Martine Damas — Peintures

Exposition

Peinture

Martine Damas
Peintures

Passé : 17 novembre → 22 décembre 2012

Considérer la possibilité que la peinture ne serait pas, par essence ou par principe, assujettie à l’idée du plan, du tableau ou de la paroi, a conduit Martine Damas à imaginer qu’il était possible de peindre en trois dimensions : la patiente accumulation de couches successives de couleur, diluées par un liant susceptible de durcir en séchant (de la terre ensuite fixée par la chaleur) permettent d’obtenir un objet, véritable morceau de peinture détaché du support qui a accueilli les premiers gestes du pinceau.

En déplaçant la question de la peinture vers la troisième dimension, l’objet ainsi produit génère aussitôt des perspectives inattendues: le rapport de l’avant et de l’arrière, du devant et du derrière, du haut et du bas, de l’intérieur et de l’extérieur, de l’ombre et de la lumière, s’organisent selon des contingences inopinées. Les couleurs se développent en trois dimensions. Le volume se creuse depuis le fond, ici réellement profond, jusqu’à la tranche qui sépare, et à la fois réunit les couleurs. Les aplats se tordent en s’enroulant. L’instabilité suggérée par un apparent déséquilibre de l’assiette propose l’image d’un mouvement interrompu, tandis que les systèmes de référence s’emboîtent en désordre : la tradition abstraite, la géométrie dans l’espace, le modèle de la vaisselle, de la nature décorative de toute forme, les conventions de la fonction et de l’usage. La question du geste et de la façon. Du support et de la surface. De l’ironie et du sérieux. Du contenant et du contenu, comme sujet de la peinture. La possibilité de l’illusion ensuite, dans une continuité impossible de part et d’autre du même bord, ou dans le sentiment de pouvoir voir à travers l’épaisseur de la matière. Et encore la sensation de percevoir la troisième couleur comme un bandeau extérieur au volume apparent de l’objet défini par les deux premiers anneaux. La générosité de la couleur surtout, susceptible de se déployer sans contrainte, de devenir volume, sinon de paraître s’affranchir de la matière qui la porte.

De la même manière, quand elle se proposa de réaliser des œuvres sur papier, Martine Damas a aussitôt considéré la feuille de papier comme un objet, deux surfaces séparées par une infime épaisseur, plutôt que comme un espace où inscrire quelque dessin. Dans la série des «csur papier platsc», où le recto et le verso d’une même feuille de papier sont recouverts de peinture, Martine Damas entend réunir ces deux aplats de couleur, disjoints, étrangers l’un à l’autre, seulement séparés par l’épaisseur de la feuille. Le geste le plus simple, le plus immédiat, est alors de froisser la feuille, de la plier, de la rabattre ou de la tordre pour que les deux couleurs se rejoignent, subitement rassemblées dans le même plan. La papier est devenu un matériau, susceptible de donner une substance à la couleur, une matière dont la manipulation conduit à oblitérer sa qualité initiale: l’espace immatériel, et vide, de sa blancheur. Le papier n’est plus le support d’une image, il est devenu le corps de la couleur, la condition de sa présence. La circonstance de son expérience. Des formes y apparaissent, des tracés, le plaisir de contours, de lignes ou de rondeurs, sans raison. Des figures, sans fonction de représentation ou d’expressivité, détachées. Des couleurs surtout, affranchies de toute autre contingence que leur simultanéité.

Pierre Patrolin
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L’artiste

  • Martine Damas