Joël Besse — Bleu

Exposition

Installations

Joël Besse
Bleu

Passé : 19 → 26 mai 2012

Suspendre le temps… Au commencement, pour Joël Besse, il y a ces plis et replis, souvent complexes et presque toujours géométriques, qui animent de petites bandes ou carrés de papier comme pour les éveiller à eux-mêmes. La couleur, posée selon le cas avant ou après pliages, participe à l’aventure. Naissent ainsi, de cette matière souple et pourtant si rebelle sous les doigts de l’artiste, de bien étranges objets. On pourrait y voir des maquettes miniatures de sculptures ; mais pour Joël Besse ce ne sont que des « modules », les éléments simples dont il a besoin pour construire son tableau et qu’il lui faut d’abord produire à l’identique et en grande série.

C’est dire que la répétition des mêmes gestes et schèmes plastiques est au principe du travail de l’artiste et en porte le sens. Elle n’est en rien ici un procédé d’atelier, encore moins le signe de l’abandon à une esthétique à la mode. Elle a sa raison d’être dans ce que Kandinsky appelle la « nécessité intérieure ». Tel module, parmi bien d’autres inventés puis rejetés, sera répété parce qu’un secret tremblement de la sensibilité aura averti l’artiste de l’impossibilité de trouver à ce module un équivalent. La démarche s’appuie sur l’idée que seul ce qui est ressenti comme unique doit être légitimement et nécessairement voué à la répétition. C’est ce que montre depuis toujours la grande poésie lyrique pour laquelle chaque terme irremplaçable ne peut être que répété. Joël Besse s’inscrit dans cette tradition qui fait du cœur l’organe amoureux de la répétition. C’est un lyrique, mais un lyrique visuel et tactile. Le module qui a été retenu tire sa singularité inéchangeable d’émotions indicibles qui, nées d’un savoir un instant entrevu, se sont logées à tout jamais dans le creux de ses plis. On comprend que l’artiste ne puisse que vouloir reproduire ce module en série. Une première fois ne suffit pas. En présence de cette forme ailée toute frémissante encore d’un vécu qui ne peut à rien se comparer, la répétition est la seule réponse capable de maintenir dans l’être ce vécu singulier enclos dans son symbole. Mais, ce faisant, elle ne se contente pas d’ajouter une seconde et une troisième fois à la première. Elle élève le premier module de la série à la « nième » puissance, lui donnant, ainsi qu’à son contenu insondable, l’aura du sacré. Sous ce rapport, la répétition se renverse. Elle n’est plus simple sommation. Elle devient actualisation sans fin dans la série (du moins en théorie) du potentiel inépuisable que possède le module initial. C’est celui-ci, maintenant, qui répète à l’avance tous ceux qui vont suivre. On est donc pleinement dans l’ordre de la commémoration religieuse, où ce ne sont pas les rites qui répètent l’évènement fondateur, mais ce dernier qui, dès l’origine, les répète. Aussi,comme un rite toujours recommencé, les modules déployés en longue série dans l’atelier relèvent-ils, avec la vérité qui brûle en eux, d’un temps immobile, celui de l’origine et de l‘éternel retour du même. L’artiste le sait, qui en vient souvent à parler de la répétition comme d’un moment d’éternité où l’esprit peut enfin rentrer en possession de lui-même.

Fernand Fournier, Paris Novembre 2007 26 mai 2012 (extrait)
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