L’état du ciel — Première partie

Exposition

Film, installations, techniques mixtes, vidéo

L’état du ciel
Première partie

Passé : 14 février → 7 septembre 2014

L’Etat du Ciel témoigne de l’attention portée par des artistes, des poètes, des philosophes aux circonstances physiques, morales et politiques de notre monde. Cette saison, qui permet en un semestre de découvrir plus d’une dizaine de propositions ou d’expositions sur ce thème, répond à la sentence que formula André Breton à propos de Giorgio de Chirico :

« L’artiste, cette sentinelle sur la route à perte de vue des qui-vive. »

En effet, depuis Goya au moins, l’art moderne ou contemporain porte une attention active à l’état du réel. Craintes, alertes, propositions, révoltes, utopies : souvent les artistes, pour transformer le présent, dressent le paysage de nos inquiétudes et parfois avancent les solutions poétiques pour répondre aux circonstances.

En se penchant sur le monde comme on se penche sur les images, l’aujourd’hui n’est plus un bloc de destin mais une surface en mutation qui, en l’exprimant, peut être modifiée.

Ces constats donnent naissance à de nouvelles formes d’expositions qu’une fois encore ce mot ne suffit plus à définir. Ainsi, la transposition du thème de la lamentation dans le langage du cinéma, inspirée de l’Atlas Mnémosyne d’Aby Warburg par Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger, ou la présentation d’œuvres des collections immatérielles du Centre national des arts plastiques, ou la réflexion sur la chute, du mur de Berlin aux Twin Towers, proposée par Gérard Wajcman et Marie de Brugerolle, ou encore l’immense installation Flamme éternelle de Thomas Hirschhorn consacrée aux relations entre art et philosophie, qui sera activée par la présence de près de 200 intellectuels et poètes qui viendront débattre de la façon dont ces relations peuvent modifier notre conscience.

Ajoutons les dix fictions conçues par Hiroshi Sugimoto sur le thème de la disparition de l’humanité, ou l’exploration scrupuleuse par Angelika Markul des catastrophes de Tchernobyl et Fukushima, ou encore les hybridations virales corps-machines conçues par David Douard et les variations digitales d’Ed Atkins. Ce sont à chaque fois les symptômes d’un état général du monde qui articulent contemplation et action.

L’état du Ciel — titre inspiré du Promontoire du songe de Victor Hugo dans lequel celui-ci écrit : « L’état normal du ciel, c’est la nuit » concerne bien le temps qu’il fait, un temps politique, un temps où voir est déjà une manière d’agir.

Nouvelles histoires de fantômes

Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger, en collaboration avec Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains.

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Harun Farocki, Transmission, 2007 © Harun Farocki

Nouvelles histoires de fantômes est une installation bouleversante conçue par Georges Didi-Huberman et Arno Gisinger d’après le légendaire Atlas Mnémosyne de l’historien de l’art du début du XXe siècle Aby Warburg. Ce qui en résulte n’est sans doute pas une exposition, n’est sans doute pas une œuvre au sens traditionnel, mais, en une forme qui n’existait pas, la présentation d’une méditation incomparable sur la façon dont la photographie et le cinéma ont prolongé à leur tour les chefs d’œuvre des artistes anciens qui témoignent de ce que nous sommes. Cela fait plus de trente ans que Georges Didi-Huberman a entrepris une réflexion méthodique sur l’art, et son travail, dont l’œuvre entière interroge l’histoire, a approfondi notre relation psychique et éthique aux images. Avec l’artiste Arno Gisinger, ils présentent au Palais de Tokyo une nouvelle évolution de la spectaculaire installation qu’ils conçurent au Fresnoy en 2012 et qui invite le visiteur à une plongée au cœur des scènes qui hantent notre regard.

Mo’swallow
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David Douard, 4NIMORPH5 (yeerks/in/yeerk), Vue de l’exposition Entretemps, Brusquement et ensuite, 12ème Biennale de Lyon, 2013 © Blaise Adilon

David Douard est sans doute une des révélations les plus troublantes de ces dernières années. Son œuvre plonge sauvagement dans les références les plus contradictoires : poésie, histoire des sciences, technologie, animisme, contreculture, et s’exprime par des travaux qui combinent vidéos, sculptures, collages, sons, dessins et chefs-d’œuvre du passé greffés sur des installations interactives pour construire des récits allégoriques qui témoignent des relations infectieuses qui se nouent entre des mondes qui s’espéraient imperméables les uns aux autres. Transformant l’exposition en une rumeur, David Douard propose pour sa première monographie d’envergure de s’insinuer dans les « maladies du réel ». Composée d’œuvres virales générées par un texte-matrice, l’exposition aborde les glissements et fractures lentes qui hantent nos consciences et deviennent des sculptures hybrides, des scripts mutants ou des images qui échappent à tout contrôle.

Terre de départ

Angelika Markul, Laureate du Prix Sam pour l’art contemporain 2012.

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Angelika Markul, Bambi à Tchernobyl, Vue d’installation, Muzeum Sztuki, Łódź (Pologne), 2013 Courtesy Galerie Suzanne Tarasieve, Paris et Galeria Leto, Varsovie. Photo : Bartosz Górka

Angelika Markul croise les forces de la nature et les bouleversements provoqués par l’action des hommes pour réfléchir sur le destin de l’humanité. Vidéos, sculptures et environnements forment des paysages qui alternent entre zone de recueillement et zone de turbulence. L’artiste nous entraîne au plus profond de nous-mêmes et fait résonner les préoccupations écologiques et les questionnements immémoriaux, la fascination technologique et la contemplation de l’immense nature. Un jeu de force puissant se joue entre les mains de l’artiste, qui convoque les spectres de nombreuses catastrophes (qu’elles soient naturelles ou industrielles). Le visiteur arpente l’exposition comme un scénario complexe où chaque œuvre est l’occasion d’un saisissement, un retournement de mémoire :

« Je reconstitue une mémoire en associant de véritables souvenirs avec d’autres images, celles que je rencontre, que je filme. Mon rapport à la mémoire vient de mon obsession pour la mort et de mon histoire. »

Des choses en moins, des choses en plus

Une exposition inédite autour des collections immatérielles du Centre National des Arts Plastiques.

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Didier Faustino, Opus Incertum, 2009 MDF peint — 182 × 112 × 120 cm Courtesy of the artist

Le Centre national des arts plastiques rassemble depuis plusieurs années une collection remarquable consacrée aux créations souvent immatérielles qui s’élaborent autour de la notion trop imprécise de « performance ». Une sélection de cet ensemble peu connu est présentée pour la première fois au Palais de Tokyo et complétée par l’invitation faite à de nombreux artistes. Sébastien Faucon et Agnès Violeau, commissaires de l’exposition, présentent ainsi leur intention : « Élaborée autour des collections protocolaires et relationnelles du Centre national des arts plastiques (CNAP), Des choses en moins, des choses en plus aborde l’écriture de l’exposition et sa grammaire via le prisme de l’art vivant. » L’exposition tend à reformuler l’exercice du spectacle proposant une nouvelle approche de l’exposition plus subjective, comportementale et loin de l’effet pour « renouer l’art avec l’existence ordinaire et collective ».

16 Trocadéro Zoom in 16 Trocadéro Zoom out

13, av. du Président Wilson

75016 Paris

T. 01 81 97 35 88

www.palaisdetokyo.com

Alma – Marceau
Boissière
Iéna

Horaires

Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit
Fermé le mardi

Tarifs

Plein tarif 12 € — Tarif réduit 9 €

Gratuité pour les visiteurs de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux…

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