Justin Williams — The Autumn Fall
Exposition
Justin Williams
The Autumn Fall
Dans 3 jours : 22 novembre → 24 décembre 2025
Entrer dans la peinture de Justin Williams, c’est franchir le seuil d’un univers en marge, un territoire suspendu entre mythe et mémoire, où s’éprouvent les liens humains et la tendresse. Sa peinture renvoie l’écho d’un temps ancien, où l’on fumait la pipe, montait à cheval, portait barbe et bretelles.
D’une qualité graphique très mate, ses peintures nous entrainent loin des images rétroéclairées de nos quotidiens. Le ponçage de la couche picturale met à nu le grain du pigment et confère aux toiles l’allure d’un mur antique, presque a fresco. Sa palette décline des teintes naturelles, plutôt terreuses — bruns, ocres, verts, pourpres — éclairés ici ou là de bleus et de jaunes.
Le dessin, affranchi de toute mesure, joue avec les simplifications : un corps très grand figure un adulte, un tout petit celui d’un enfant. Par ses proportions schématiques et son langage instinctif, l’œuvre se tient tout près de l’art brut. Brut aussi par les sujets : croyances, anecdotes, coïncidences invisibles, porté par une vérité des émotions. On y sent la sincérité nue d’un autodidacte, qui se livre dans une autofiction d’une candeur presque naïve.
Et pourtant, Justin Williams n’est pas un artiste outsider. Ses cadrages et ses jeux de mises en abyme cultivent une réelle sophistication. Disséminés sur la toile, les détails vernaculaires, les symboles implicites et les costumes, fonctionnent comme des marqueurs de goût, déjouant la fausse naïveté apparente. À la manière de Matisse, le peintre s’autorise de libres ponctuations décoratives, posées ici ou là telles des distractions, suspendant la scène à leurs énigmes.
Sa peinture raconte des histoires, ou plutôt les inspire, tant elle condense un climat, une ambiance qui enclenche la machine à récits. L’accent est mis sur la communauté, la famille, les modes de vie. On croit aisément au fait que l’artiste a grandi au milieu de la nature, dans les vastes étendues des Dandenong Ranges, à Victoria, en Australie. La géographie de Justin Williams est celle des routes migratoires. Ses grands-parents ont quitté Alexandrie, en Égypte, pour l’autre bout du monde, l’Australie. Ces racines se devinent par exemple dans la petite image avec le chameau, accrochée au mur de Mother’s ashes sat in a porcelain jar with a decorative bird on it (2025). Aujourd’hui installé sur la Sunshine Coast, au nord de Brisbane, Justin Williams peint les exils et les retrouvailles, les familles dispersées par les distances ou, au contraire, les communautés resserrées par l’isolement. Sa géographie est celle du déracinement, son temps celui des légendes familiales.
Dans sa série récente, The Autumn Fall, l’artiste se fait plus portraitiste que dans les précédentes où plusieurs personnages formaient une scène. Ne demeure qu’une figure, parfois deux. Elles architecturent le tableau, le tiennent, autant qu’elles lui servent de prétexte. Moins intéressé par les traits de leurs visages que par la relation à leur contexte, Justin Williams campe ses personnages en extérieur ou en intérieur, où ils se confondent avec le paysage ou le foyer qui les accueille. Situé à la juste distance, entre récits personnels et universels, l’artiste rend avec délicatesse la fragilité de la condition humaine. Et cela suffit à qualifier sa peinture d’humaniste.
Depuis son atelier perché dans la montagne, il peint les mystères des zones sylvestres et montagneuses, sculpte des atmosphères pittoresques ou folkloriques. Ses peintures reflètent le caractère du lieu où il vit et célèbrent les beautés de la nature. Ses toiles sont des refuges, elles décrivent un monde clos et rassurant.
Né en 1984 en Australie, Justin Williams a vu ses œuvres voyager : Sydney, Paris, Los Angeles, Londres, New York. Ses toiles habitent les plus belles collections privées, de la Beth Rudin DeWoody Collection à celle d’agnès b., et pourtant, derrière cette reconnaissance, Justin Williams demeure d’une humilité désarmante : « I’m not good at painting. I’ve just become obsessed with it, and now I’m too old to stop1. »
1 Esquire, février 2025
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
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Justin Williams