Luigi Mainolfi

Exposition

Sculpture

Luigi Mainolfi

Passé : 15 mars → 7 mai 2018

« L’artiste que je crains le plus est la Nature » a dit, il y a des années, Luigi Mainolfi. Et en effet, on ne peut rivaliser avec la Nature sur son propre terrain. Pour devenir des artistes véritablement créatifs, nul besoin de chercher à l’imiter, à la défier face à face comme dans la fable de La Fontaine La Grenouille et le Bœuf : nous risquerions d’enfler, d’éclater et de disparaitre d’une bien ridicule façon. Plus Nature nous fascine — par son énergie primordiale, par son organicité palpitante, par l’infinie variété de ses composants, de ses formes de ses couleurs, par son calme incommensurable ou sa violence implacable, — plus il faut la réinventer en regardant tout droit aux sources de l’imaginaire.

Pour Mainolfi, l’essence profonde, primale, animiste de la Nature, dans la perspective de l’expérience humaine, est encore liée aux territoires qui sont enracinés dans une dimension spatio-temporelle de l’enchantement fantasmatique aliénant : une dimension développée par l’homme pour exorciser ses peurs de l’inexplicable et donner un visage et des significations aux merveilles troublantes du monde, dans lequel il est inexorablement immergé.

C’est précisément en puisant dans cet extraordinaire vivier de suggestions que Mainolfi, depuis la fin des années 70, a fondé les hypothèses fondamentales de son langage en le chargeant de nouvelles énergies et tensions plastiques. Redécouvrant une attitude figurative qui semblait désormais sans lendemain, il a su mettre en jeu, avec une incroyable fraîcheur formelle, des matériaux classiques tels que la terre cuite, la pierre et le bronze considérés pourtant comme épuisés du point de vue du potentiel expressif. Il a ainsi réussi à organiser un court-circuit esthétique et culturel original — postmoderne mais sans rien d’appropriationniste — entre les échos mythiques, ancestraux et l’expérimentation, toujours recommencée, de la sensibilité contemporaine.

Dès le début, ses œuvres ont quitté leurs socles pour vivre librement dans l’environnement : elles s’installent et prolifèrent sur les sols et les murs, se développant comme des organismes biomorphiques fantastiques et poussent à la manière des stalagmites, des colonnes ou des piliers, même jusqu’au plafond ; elles se concrétionnent sur des tables ; se dilatent comme des sphères et s’étendent comme des paysages sur les cimaises.

Sa sculpture apparaît comme la narration d’un monde fabuleux animé par des créatures et des personnages joyeusement monstrueux (orques, orchidées, éléphants, faunes, pseudo-gazelles etc.) ; des paysages oniriques, des arbres, des volcans et des montagnes ; des planètes, des villes en prolifération, d’étranges objets, de cloches, clochettes ou coquillages…

A bien des égards, nous pouvons considérer l’ensemble de l’œuvre de l’artiste comme une grande expression organique unitaire bigarrée qui croît sans interruption ; s’articulant et se diversifiant à l’envi, à travers un processus métamorphique continu qui prend forme dans les matériaux les plus divers, de la terre cuite au bronze, de la pierre au bois, du cuivre au fer. Les formes, empreintes d’archaïsme et de fantastique, références à des légendes et contes populaires qui s’enfoncent dans la nuit des temps, semblent naître et se concrétiser de manière quasi spontanée, auto-génératrice, loin de l’immutabilité de chaque modèle existant.

Pour Mainolfi, “la sculpture naît, se dilate, enfle et s’agite : elle veut devenir une vague, un vent, un volcan, quelque chose d’animé”. Et il est vrai que ce sont des formes qui s’élèvent et se définissent grâce à une tension interne nourrie d’une vitalité originelle transmise à la matière par l’action formatrice mise en place par l’artiste. Voilà donc la qualité originelle de son travail : avoir acquis que la question de la forme, comprise dans son essence la plus authentique, est radicalement opposée au formalisme, géométrique ou figuratif, préconçu et culturellement figé. En ce sens, la production artistique peut redevenir un processus d’interrogation de la matière, un effort créatif où le contenu n’est pas opposé à la forme, mais où il en devient le sens profond, intrinsèque à la spécificité des configurations émergentes. L’œuvre se ressent comme une physicalité formée, caractérisée par une vie autonome, qui procède selon des lois (règles, rythmes, équilibres, tensions, etc.) que l’artefact lui-même met en évidence lors de sa réalisation.

La poussée interne qui donne naissance aux formes comme des volumes plastiques globaux et le développement de textures qui déterminent la pulsation vivante des surfaces, c’est-à-dire la peau des sculptures, sont, l’un comme l’autre, essentiels. L’œuvre existe, de ce point de vue, à la fois par l’expressivité primaire des matériaux utilisés (rugosité naturelle de l’argile malléable, et les effets de couleurs vives des inserts peints, le charme de l’oxydation du métal), et à la fois par les incisions et les juxtapositions dans lesquelles s’élaborent motifs figuratifs ou séquences décoratives minérales, végétales ou animales. C’est là précisément l’idée de la sculpture en tant qu’organisme vivant, chargé d’énergie imaginative vibrante, qui suppose une attention privilégiée et sensuelle à la surface de sa peau. Au point que Mainolfi en soit venu à souligner, dans une partie significative de son œuvre, presque exclusivement cet aspect, créant des bas-reliefs avec un degré d’épaisseur minimum et uniforme, présentés comme des panneaux ronds ou rectangulaires dans lesquels tout se résout au niveau de la couche supérieure.

Pourtant, même si la frontière avec l’art du peintre est parfois ténue, le travail de Mainolfi ne peut y être comparé.

L’œil évolue sur des surfaces aux différents types de modelés : des peaux de serpent, aux textures en écailles de métal ; des rangées d’empreintes aux profils de maisons où prolifèrent de petits cratères ; des étendues biomorphiques doucement ponctuées par d’innombrables mamelons germant sur des feuilles de tabac ; jusqu’à des variations de dunes et de poudres aux substrats terreux prédominants.

Si toutefois la terre cuite, avec son expression de couleur primaire, reste dominante en tant que matériau de base et matériau de modélisation, la couleur, d’un raffinement extrême, est tout aussi importante : les surfaces et les reliefs sont partiellement vitalisés ou même complètement recouverts par les éclairages rouges, par l’obscurité diaphane des noirs, par les suggestions naturalistes des verts et des bleus de diverses nuances.

Toutes ces configurations nous apparaissent comme des paysages magiques d’une nature imaginaire : ce sont des microcosmes plastiques pleins de suggestions surprenantes, dans lesquelles on peut voyager avec l’imagination sans jamais épuiser le rôle de la fascination esthétique.

Ainsi Mainolfi devient-il un sculpteur absolu.

Francesco Poli
  • Vernissage Jeudi 15 mars 2018 18:00 → 21:00
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15, rue du Louvre

75001 Paris

T. 09 84 43 87 34

www.galerieitalienne.com

Châtelet
Etienne Marcel
Louvre – Rivoli
Palais Royal – Musée du Louvre
Sentier

Horaires

Du mardi au vendredi de 10h à 19h
Les samedis de 11h à 19h

L’artiste

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