Meet my Mum
Exposition
Meet my Mum
Passé : 28 octobre → 19 décembre 2015
Elles aiment les mères, elles adorent. Elles vous prennent dans leurs bras. Elles vous serrent, elles vous enlacent. Vous êtes un roi, une reine. Vous êtes le plus beau, la plus belle. Elles donnent des conseils, les mères. Elles font la morale, décident, tranchent. Elles vous emmerdent. Elles vous font pleurer de rire et puis de rage. Elles vous regardent vivre, grandir, devenir. Elles sont fières, elles sont folles. Elles vous protègent, elles vous sapent, elles vous étouffent, elles vous angoissent. Elles vous aident, elles vous jugent, elles vous écoutent. Elles piquent, elles envahissent. Elles se souviennent de tout. Et quand on les regarde, on sent encore l’enfant courir en nous. Et on n’en revient pas qu’elles vieillissent, nos mères. On n’en revient pas de voir derrière leurs rides, rougir la solitude et les sourires mentir. Non, on n’en revient pas de voir leurs corps soupirer, se plaindre et parfois pleurer dans leur coin. Car c’est inacceptable. Et c’est l’amour qui n’en finit pas. « Il n’y a pas de plus grand amour » que ça, écrivait Albert Cohen. Et Sacha Goldberger met en scène ce grand amour là.
À travers dix-sept tableaux photographiques, il nous projette dans une Amérique onirique des années 50, cinématographique, où le temps a oublié sa fuite. On se balade dans les toiles de Edward Hopper et dans un épisode des Mad Men. Des hommes et des femmes traversent des halls et des chambres d’hôtels, des salles d’attente, un bureau, une bibliothèque, un entrepôt, une cuisine, une salle de bain, la pelouse d’un jardin ou une piscine orpheline. Qu’ils lisent, qu’ils se douchent, qu’ils s’habillent, qu’ils travaillent ou qu’ils jouent une partie de croquet, ils semblent étrangers aux lieux, aux autres et au monde. Somnambules, paralysés. Il n’y a pas de sourire sur leur visage et dans leurs yeux s’emmêlent la mélancolie et un air de fatalité. Sont accrochées à leur dos leurs mères en chemise de nuit, en « imper », en tailleur Chanel. Parfois, c’est le père qui s’attache au cou de sa fille ou de son fils puisque les pères aussi sont des mères comme les autres. Leurs pieds ne touchent jamais la terre. Les parents flottent comme des ballons d’hélium que l’on retient par la main. Ils sont légers comme des plumes et ils pèsent des tonnes. Ils sont des présences secrètes que personne ne voit hormis ceux qui les regarde. Nous, en somme.
Sacha Goldberger photographie la solitude, l’infinie tendresse et le poids des liens de famille. Il photographie comme on réalise une séquence d’un film. Avec les cadrages, les décors, les lumières et les ombres, il dirige un récit, un scénario ouvert. Et c’est notre histoire qui se révèle ; et c’est soudain notre mère et c’est soudain notre père que l’on sent s’agripper à notre corps, notre existence, à nos souvenirs d’enfance. Si le temps emporte dans sa course les âmes seules, s’il fabrique les grandes dépendances, il ne peut rien contre l’amour qui n’en finit pas, contre ce grand amour là.
-
Vernissage Jeudi 29 octobre 2015 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
L’artiste
-
Sacha Goldberger