hanns Schimansky explore le monde d’une façon très personnelle. Lorsqu’il dessine, l’artiste observe, touche, ressent, approfondit, respire, libère… Il s’attache à explorer le potentiel esthétique du dessin et ses formes d’expression en utilisant toutes ses fonctions d’investigation sur les conditions qui régissent notre perception et reflètent notre existence. Contrairement à la vidéo ou à la photographie, le dessin demande une concentration visuelle plus forte — à l’opposé de nos sociétés gorgées de technologies. Ce medium permet à Schimansky un nécessaire ralentissement opposé au rythme d’un monde médiatique vertigineux et chacun de ses dessins exige d’être examiné avec soin afin de percevoir l’immensité de ce qui se trame dans l’histoire modeste qui s’y déploie.

Schimansky agit en poète, créant sans cesse de nouvelles possibilités linguistiques et rythmiques, le dessin n’étant pour lui, ni un exercice manuel ni une étude préliminaire subordonnée à la peinture. Au contraire, son dessin naît d’un long processus d’observation et d’attention au monde qui l’entoure et d’une nécessité intérieure de silence.

Ligne

La ligne est prédominante dans ces dessins non figuratifs. Spontanée et entièrement libre, elle progresse doucement mais avec force. Ce n’est pas seulement une ligne tracée, mais une ligne vécue, ressentie. Elle pénètre par le bord du papier au pinceau, qu’elle soit au crayon, à la plume ou à la craie. Tremblante, elle cherche un chemin, oscille entre ondulations et courbures à mesure que le crayon roule, se tord, pointe ou dévie sur la feuille de papier. Repoussant toujours plus loin les limites de son dessin, la Nature qui s’exprime n’est pas allégorique mais environnementale puisque l’artiste y puise des évènements visuels qui alimentent ses réflexions qu’il incarne sur papier. Cette aventure du paysage mène Schimansky aussi bien dans des voyages végétaux qu’urbains : sa ligne exploratrice en perpétuelle évolution agit comme un rhizome, se frayant un chemin à travers la terre, évoquant des paysages à la fois physiques et psychologiques, où le végétal est en pleine croissance. On y décèle également le fourmillement de la ville et ses carrefours, ses poteaux et fils électriques, ses signaux et voies ferroviaires qui s’entrecroisent ou de réseaux qui s’assemblent. Les paysages créés dans ce cadre sont pleins de vie et empreints d’une grande liberté ; la ligne qui les anime dégage une force cristalline née d’un cheminement intérieur pour toucher au subtil.

Pliages

L’impression tridimensionnelle se trouve renforcée par les pliages du papier — choisi avec grand soin. Schimansky prépare et travaille ces immenses feuilles en canevas infinis de plis recto/verso, en trames horizontales et verticales produisant, dans leurs pliés, de multiples interstices et espaces cachés dont la couleur amplifie l’énergie graphique d’une coulure ou d’une tache. La ligne qui émerge du papier plié, déplié, quadrillé et celle du trait s’étendent alors au-delà de la feuille de papier dans une tridimensionnalité. Les lignes sinueuses et courbes qu’il crée font alors naître une esthétique basée sur des principes d’irrégularité et de mouvements. Les plis évoquent l’infini de la matière et les inflexions de la pensée ; ils sont les reflets visibles des plis de l’âme et de l’esprit. Les couleurs vives émanant tantôt des plis tantôt des aplats font résonner leurs timbres dans un écho savamment orchestré en nuances : nuances de sons et de teintes, nuances de plis, de trames et de variations sollicitant à la fois l’écoute et le regard.

Souffle/Energie

Avec finesse et clarté, l’artiste crée ainsi un véritable champ d’expansion dans lequel circule l’énergie reliant les formes dessinées.

Tantôt teintées d’un noir intense tantôt vivifiées par la combinaison de rouge et orange vifs, d’un jaune éclatant ou de bleu et vert profonds comme des sources d’énergie dans lesquelles la ligne puise sa vitalité, ces formes transforment alors la feuille de papier en espace tridimensionnel. Diverses, tantôt rondes ou brisées, pointues ou quadrillées de tailles variables, elles occupent la surface de la feuille de papier et lui apportent une réelle dimension d’espace et de profondeur. Hanns Schimansky invite le visiteur à errer et explorer l’espace de sa feuille dans une respiration où les pulsations de l’encre sont à l’image des pulsations du cœur. A l’image de calligraphies asiatiques qui représentent les souffles primordiaux, les dessins de Hanns Schimansky semblent mus par de subtils mouvements d’air, telles des odes poétiques du pneuma au noble sens grec du terme.

Musique

En ceci, les partitions dessinées mélodiques et rythmiques de Hanns Schimansky répondent à la même exigence que celles du free jazz dont Hanns Schimansky est particulièrement friand. Dans un même exercice de style et une liberté absolue, ces œuvres répondent à des codes très précis dans une très grande maîtrise du souffle de l’instrument, qu’il soit dessiné ou joué. L’harmonie qui s’en dégage naît de l’imagination exubérante et sans limite de l’artiste mais prend forme dans une technique minutieuse et maîtrisée. Les variations de la ligne incarnent alors les variations d’un son : aigu puis grave, éclatant ou sourd, avec ses pauses et ses reprises, comme une improvisation rythmée d’accents et de ponctuations. Car l’œuvre de Hanns Schimansky est une œuvre à la fois composée de sonorité et de silence ; les bruissements du papier plié et déplié, la plume qui gratte le papier, le point répété avec précision , le trait qui glisse selon des rythmes toujours variables mais qui se répètent sont autant de sons qui constituent l’harmonie des dessins de l’artiste. Ils sont tels des Carpe Diem emplis d’une atmosphère subtile et parviennent à exprimer l’intensité mais également la fragilité de notre existence.

  • Vernissage Samedi 20 septembre 2014 16:00 → 20:00
03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

5 rue de Saintonge

75003 Paris

T. 01 42 72 60 42 — F. 01 42 72 60 49

www.jeannebucherjaeger.com

Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de 10h à 19h

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