Kirill Ukolov — Exposition N°1

Exposition

Installations, sculpture, techniques mixtes

Kirill Ukolov
Exposition N°1

Passé : 31 janvier → 16 mars 2013

A travers son travail, Kirill Ukolov interroge le rapport qu’une œuvre, généralement sculpturale, entretient avec l’espace architectural ou urbain qui l’accueille, mais aussi comment le spectateur interagit de façon à la modifier ou l’enrichir. Jalonnée d’accidents contrôlés et de contraintes fixées par l’artiste lui-même, sa production est éminemment contextuelle.

Par accident

Entretien avec Kirill Ukolov Par Isabelle Giovacchini

Peux-tu te présenter ?
Kirill Ukolov Je suis né à Moscou, en Russie, où j’ai vécu jusqu’à 25 ans. A l’époque j’étais designer-graphiste. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Toulouse en 2010, j’ai emménagé à Paris il y a un an.

Tu emploies le terme « d’accident contrôlé » pour qualifier ta manière de travailler. Est-ce une façon de mettre en avant la notion de contrainte ?
Le point de départ pour moi est souvent le contexte de l’intervention, autant plastique que significatif. La première intention peut être formelle, mais la forme dégage un sens qui, à son tour, influence la forme. Donc, en travaillant sur un projet, j’essaie d’accorder tous ses composants, ou toutes les contraintes, pour trouver un protocole de production. Le protocole, en même temps, est au service de la forme recherchée et, si je ne suis pas satisfait du résultat, je modifie le protocole. Je peux choisir parmi les matériaux et les techniques disponibles, trouver une logique, une justification de mes choix et, au final, les formes obtenues seront cristallisées par plusieurs facteurs, dont ma volonté subjective n’est pas le plus important. Je respecte le matériau et je me sers des contraintes pour préciser le projet.

Est-ce pour cela que tu travailles avec des moyens souvent réduits, et que tu utilises des matériaux simples et usuels ?
Ce qui m’intéresse c’est la poésie de l’ordinaire, du banal. L’enjeu est de faire quelque chose avec pas grand-chose. Le choix des matériaux vient de là. De l’autre coté, si on fait du volume, on travaille tout naturellement avec les matériaux et les techniques de construction ou de bricolage, selon l’échelle. Le but est de provoquer des sensations plutôt que de fabriquer des pièces bien faites. La pièce peut être très bien et, à la fois, très mal faite.

Est-ce que cela donne à ton œuvre une dimension expérimentale ?
La quête de nouveauté n’est pas ma préoccupation principale. Je ne regarde pas obligatoirement en avant, mais plutôt autour de moi. La plupart de temps je sais où je veux arriver, me basant sur mon expérience antérieure. Le coté expérimental se manifeste surtout dans le fait que, souvent, j’ignore jusqu’au tout dernier moment si je vais réussir la pièce, si elle va fonctionner, si je vais arriver à la faire tout simplement.

Certaines de tes œuvres doivent êtres activées par le regardeur (Sans titre — portes, Sans titre — niveau). Peut-on donc dire qu’elles sont collaboratives ?
Je pense que toutes les œuvres, y compris la Joconde, sont collaboratives. Ce n’est pas l’objet qui compte, mais sont impact sur le spectateur. Les deux installations dont tu parles étaient basées sur l’absence de l’objet, de l’œuvre. Une sorte de couloir plein de portes dans tous les sens ou un plan gris sur lequel rien n’est posé — c’était juste une extension de la salle d’exposition, mais il paraît que ça avait de l’impact. Il y a quelques mois, j’ai fait une pièce vraiment collaborative, participative même. J’ai acheté un vélo et je l’ai attaché au centre-ville avec du scotch, beaucoup de scotch transparent. Ça avait un aspect très organique, comme un cocon d’un insecte ou la bave d’une limace géante. En même temps c’était un vélo flambant neuf attaché juste avec du scotch. Au-delà du côté formel, c’est l’absurdité du geste qui m’intéressait. La bicyclette a disparu le lendemain et, si ce n’était pas arrivé, j’aurais été déçu. C’était le sens de la pièce — mettre beaucoup d’efforts pour fixer les choses tout en sachant que c’est impossible.

A l’opposé, ta pièce Paradis, composée de feuilles de papiers vierges disposées au sol, n’existe plus dès que le premier visiteur y laisse une trace de pas. Comment fais-tu vivre ces pièces qui ne semblent pas pouvoir supporter la trace humaine ?
C’est aussi une pièce collaborative, mais elle est inexposable. Elle existe une seconde, après il reste une photo prise au préalable et l’image mentale d’un espace auquel on ne peut accéder sans le détruire.

Pourquoi ton travail est-il souvent intimement lié à l’architecture des lieux que tu investis ?
Peut-être parce que les particularités du lieu me suffisent pour commencer à réfléchir. Avec le temps, je commence à accumuler des idées que je n’ai pas réalisé tout de suite et, si une bonne occasion se présente, je réalise un projet qui me tient à cœur. Dans le cas où le travail ne commence pas de la page blanche, le lien avec le lieu d’exposition est moins évident. Et c’est peut-être tant mieux.

Qu’advient-il des pièces, souvent spécifiquement construites pour un lieu, une fois tes expositions démontées ?
Elles sont détruites.

Quels sont tes projets ?
Par bonheur, les projets s’enchainent. Je présente à l’Espace 9 cube une nouvelle pièce qui s’appelle Haut les cœurs. Ce projet a été conçu pour le lieu, en rapport avec le contexte de la mairie. C’est une suite de notre collaboration avec Nathalie Viot qui est la commissaire de l’exposition. Une édition consacrée à mon travail, une sorte de catalogue, est en train d’être finalisée aux Éditions Particules. Sa sortie est prévue mi-février.

  • Vernissage Jeudi 31 janvier 2013 à 18:00
Baraudou Schriqui Galerie Galerie
Plan Plan
11 Bastille Zoom in 11 Bastille Zoom out

62, rue Saint-Sabin

75011 Paris

T. 09 53 47 41 62

www.galeriebaraudou.com

Richard-Lenoir
Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous

L’artiste

  • Kirill Ukolov