Marcel Duchamp — Porte-bouteilles

Exposition

Dessin, edition, sculpture

Marcel Duchamp
Porte-bouteilles

Passé : 20 octobre 2016 → 14 janvier 2017

La Galerie Thaddaeus Ropac annonce l’exposition de l’une des sculptures les plus emblématiques du XXème siècle, le Porte-bouteilles de Marcel Duchamp. Il s’agit de l’œuvre la plus importante de l’artiste présentée sur le marché de l’art depuis de nombreuses années.

Articulée autour du Porte-bouteilles de Marcel Duchamp de 1959, date à laquelle l’œuvre est acquise par Robert Rauschenberg pour intégrer sa collection personnelle, l’exposition ouvrira dans la galerie du Marais le 20 octobre prochain et coïncidera avec le 100ème anniversaire du terme readymade utilisé pour la première fois par l’artiste dans une lettre adressée à sa sœur Suzanne en janvier 1916.

Cette œuvre est demeurée dans la collection personnelle de Rauschenberg puis dans celle de la Fondation jusqu’à ce jour. La Fondation Robert Rauschenberg indique que « son conseil d’administration a pris la décision stratégique de vendre cette œuvre afin de créer un fonds de dotation. Le fait d’avoir un portefeuille plus diversifié — composé à la fois de placements financiers et d’œuvres d’art —  nous permet de nous concentrer sur notre mission principale, et dans l’année à venir, de lancer des projets de recherche pour notre Catalogue Raisonné — un projet clé pour la fondation. » La Fondation a confié à la Galerie Thaddaeus Ropac le soin de placer le Porte-bouteilles au sein d’une institution publique afin que l’œuvre demeure accessible au public et aux chercheurs.

Considéré comme le premier readymade de Duchamp, le Porte-bouteilles a permis à l’artiste d’amorcer la transition d’un « art rétinien » vers une approche plus conceptuelle de l’art. Comme l’écrivait André Breton en 1938 dans son Dictionnaire abrégé du surréalisme, un readymade est un objet ordinaire promu à la dignité d’un objet d’art par le simple choix de l’artiste. »

La première occurrence du terme readymade remonte à 1916, dans une lettre adressée par l’artiste depuis New York à sa sœur Suzanne restée à Paris dans laquelle il lui demande de récupérer un sèche-bouteilles acheté en 1914 au Grand Bazar de l’Hôtel de Ville et remisé depuis lors dans son studio. L’histoire est connue : Marcel enjoint à sa sœur d’écrire une inscription sur l’objet puis de le signer mais sa requête n’est pas suivie d’effets et l’œuvre demeure au stade du concept.

Après avoir quitté l’Europe pour s’installer aux États-Unis en 1915, Duchamp devient une figure majeure de la scène artistique new-yorkaise, influençant de nombreux collectionneurs, conservateurs et surtout une nouvelle génération d’artistes. Rauschenberg se lie d’amitié avec lui après l’avoir rencontré à la Stable Gallery en 1953. Entre le printemps 1957 et l’automne 1958, Jasper Johns et Rauschenberg visitent le Philadelphia Museum of Art pour voir son exceptionnelle collection Duchamp. Il n’est donc pas surprenant que l’inventeur du readymade voit en eux ses héritiers naturels lorsqu’il déclare au magazine Time six ans plus tard: « L’expressionnisme abstrait n’était absolument pas intellectuel à mon sens. Il est resté sous le joug de la rétine; je ne vois pas de matière grise là-dedans. Jasper Johns, l’un des plus clairvoyants, et Rauschenberg valent beaucoup mieux que cela car en plus de leur facilité à peindre, ils sont intelligents. »

En 1959, les deux artistes participent ensemble à une exposition collective intitulée Art and the Found Object au Time-Life Reception Center de New York. Duchamp décide d’y exposer son Porte-bouteilles et demande à Man Ray s’il peut emprunter la version de 1935-1936 qui se trouve dans la collection du photographe. Celle-ci ayant été perdue, il encourage son ami à en acquérir un autre exemplaire au Grand Bazar de l’Hôtel de Ville et à l’expédier à New York pour l’exposition. L’objet est ensuite acquis par Rauschenberg pour sa propre collection.

Peu après l’avoir acquise, Rauschenberg prête la sculpture au MoMA de New York pour l’exposition séminale The Art of Assemblage (1961), qui voyagea ensuite au Dallas Museum for Contemporary Arts et au San Francisco Museum of Art. Depuis lors, l’œuvre a été montrée dans des institutions aussi importantes que le Ludwig Museum de Cologne, la Menil Collection de Houston, le Reina Sofia Museum de Madrid et le Philadelphia Museum of Art.

Une sélection de travaux de l’artiste ainsi que des documents d’archive liés à ce readymade précurseur accompagneront l’exposition du Porte-bouteilles. Un dessin offert à Rauschenberg par Duchamp après un symposium au MoMA en 1960 sera notamment présenté aux côtés d’une édition de La Boîte Verte (La Mariée mise à nue par ses célibataires, même) (1934) et de La Boîte-en-Valise (1964) incluant des reprographies originales du Porte-bouteilles. Une lettre manuscrite de Rauschenberg décrivant son acquisition ainsi que le dessin technique de l’objet réalisé par un ingénieur sous le contrôle de l’artiste pour la production de répliques en 1964 viendront compléter la compréhension de l’œuvre.

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Un catalogue illustré avec des contributions inédites de Cécile Debray, conservateur en charge des collections modernes au Musée national d’art moderne / Centre Pompidou à Paris, et de Paul B. Franklin, spécialiste de Marcel Duchamp et rédacteur en chef de la revue Étant donné Marcel Duchamp, sera publié à l’occasion de l’exposition.

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