La Grande Invasion — Les zapatistes en Europe — le virus de la résistance et de la rébellion

Exposition

Peinture, photographie, techniques mixtes

La Grande Invasion
Les zapatistes en Europe — le virus de la résistance et de la rébellion

Passé : 6 juin → 18 juillet 2021

À l’annonce de la venue des zapatistes en Europe nous avons spontanément voulu témoigner notre solidarité pour leur combat et poursuivre notre engagement auprès de leur communauté. L’opportunité que nous avions de pouvoir en faire profiter des étudiant.e.s de l’Université Paris 8 nous a semblé tout aussi naturel qu’enthousiasmant. Cette exposition, à l’instar de celle que nous avions consacrée aux zapatistes en 2018 et celle des zadistes de Notre-Dame-des-Landes, s’insère légitimement dans la programmation de la galerie. Notre espoir premier sera de pouvoir recevoir des zapatistes de la délégation au sein de la galerie pour apprendre de leur combat et de leur force de vie. La construction d’une grande table-patchwork par les étudiants de Paris 8, et des assises qui l’accompagnent, symbolise la diversité et les différences qui nous constituent et notre capacité à formuler des réponses avec les moyens du bord. Ce qui compte avant tout ce n’est donc pas la valeur esthétique d’une réalisation mais l’implication des participants à faire corps avec une cause pour en comprendre les tenants et aboutissants. Novices dans la construction de mobilier, les étudiants de l’université des départements arts plastiques et photographie auront fait preuve d’une ardeur peu commune à édifier cet ensemble. Ravi.e.s de nous retrouver après de longs mois à suivre un enseignement à distance nous avons eu aussi le plaisir d’œuvrer collectivement afin de réserver un accueil digne et chaleureux à nos ami.e.s du Chiapas.

Lutter pour voir émerger « un monde pouvant contenir d’autres mondes ».

Loin d’une vision globalisante et impérialiste de l’univers, le mouvement zapatiste se bat pour instaurer un Plurivers : un univers qui englobe la multitude de récits et d’expériences sur Terre. Le mouvement façonne alors des imaginaires, et les concrétisent par l’action, les luttes et les combats. Au jour le jour, les zapatistes ont rendu possible une justice pour le vivant, revendiquant le droit à la vie et le droit au territoire. Car celui-ci est la matrice de la vie et c’est en lui que se rencontrent les gestes, les usages et les imaginaires, la communauté, le collectif et le groupe.

Ainsi dès 1911, Emiliano Zapata s’insurgeait contre la spoliation et le rapt des terres par l’état mexicain plongeant les indigènes, essentiellement paysans, dans la misère. Au début des années 90, les zapatistes se mobilisent à leur tour contre cinq cent ans de colonisation par les Espagnols et de leur pratique esclavagiste, sans oublier les interventions françaises au XIXe siècle, et plus tardivement, par l’impérialisme américain fer de lance du capitalisme mondialisé.

Le capitalisme, le néo-libéralisme puis l’impérialisme étouffent les peuples et les cultures indigènes, tout comme les minorités de genre et de race. Pour affirmer le droit à la différence, iels fondaient l’EZLN, l’armée zapatiste de libération nationale. Ainsi le 1er Janvier 1994 dans les profondeurs de la forêt Lacandone, iels scandaient ‘Ya Basta !’ : les zapatistes déclarent la guerre à l’armée mexicaine, les armes sous le bras et coiffé.e.s de passe-montagne.

Si les zapatistes ont tenté.e.s d’instaurer un dialogue avec les pouvoirs législatifs et exécutifs, il s’est achevé par un échec : les autorités mexicaines n’ont cessé de trahir les accords de San Andres signés en 1996 devant assurer des droits et la reconnaissance de la culture indigène. C’est donc avec la société civile que les zapatistes s’organisent en communes libres et autonomes dont les caracoles (escargot) en sont le symbole.

En ce mois de juin débute le voyage zapatiste, ou devrait-on dire, l’invasion des zapatistes en Europe. Première fois qu’iels sortent de leur territoire depuis qu’iels se sont réapproprié.e.s leurs terres en 1994. À l’image de la spirale que dessine la coquille de l’escargot, le virus zapatiste se propage de caracoles en caracoles, de communes en villes, de villes en régions, du pays à la planète, du bas vers le haut.

À notre tour de les accueillir autour d’une grande table et de quelques assises réalisées avec très peu de moyens. Cette exposition est aussi le fruit d’un atelier organisé par Dominique Mathieu avec des étudiant.e.s de Paris 8. Pendant une semaine les étudiant.e.s ont occupé la Station Gare des Mines afin de penser et construire ensemble des éléments scénographiques à même d’accueillir les zapatistes et leur lutte. Nous voilà ainsi prêt.e.s à recevoir la délégation pour présenter leurs luttes, leurs travaux artistiques et penser un futur commun.

Margaux Hopkins, étudiante en Master 1 à l’Université Paris 8 — Vincennes / Saint-Denis parcours EDAM (Écologie des arts et des médias) & Salle Principale, 2021
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la galerie remercie Rocío Martinez, Jérôme Baschet, Florence Bonnefous / Air de Paris, Bruno Serralongue et toute l’équipe de La Station — Gare des mines

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28, rue de Thionville

75019 Paris

T. 33 9 72 30 98 70

www.salleprincipale.com

Crimée
Ourcq

Horaires

Du mercredi au vendredi de 14h à 19h
Les samedis de 11h à 19h

L’artiste

  • Zapatistes