Julie Béna — Destiny
Exposition
Julie Béna
Destiny
Passé : 5 février → 28 mars 2015
La première impression est celle du cadre d’une entreprise. Transparence et réflexion du verre, froideur et âpreté de l’inox brossé, néons de lumière du jour, moquette retenant le son. Everything means something and something has occured, everything means something and the meaning can’t be blurred. Des titres de pièces tels que Destiny, Opportunity, Flexibility, une déclaration ou une philosophie, des termes instables aux connotations évidentes.
Destiny inclut des formes de seconde main, Destiny est une fabrication citationnelle. Mais leur reconnaissance est troublée, non par une mauvaise contrefaçon, mais par un certain basculement.
Des éléments fonctionnels de design de bureau ou d’espace public intérieur sont traités comme composants d’un collage digital. Arbitrairement combinés, sélectionnés, copiées-collés, coupés, multipliés.
Pas d’enjeux concernant leur fonctionnalité, leur coût ou leur méthode de production. Le résultat est impeccable sur le plan de la structure et de la surface, mais semble irréel. Une maquette à échelle 1 ou un prototype parfait, qui aurait perdu son caractère usuel et avec cela sa propre matérialité. L’objet devient une image matérialisée. On ne se sert pas de, mais on voit, on sent. These feelings I am feeling.
Mais le trouble installé détourne toute tentative de saisir, de catégoriser ou de percevoir intégralement cet objet. Il est d’une certaine manière recouvert, réattribué, inscrit.
La planéité des étiquettes vinyle transfert encore un autre couche, un autre calque à l’image, comme un graffiti venant souligner la surface. Langage et symboles ainsi que d’autres formes, matérialisés ou en différents états de représentation, flottent en apesanteur, émergeant du flux des signifiants. La dimension de réalité de l’objet est aussi altérée par ses perforations physiques. Des trous, symboles d’inexistence ou de parts manquantes inconnues. Mais aussi de la nécessité d’insérer. Recadrer, découper, déplacer, sélectionner, effacer. Opérations mentales, matérielles et virtuelles. Chose en soi, forme abstraite mais toujours contenue dans une chaîne de signification. Vide mais jamais vidé de son sens.
Le constant revirement du familier à l’inconnu génère une forme de réalité parallèle, voire même d’utopie. Un état similaire à un rêve vraisemblable ou un état de conscience altérée, réel en apparence mais dont le détail nous mène vers quelque chose d’incompréhensible. Les discours frivoles ou profonds des personnages en animation, des objets, évoquent quelque chose, mais demeurent étrangers.
Les perturbations ne se manifestent pas seulement au niveau de la fonction ou du cadre que certaines formes associent, mais aussi au niveau temporel. Avec la disparition et l’émergence se révèle le motif de l’obsolescence. Selon que l’on se réfère à une chose pour ses qualités fonctionnelles ou formelles, dans les deux cas, l’obsolescence nous fait perdre sa signification, comme un usage disparu. C’est dans ce secret et cette incertitude que la chose finalement nous parle, réclamant son propre espace d’existence. Ou c’est peut-être la perte de mon propre sujet, face à une chose qui réclame une existence non-déterminée par sa fonction.
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Vernissage Mercredi 4 février 2015 18:00 → 21:00
Horaires
Tous les jours sauf le dimanche de 14h à 18h30
et sur rendez-vous. Entrée libre.