Jane_Doe 22
Exposition
Jane_Doe 22
Passé : 29 avril → 1 juin 2013
Comment exposer le graffiti ?
Voici une problématique qui fait couler de l’encre, à l’heure où le mouvement street art tend à s’institutionnaliser. Avec cette exposition, Jane_Doe 22 propose une réponse concrète. Le choix est radical : une exposition de graffiti sans graffiti.
Pas de graff dans la galerie, mais un focus sur l’envers du décor. Son leitmotiv : explorer sans invitation des espaces sécurisés, délabrés et en isoler des fragments. La proposition est faite au spectateur d’expérimenter à son tour cet univers de l’invisible, ces lieux à l’identité troublée.
Derrière la palissade, équation à une inconnue : Jane_Doe 22 investit la galerie.
« On a trouvé un piano. Je m’y suis directement installé pour jouer comme un homme bien trop sûr de lui, et je me suis lancé dans une succession insupportable de notes désordonnées. Le piano est tombé en morceaux. « SHHHHHHHHH! » siffla Dimitri, en faisant irruption dans la piaule branlante.
« Native doucement! Il y a le voisin! » puis il est reparti aussi brusquement qu’il est apparu et a continué de fouiller dans des piles de vinyles poussiéreux des années 60 dans la pièce adjacente. Quant au piano, ce furent les dernières notes de ce pauvre bougre, les touches pourries sont tombées en morceaux. Il ne restait que quelques pièces d’ivoire recourbées ressemblant à de vieux ongles trop longs encore accrochées à une douzaines de touches, tenant désespérément au châssis en décomposition. Tant pis, je venais de finir de le flinguer… Je rattrape les autres plus loin vers une cour envahie par la végétation « fais gaffe quand tu passes par là », m’avertit Dimitri. « La structure est complètement pourrie » ajoute Tchago, galérant à déraciner une plante épineuse. Apparemment un genre coriace de plante envahissante comme Paul me l’a expliqué vite fait. J’ai noté que Paul en savait un peu trop sur les espèces envahissantes pour un rat d’égout parisien pur-sang. Il s’est aussi avéré qu’il avait fait d’importantes découvertes concernant le monsieur dont nous étions en train d’envahir la maison, et dont nous avions pris la liberté d’explorer les effets personnels abandonnés.
Selon les conclusions de Paul, M. Jean Christian semblait être un genre de notaire, célibataire en tout cas au vu du nombre de magazines érotiques, des nombreuses boîtes de conserve et de son manque général d’organisation. Sa grande collection de chandails vintage style ‘’Cosby show’’ aurait de quoi rendre jaloux nos hipsters actuels !… « C’est une sacrée merde cette plante ! » vocifère Tchago. Je me retourne et lui donne un coup de main pour finir de l’arracher et malgré nos efforts cumulés, elle se défend bien encore quelques minutes. Tchago reprend son souffle, et commence sa théorie sur la perfidie des espèces envahissantes. Je fais une observation à tendance intello sur la similitude entre notre invasion et celle de la plante, mais ma tentative de faire rire Tchago n’a aucun effet, il grogne et assène à la plante un dernier coup fatal, elle craque…»
— Jane_Doe 22, extrait du catalogue, 2013
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Vernissage Samedi 4 mai 2013 à 16:00
Horaires
Tous les jours sauf le dimanche de 10h à 19h30
Les artistes
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Jane Doe 22 (Collectif)