Jean-Pierre Pincemin — Je puis dire que j’ai appris à peindre en faisant de la gravure (...)
Exposition
Jean-Pierre Pincemin
Je puis dire que j’ai appris à peindre en faisant de la gravure (...)
Passé : 19 novembre 2022 → 7 janvier 2023
Jean-Pierre Pincemin — Galerie Catherine Putman Si elle est terriblement sensible et intimement liée à la dynamique du geste, la peinture de Pincemin, dans sa définition même, eng... CritiqueLa galerie Catherine Putman est heureuse de présenter pour la première fois une exposition de Jean-Pierre Pincemin réunissant un bel ensemble de gravures, ainsi que quelques œuvres uniques sur toile ou sur papier.
Pour Pincemin, la gravure — comme la peinture et la sculpture — relève de l’expérimentation et ne se laisse pas enfermer dans la technique. Ainsi c’est une multitude de procédés qui seront utilisés, inventés et développés par l’artiste, dans différents ateliers, en collaboration avec des imprimeurs comme Pasnic ou Piero Crommelynck.
Pincemin pratique régulièrement la gravure depuis 1985, ses premières estampes datent de la toute fin des années 70. « C’est en 1979, grâce à la bonne rencontre de Jacques Putman, et à son intention d’éditer ce qui sera un jour mes gravures, que la chose entra dans ma vie. »(1) Les Putman éditent des gravures, parfois en collaboration avec Marie-Hélène Montenay. Dans les années 80, l’artiste travaille à l’atelier Pasnic, la pointe-sèche sur plexiglass et de grands bois gravés au marteau-piqueur et réhaussés. À cette période, sa femme Françoise Pincemin imprime aussi nombre de gravures dans son atelier à Authon-la-Plaine. Une importante collaboration s’établit ensuite avec l’atelier Piero Crommelynck qui tire de belles aquatintes au sucre, en noir et blanc, parfois en couleur, notamment grâce à l’introduction des papiers collés.
Son approche de la gravure peut évoquer les principes de Supports/Surfaces, mouvement artistique auquel il participe dans les années 70, et notamment celui de l’empreinte, caractéristique de ses premières œuvres, et essence même de la gravure. Il l’utilisera de manière brute dans de grandes estampes dont l’exposition présente un bel exemple avec Empreintes, 1992, 160 × 120 cm (cat. 192).
À l’aide de différentes matrices, il n’hésite pas non plus à « corriger » les tirages, donnant ainsi une autre dimension, une idée même de variations, aux gravures. « Les gravures mal tirées, je les corrige avec du blanc, genre peinture pour machine à écrire, ou du noir. » (2)
Le travail de la gravure a participé de l’évolution de son style pictural, de son ouverture à la figuration, du développement de son champ iconographique.
Jean-Pierre Pincemin est peintre, sculpteur et graveur. De la période Supports/Surfaces, sa peinture du début des années 80 conserve le sens de la composition géométrique, l’agencement de l’espace — en bande, en carré, mais avec une matière picturale plus « classique » — et une sophistication de la matière peinte et des couleurs subtiles, le tableau de 195×154 cm présenté à la galerie et son agencement caractéristique de bandes verticales en trois couleurs en est le parfait exemple. En 1986, la Galerie de France présente l’exposition L’Année de l’Inde, dans laquelle ses œuvres figurent animaux, végétaux et autres motifs floraux. Après 1986, gravure et peinture tournent autour d’une grande variété iconographique qui fait la part belle aux bêtes et s’amuse de la réinterprétation de certains sujets classiques ou religieux, non sans un certain humour, comme les danses macabres.
*Jean-Pierre Pincemin (1944-2005) *
Né à Paris en 1944, Jean-Pierre Pincemin est ouvrier-tourneur, découvre la peinture lors de visites au Louvre et dans les galeries et devient artiste dans les années 60, encouragé par le galeriste Jean Fournier. Il réalise alors des sculptures par assemblage de bois de récupération.
Dans les années 70, il participe brièvement au mouvement Supports/Surfaces qui remet en question la peinture traditionnelle et ses outils et matériaux : châssis, peinture, toile etc. Il découpe, colle, teint, utilise planches, tôles, grillages ou carrés de toile trempés dans la peinture (série de peintures Les Palissades et Les Portails).
1973 — Série de peintures Les Échelles : bandes orthogonales imprégnées, collées, cousues.
1974 — Série de peintures Les Palissades : toiles monumentales de construction architecturale.
Puis Pincemin se détourne des débats politico-artistiques de Supports/Surfaces et regarde vers l’expressionisme abstrait et le minimalisme américain. Il s’intéresse à la matérialité de la peinture, aux traces des procédés techniques. Il retrouve avec joie pinceaux et châssis et réalise des peintures à grandes bandes verticales dans lesquelles il allie chromatisme sophistiqué et rigueur de la construction.
1978-79 — Découverte de la pratique de la gravure qui influence celle de la peinture.
Il s’installe à Authon-la-Plaine, dans l’Essonne.
1981-1987 — Il est professeur à l’École des beaux-arts de Poitiers. Série de peintures Les Pleureuses. Reconnaissance internationale.
1986 — Série de peintures L’Année de l’Inde, apparition de figures colorées sur la toile. Puis des figures végétales et animales apparaissent dans ses gravures.
1987 — Il devient professeur à l’École des beaux-arts d’Angers. Commandes publiques : ministère des Finances, Tour de la Lanterne à La Rochelle, stade Charléty.
1987-88 — Série des Demoiselles d’Avignon, sculptures en plaquettes de bois peint récupéré, sur armature en métal.
1988-89 — Il s’installe à Sens, au Moulin du Roy.
1992 — Sculptures en mousse et pâte à modeler.
1994 — Série de peintures La Dérive des continents.
1995-1996 — Séries de peintures Chasse au tigre, Chasse à l’ours, Saint Georges terrassant le dragon.
1998 — Série de peintures Les Amants séparés : petites toiles d’inspiration extrême-orientale. Design : tables, sièges, céramique. Il est ambassadeur de l’Association française de l’action artistique à l’étranger.
2001 — Il s’installe à Arcueil, en banlieue parisienne.
2002 — Série de peintures Arbres de la connaissance et Arbres au tombeau.
2003 — Il débute la série des dernières peintures abstraites, retour à une nouvelle abstraction.
2005 — Jean-Pierre Pincemin meurt subitement dans son atelier à Arcueil.
(1) Jean-Pierrre Pincemin Dérive des continents, 1994, Jean-Marc Huitorel (2) Jean-Pierre Pincemin, Gravures 1971-1997, Musée de la Cohue Somogy
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Vernissage Samedi 19 novembre 2022 15:00 → 19:00
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous