Marie Orensanz — in volution
Exposition
Marie Orensanz
in volution
Passé : 6 septembre → 27 octobre 2012
dessin, scultures, installation
Marie Orensanz, plasticienne franco-argentine née en 1936, est l’une des figures incontournables de la scène artistique sud américaine de ces 40 dernières années. Son œuvre fait partie de nombreuses collections internationales. Et à l’occasion de son exposition personnelle à la School Gallery en janvier / février 2009, elle est aussi entrée dans celles du MNAM / Centre Pompidou.
Le monde et l’âme s’emmêlent dans des plissements et des replis éternels. Et de ce serpent sans fin, de ce labyrinthe inexhaustible, Marie Orensanz en extrait des moments, des parcelles. Sur des blocs de marbre de Carrare ou sur des feuilles de papier, elle trouve entre les veines et les vides de la matière, un espace pour se glisser, pour écrire, pour penser.
Le marbre et le papier. Il existe entre eux, malgré leur apparente distance, des points d’appui, des points d’accord. Tout deux portent la noblesse, la résistance, le poids de l’art ou la finesse de l’esprit et cette si grande fragilité aussi. Car il arrive que les pages se froissent, brûlent ou se déchirent et que les pierres se brisent, tombent, se fissurent. Alors, Marie Orensanz leur confie des choses. Des choses de la vie, les petites et puis les plus grandes. Elle invente sur leur peau des paysages à la frontière du sensible et du concept. Elle inscrit sur leur corps, des fragments de conscience, marque des points d’inflexion, des ouvertures et des bifurcations, des inachèvements et des phrases en suspens où seuls quelques mots, parfois, imposent leur sève. Les messages de Marie sont des lieux de rencontre, des rendez-vous. Ils ressemblent à une géométrie affective dans laquelle on trouve, des flèches, des virgules, des lignes parallèles ou en pointillées, des tangentes, des repos, des virages, des croix, des chiffres et quelques fois des taches de couleurs, des fleurs vénéneuses, de minuscules voitures brisées en deux et de tout petits hommes, à pied ou à vélo. Ça parle d’amour, du temps qui passe, du temps qui vient, des routes que l’on prend pour se perdre, des désordres, des révoltes et de toutes les circulations. Ça parle de courage, de violence, d’accidents et de liberté. Ça parle de transformation, d’incertitude et de fraternité. Ça parle de la nature, du respect, de la mémoire. Ça dit le mouvement et les grandes questions du monde. Ça s’intéresse aux gens, au vivant.
Avec sa sémiotique imaginaire, pleine de signes et de pictogrammes, Marie Orensanz construit des chemins de traverse, des raccourcis vers l’esprit, vers le cœur. Et toute son œuvre ressemble à une cartographie de points de vue mobiles et de perspectives libres. Elle esquisse, à la manière d’un architecte du sensible, des plans poétiques et des concepts à emporter. Elle dessine des formules à l’allure mathématique qui intègrent les inconnues et les espaces vierges, secrets. Marie montre des aperçus, des extraits d’âme dont la narration est emmêlée d’absences, d’errances et d’agitation soudaine.
Sur les feuilles de papiers, elle crée des collines, des hasards, des embuches. Elle met du relief, des rondeurs, des cimes. Et le voyage se fait dans les pliures, formelles et intérieures. Et on passe dedans pour aller contre l’idée d’une immobilité définitive et d’une conclusion programmée. Marie Orensanz enveloppe dans ses territoires, d’autres territoires, des accès, des impasses, des sens, propres et figurés. Dans ses œuvres, la vie passe comme une expédition qui semble ne finir jamais, la route où l’on va droit s’égarant toujours.
Et puisque l’horizon fixe plusieurs directions, avec ses morceaux de marbre, elle dresse une jungle laiteuse, une ville qui s’allonge dans la hauteur. Nerveuse, brillante et hystérique. Et de ces gratte-ciels nacrés et polis, on entend encore le bruit d’une pensée : défier le crépuscule en écrivant comme une caresse sur la pierre, un dialogue avec la vie et les hommes.
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
L’artiste
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Marie Orensanz