Jean-Yves Jouannais — Encyclopédie des guerres — Département des jeux et distractions

Exposition

Installations, techniques mixtes

Jean-Yves Jouannais
Encyclopédie des guerres — Département des jeux et distractions

Passé : 7 novembre → 1 décembre 2018

Jean yves jouannais galerie vallois paris exposition encyclopedie guerres 14 1 grid Jean-Yves Jouannais — Galerie G.-P. & N. Vallois La galerie G.P. & N. Vallois présente jusqu'au 1er décembre une exposition consacrée au projet de L'Encyclopédie des guerres de Jean-Yves Jouannais. Un travail titanesque qui l'a mené à abandonner ses précédentes activités pour se consacrer uniquement à ce terrible sujet au long d'une recherche ponctuée de conférences régulières au Centre Pompidou, dont on fêtait la centième le 15 novembre dernier.

Entretien entre Éric Mangion et Jean-Yves Jouannais

Éric Mangion : Avant d’entamer ce travail sur l’Encyclopédie des Guerres tu étais critique d’art , commissaire d ’exposition et écrivain. Tu as abandonné au moins les deux premières « fonctions » pour te consacrer, à quarante ans, à ce nouveau projet. Tu en parles d’ailleurs comme le projet du « reste de ta vie ». Comment travailles-tu au quotidien pour mener à bien cette recherche dans le temps ? Comment constitue-t-on une encyclopédie ?

Jean-Yves Jouannais : Je ne sais pas trop comment cette occupation s’est imposée dans ma vie, surtout comment elle y a pris tant d’ampleur, jusqu’à tout absorber. Je crois saisir que la plupart des stimuli, des sources, sont des objets littéraires, et non des modèles rencontrés dans le champ de l’art. Je citerais comme rouages essentiels de l’Encyclopédie des guerres, l’influence du Bouvard et Pécuchet de Flaubert, de la Recherche du temps perdu de Proust, du Tristram Shandy de Laurence Sterne — où il est d’ailleurs beaucoup question de l’art des fortifications et de poliorcétique —, ou d’un livre capital à mes yeux, que tu m’as d’ailleurs fait découvrir, qui est De la destruction comme élément de l’histoire naturelle de Sebald.

Quant aux références à l’histoire de l’art, je dois tout de même signaler deux parcours significatifs qui, s’ils n’ont pas constitué des impulsions, m’ont néanmoins rassuré et encouragé en cours de route. Je pense à Marcel Broodthaers et à Roman Opalka.

C’est en 1963, à l’âge de quarante ans, que Broodthaers coule des exemplaires de son dernier recueil de poèmes dans du plâtre et les expose comme sculpture.
Je pourrais reprendre à mon compte les phrases devenues fameuses que l’on pouvait lire sur le carton de sa première exposition à Bruxelles en avril 1964 : « Moi aussi, je me suis demandé si je ne pouvais pas vendre quelque chose et réussir dans la vie. Cela fait un moment déjà que je ne suis bon à rien. Je suis âgé de quarante ans.» C’est en 1968 qu’il se nomme « Conservateur du Musée d’Art Moderne département des aigles ».

Or, l’Encyclopédie des guerres, influencée autant par Broodthaers que par la passion nourrie par la Société Perpendiculaire pour ce que nous appelions l’art tertiaire, s’est développée au gré d’un organigramme tout aussi stalinien que pataphysique : « Encyclopédie des guerres, département des héritages » ; « Bureau de conversion d’une bibliothèque de non-guerre en bibliothèque de guerre » ; « Archives des images manquantes » ; « Sous commission des travaux d’enfants en polémologie », où il s’agit essentiellement, pour le moment, de réunir l’ensemble des dessins et coloriages de mes enfants sur le thème des uniformes et des armes ; « Cabinet des cartes et atlas », et enfin l’exposition évolutive « Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort » qui constitue un département à part entière de l’entreprise.

Quant à Roman Opalka, c’est un jour de 1965, dans un café à Varsovie, tandis qu’il attendait sa femme en retard, qu’il eut l’idée de matérialiser le temps avec sa peinture. Le tableau comme un retard, selon les indications de la Boîte verte de Duchamp, pour témoigner d’un autre. Moi aussi, j’ai toujours eu l’impression d’avoir attendu dans un café.

Attendu une excitation, une appétence, quelque chose d’une vocation, d’un appel. Mais rien, jamais, n’est venu. Alors l’Encyclopédie des guerres, qui est une collection, une litanie, un feuilleton, un décompte, s’avère une activité qui, si elle ne répond pas à cette attente, est en revanche une modalité de cette attente, l’une de ses formes possibles, aujourd’hui pour moi la plus acceptable, non pas la plus confortable, mais la plus excitante et la plus gratifiante. »

Extrait de l’entretien entre Éric Mangion et Jean-Yves Jouannais publié à l’occasion de l’exposition Comment se faire raconter les guerres par un grand-père mort à la Villa Arson, Nice, 2014.

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