Katharina Grosse — Déplacer les étoiles
Exposition
Katharina Grosse
Déplacer les étoiles
Encore 3 mois : 1 juin 2024 → 24 février 2025
Katharina Grosse — Galerie Max Hetzler La galerie Max Hetzler présente pour la première fois dans son espace parisien l’oeuvre de Katharina Grosse (1961), peintre majeure... CritiqueCet été, le Centre Pompidou-Metz met à l’honneur Katharina Grosse avec l’exposition monographique intitulée Déplacer les étoiles. Ce projet d’ampleur présente une œuvre spectaculaire dans la Grande Nef : un immense drapé peint, s’étendant sur 8 250 m², qui se déploie jusqu’au Parvis en nuées de couleurs. L’installation The Bedroom est également mise en avant dans le Forum, où Katharina Grosse explore la nature archétypale du lit, à travers une narration visuelle de thèmes universels. « Mon lit a été la première chose que j’ai peinte à la bombe ; ensuite, d’autres éléments se sont accumulés, introduisant une structure narrative tout en questionnant des thèmes majeurs. Le lit est en effet une pièce totalement archétypale — tout le monde sait ce que c’est, ce qui se passe quand on se couche, quand on rêve. Pour ce travail, j’ai identifié une situation élémentaire très spécifique que nous connaissons et partageons tous1 . » En 2004, Katharina Grosse transforme radicalement sa chambre à Düsseldorf avec de la peinture à l’aérosol, couvrant lit, sol, murs et objets, dans une installation qui marque un tournant dans sa carrière vers des dimensions nouvelles. Cette œuvre, réactivée pour le Forum du Centre Pompidou-Metz, crée un dialogue entre l’intimité du lit et la monumentalité de l’architecture.
Depuis plus de trente ans, l’artiste utilise la technique du vaporisateur pour créer des peintures immersives. Inspirée par les fresques de la Renaissance lors d’un séjour à Florence, elle intègre l’architecture dans son art, conduisant à un tournant tridimensionnel dans sa démarche. Ses œuvres in situ, jouant avec les murs, angles et saillies, le sol et le plafond visent à embrasser et contester l’architecture, générant des tensions surprenantes.
Les installations de Katharina Grosse s’intègrent toujours au paysage qui les accueille, et sa création pour la Grande Nef ne fait pas exception. Dans la partie inférieure de la galerie, une incursion végétale de frênes et de charmes s’opère, avec des troncs et des souches enveloppés dans une toile immaculée. Ce décor introduit l’exposition comme un pont entre l’être humain et le végétal, préparant le terrain pour une immersion totale. Au cœur de la Grande Nef, un espace majestueux s’élevant à plus de 20 mètres, l’artiste réinvente une installation conçue à l’origine pour le Carriageworks à Sydney. Ici, 8 250 m² de tissu sont suspendus au plafond, formant d’énormes nœuds qui transforment l’espace en un gigantesque drapé. Cette œuvre invite les visiteurs à une expérience unique : traverser physiquement la peinture. Des ouvertures dans cette toile permettent d’entrer dans un sanctuaire aux murs ondoyants, de s’immerger dans un monde de couleur et de mouvement.
Des éclats de couleurs vifs rencontrent des halos diffus, révélant à travers les plis du tissu une blancheur éclatante. L’effet déroutant de cette œuvre, à la fois puissante et surprenante, est profond. Elle devient tour à tour un refuge intime et un décor de théâtre — rappelant que la Grande Nef a accueilli Parade, le rideau de scène de Picasso, en 2012 —, invitant les spectateurs à participer activement.
L’exposition vise à condenser les émotions et stimuler un désir de changement. La peinture de Katharina Grosse mêle espace artistique et urbain, se répandant du cœur du musée jusqu’au parvis. « De cette expérience positive ou négative, mon intention est que nous développions le désir d’initier un changement ».
Commissariat : Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz