Emanuel Proweller — Le vif du sujet
Exposition
Emanuel Proweller
Le vif du sujet
Passé : 4 septembre → 9 octobre 2021
Varsovie-Paris : un aller simple pour Emanuel Proweller, mon père, arrivé gare de l’Est, apatride sans bagages avec femme et enfant. La guerre lui a confisqué sa jeunesse, volé son identité, réduit en cendres son monde et sa famille. […] Dépassant d’innombrables obstacles, il explique « la vitalité est faite de telle sorte que tu épouses la couleur du sol tout de suite. » […]
Quand Proweller peint, il convie tous ses sens à chanter « La couleur des saisons », il ne cesse d’exprimer sa gratitude envers la vie. Pas d’art sans spiritualité. Il peint comme on prie. Chaque coup de pinceau célèbre sa croyance inébranlable en l’Humanité. Que ce soit sous forme abstraite ou par la figure, tout objet pictural, même le plus modeste, mérite d’être magnifié, poussé jusqu’au symbole. Bouteille, moulin à café, bougeoir, etc. forment sa Mythologie Quotidienne personnelle avant la lettre. La couleur est son credo alors que ses contemporains sonnent le glas de la peinture et montent des installations.
[…] Au sortir de l’enfer de la Shoah, Proweller a retrouvé une place de sujet et cessé d’être objet de persécution. Cependant, c’est en peignant qu’il gagne à ses yeux sa légitimité de survivant, impose ce « Je » qui fait l’action, sujet du verbe peindre. « Moi, Proweller, peintre ». Le sujet, c’est d’abord lui.
Il prône aussi le droit au sujet pictural. En 1948, tout juste réfugié de Pologne, il peint le « Bâton de Moïse ». Dénommée « la Canne » au moment de sa première exposition chez Colette Allendy, cette canne le guidera comme sa foi humaniste, à travers d’arides traversées du désert pour l’amener jusqu’à sa véritable Terre promise : une nouvelle fi guration.
[…] Proweller a réchappé du noir et blanc. Chez lui, le « point noir » au bout de la ligne a ouvert la voie à la figure et à la couleur au-delà de l’abstrait géométrique. Ainsi parvient-il à ré-humaniser le monde.
[…] Peintre mort, il bénéficie d’une vie supplémentaire et continue d’exister par son œuvre qui n’a pas pris une ride. Peinte au siècle dernier, il parle toujours et de plus en plus aux hommes et femmes d’aujourd’hui. A chaque rétrospective ou exposition, il surprend par sa vitalité, sa fraîcheur, son actualité. Et ce miracle éclate une fois de plus avec bonheur aux murs de la galerie G-P & N Vallois.
Lorsque [Emanuel Proweller] terminait une toile debout devant son chevalet, il ne la déclarait terminée qu’en murmurant : « Elle respire. »
Elisabeth Brami-Proweller, extraits du catalogue publié aux Éditions Courtes et Longues à l’occasion de l’exposition.
Horaires
Tous les jours sauf le dimanche de 10h à 17h
L’artiste
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Emanuel Proweller