Le Vingtième Prix de la fondation d’entreprise Ricard
Exposition
Le Vingtième Prix de la fondation d’entreprise Ricard
Passé : 11 septembre → 27 octobre 2018
Prix Ricard 2018 — Fondation d’entreprise Ricard La fondation Ricard accueille jusqu’au 27 octobre, à l'occasion de son vingtième Prix, une exposition paradoxale qui, immanquablement, fait et fera penser.Une proposition de Neïl Beloufa
« Depuis 20 ans déjà, le Prix de la Fondation d’entreprise Ricard affirme et participe à la construction de la scène française, de ses structures, ses hiérarchies, ses méthodes et ses formes. Il légitime année après année des pratiques d’artistes, de commissaires et d’institutions tout en se contrariant mélodiquement quand il invite des artistes à commissarier et des commissaires à artistiquer.
Si, plus largement, les jeux de passage de flambeau et d’usurpation de rôles entre auteurs, acteurs, commentateurs, décors, lieux dédiés ou non, dedans et dehors, avec et sans, ensemble, seuls et contraints, neufs et d’occasion, libérés ou non pouvaient faire sujet, il semble aujourd’hui que ces décloisonnements systémiques soient entrés dans les canons de la conception d’une exposition.
Alors si tout a été dit et contredit, les instances de validation restent légitimes tout en ne représentant plus un enjeu pour les artistes. Des pratiques artistiques émergent qui n’entrent ni dans le calibrage à tout prix, ni dans des formats d’opposition. L’engagement est complet, nonchalant plus que vindicatif. L’indéfinition assumée de ces productions ne se pose pas comme une revendication. Elle recentre des propositions sur ce que cette introduction évite d’évoquer dans un paradoxe filé : l’Art et son expérimentation.
L’exposition Le Vingtième Prix de la Fondation d’entreprise Ricard tente à la fois de respecter les modalités de son existence et de rendre compte de ce mouvement dont les acteurs principaux ne se soucient pas.
Joyeux anniversaire et merci. »
N.
Sont nommés : Meriem Bennani, Ludovic Boulard Le Fur, Has been, hélas (une exposition de Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu et Victor Vaysse de l’atelier Le Marquis), Anne Le Troter, Lucile Littot, Liv Schulman, South Way Studio (un projet d’Emmanuelle Luciani et Charlotte Cosson, avec Giovanni Copelli, Andrew Humke, Gérard Traquandi et Bella Hunt & DDC), Victor Yudaev
Meriem Bennani est née en 1988 à Rabat (Maroc) ; vit et travaille à New York (États-Unis). Elle a étudié à The Cooper Union, New York et à l’ENSAD, Paris. Elle est représentée par la galerie SIGNAL, New York
Meriem Bennani recourt à la vidéo pour réinstruire les sujets simples et rarement abordés comme l’amour, les modes vestimentaires et le fantasme des pop stars. Du registre documentaire au scénario de téléréalité, elle emmène ses pièces vers un néo-maniérisme édulcoré d’effets vidéo et d’installations en relief. Cette surenchère affectueuse confère au quotidien la puissance des opéras les plus grandiloquents, même si nous ne sommes jamais allés à l’opéra.
Ludovic Boulard Le Fur est né en 1981 à Paris ; vit et travaille à Mouleydier. Il a étudié à l’ENSBA, Paris et à la School of Art and Design, Canberra (Australie).
Ludovic Boulard Le Fur est l’auteur d’une production continue qui l’a mené, de série en série, de l’illustration à l’estampe, au bois gravé, à la sculpture, et plus récemment à la peinture à l’huile. Dans des compositions qui relèvent de l’informe, l’image se construit en distinguant des regards, des visages, des créatures. L’ouvrage se prolonge quotidiennement sur des formats modestes et standards. La recherche d’un mode de représentation tend à devenir le sujet de ses images. Un déploiement panoramique de sa production nous en raconte l’évolution avec douceur.
Has been, hélas
Camille Besson est né en 1990 à Nîmes. Il a étudié à la HEAD, Genève (Suisse)
Raphaël Rossi est né en 1988 à Dijon. Il a étudié à l’ESAD de Reims
Maxime Testu est né en 1990 à Rouen. Il a étudié à l’ENSBA de Lyon et à la HEAD, Genève.
Victor Vaysse est né en 1989 à Paris. Il a étudié à l’ENSBA de Paris et au Fresnoy, Tourcoing.
Ils vivent et travaillent à Paris et en Seine-Saint-Denis
Has been, hélas est un accrochage de quatre artistes qui travaillent à l’Île-Saint-Denis dans l’atelier Le Marquis et exposent régulièrement ensemble. Cet espace de travail partagé implique une circulation d’idées, de contraintes et d’outils ; il conditionne une dynamique collective en même temps qu’il encourage étonnamment l’autonomie des pratiques sculpturales de Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu et Victor Vaysse. Leur énergie échappe à nos outils habituels pour définir le collectif et l’individu.
Anne Le Troter est née en 1985 à Saint-Etienne ; vit et travaille à Paris. Elle a étudié à la HEAD, Genève et à l’ESAD, Saint-Étienne.
Anne Le Troter prend pour matière principale la parole et ses formatages protocolaires. Elle amplifie dans la langue, par la poésie sonore, l’installation, le théâtre et l’écriture, les mouvements contraires des normes collectives et de l’expression individuelle. Ses pièces sont à la conjonction de situations corporatives, domestiques et affectives et les étirent jusqu’à l’abstraction, dans un espace d’exposition, un livre, un SoundCloud ou pourquoi pas chez les gens.
Lucile Littot est née en 1985 à Paris où elle vit et travaille. Elle a étudié à l’École d’arts de Rueil-Malmaison et à l’École des beaux-arts de Marseille. Elle est représentée par la New Galerie, Paris.
Lucile Littot tente d’animer, dans ses porcelaines, ses peintures, ses vidéos et ses performances, des archétypes qui sont des motifs autobiographiques en même temps que des poncifs de l’histoire du cinéma. Ils se développent dans un système d’équivalence généralisée entre réalité et fiction, entre époques et entre registres de l’art. En résultent dans son œuvre les scénarios d’une décadence nonchalante et macabre sous influence rococo. Son positionnement sans mise à distance nous a déroutés.
Liv Schulman observe la manière dont les sociétés contemporaines procèdent à l’aliénation des individus et des groupes sociaux. Les discours qui sont au cœur de ses pièces traitent de la place la subjectivité au sein de l’espace politique, de la difficulté à lui donner crédit. Ainsi donne-t-elle à voir une vraie télénovela à la télévision aussi bien que dans un musée. Elle nous fait adhérer à ses thèses en même temps qu’elle les saborde. Dans l’incrédule croyance de sa production, créer implique de faire l’expérience directe d’un milieu, d’un système, d’un sujet.
South Way Studio
Emmanuelle Luciani et Charlotte Cosson vivent et travaillent à Marseille.
South Way Studio est un projet global générant des œuvres d’art, des expositions, des textes publiés dans la revue CODE South Way et une résidence de production à Marseille. Il a été initié par les historiennes de l’art et commissaires d’exposition Emmanuelle Luciani et Charlotte Cosson. Ici, travaux théoriques et artistiques se contaminent réciproquement. Les chercheuses commissionnent, les commissaires assistent techniquement les artistes, les artistes théorisent et produisent. En résultent des expositions sous forme de prospection historique, où chacun des intervenants a participé à un objet qui échappe à toute réduction.
Victor Yudaev est né en 1984 à Moscou (Russie) ; vit en France. Il a étudié à KABK, La Haye (Pays-Bas) et à l’ENSBA, Lyon.
Victor Yudaev, en sculpteur scénographe de ses propres sculptures, donne à voir des œuvres en même temps que la conception de personnages, de leurs costumes, de leur silhouette même. Il insinue des micro-narrations qui les impliquent et des méta-anecdotes sur leur élaboration. En volume, en photographie ou à l’écrit, il collectionne des bribes de l’existant et les recompose dans la bulle semi-opaque de son propre lexique. Dans son univers anachronique, chaque élément nous fait croire à sa vie propre.
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Nocturne les mercredis
Visites commentées le mercredi à 12h et le samedi à 12h et 16h
Tarifs
Accès libre
Les artistes
- Lucile Littot
-
Neïl Beloufa