Métamorphose de l’ordinaire

Exposition

Sculpture

Métamorphose de l’ordinaire

Passé : 8 septembre → 21 octobre 2017

La galerie Les filles du calvaire présente « Métamorphose de l’ordinaire », une exposition collective réunissant les œuvres de Téo Bétin, Isabelle Ferreira, Loïc Pantaly, Zhuo Qi, Alexander Raczka, Matthieu Raffard & Linda Sanchez.

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Pour cette rentrée de septembre, sept artistes sculpteurs investissent en volume l’espace de la galerie. Tous métamorphosent les formes de l’ordinaire et interrogent le concept d’habileté, cette capacité virtuose à concevoir et bricoler. A leur manière, ils ont cherché à repenser notre art de vivre, avec ses sciences et ses traditions. Rien ne leur échappe : ils sondent pour transformer.

« Tout le monde sait que l’artiste tient à la fois du savant et du bricoleur : avec des moyens artisanaux, il confectionne un objet matériel qui est en même temps objet de connaissance ». La métaphore du bricolage de Lévi-Strauss situe l’œuvre sculpturale entre la connaissance scientifique et la pensée magique de l’artiste. L’exposition tente ici de rendre compte matériellement des arrangements qu’il est possible de faire avec notre culture, d’en revoir les formes. Cette révision s’opère tant sur le plan de la récupération des idées que sur celui de la revalorisation des matériaux.

Avec Le service de table chaleureux, la maitrise de la porcelaine et l’humour de Zhuo Qi nous invitent au festin, dans une reprise contemporaine et taquine des grandes tables d’apparat du XIXème siècle. En mettant en scène la tradition française et son art de la table, Zhuo Qi se saisit des codes pour les défaire tout en soignant l’élégance de la présentation. Les biscuits sont troqués contre des peluches noyées dans la porcelaine ; les couverts fondent et s’étalent sur le blanc émaillé des assiettes de Limoges.

Dans un jeu d’équilibre entre matières et formes, l’Athanor de Matthieu Raffard invoque la quête insensée, mais sérieuse, des alchimistes du XVIIème siècle. Quel remède peut-on espérer de cette machine où circulent les fluides ? L’installation, à la manière des fourneaux cosmiques originels, réactive avec ingénierie et poésie les tentatives d’antan : purifier et transformer.

Au côté des fours et alambics de Matthieu Raffard, la métamorphose des éléments s’opère également par le geste de Linda Sanchez. En naturaliste, elle emprunte et arrache la terre à son état originel pour en faire un Tissu de sable. Elle donne du drapé à la terre, et réduit la matière à une fine pellicule. L’alchimiste et la naturaliste font du rez-de-chaussée un nouveau laboratoire expérimental.

A l’étage, la Villa I de Téo Bétin, inspirée de la célèbre villa Tugendhat , étudie quant à elle notre mode d’habitat et son caractère mémoriel. La sculpture architecturée, presque habitable, évoque une cabane mais elle est avant tout une expérimentation plastique de l’espace. L’artiste, interrogeant l’interaction fonctionnaliste du dedans et du dehors, incruste au bois de la structure des photographies de paysages fixées sur verre.

Les Potentielle(s) de Loic Pantaly se déploient sur la longueur du mur et engendrent une succession d’effets mécaniques et parfois sonores. Là encore il est question d’un bricolage empirique où les composants de l’œuvre, souvent soustraits à des sculptures antérieures, s’associent en une machinerie aussi ingénieuse qu’absurde. Des apports de la pataphysique, Loic Pantaly retient le symbolisme et le non-sens, mais donne à l’ordre une importance considérable. Par le moteur et la technique, il tente de contrôler le hasard en le mettant en équation.

Les Armes & Outils d’Alexander Raczka ne rendent pas hommage à la violence guerrière de l’homme mais font l’éloge de son habile inventivité. L’œuvre se compose d’objets hétéroclites trouvés : les pièces d’aiguillage de chemin de fer, les lames, les spirales, les haches et pointes viennent se greffer au bout de cannes à pêche. Elles surgissent du mur, sectionnent l’espace et citent cette même métaphore du bricolage. En effet, c’est dans l’art de la guerre du Moyen Age qu’il faut chercher l’étymologie du mot bricole, désignant alors une catapulte. Les significations du verbe bricoler évolueront progressivement pour évoquer une tromperie, mais aussi l’idée d’une manœuvre détournée, avant de devenir cette activité individuelle du « faire ».

Isabelle Ferreira est passée maître dans l’appréciation et l’évaluation du potentiel des matériaux souvent jugés pauvres. C’est par le geste, au cœur même de sa pratique, qu’elle parvient à révéler cet intérêt caché. Ses Substractions synthétisent à merveille l’action du sculpteur et du peintre. Ces planches de bois, peintes à l’acrylique et sculptées par soustraction, établissent le langage d’une nouvelle matérialité. L’acte est bien radical mais tout en finesse mesurée.

« Quelle sculpture se renversera sur nous comme une jarre d’huile ? Quelle sculpture s’étalera sur ce parquet comme les cheveux que coupe le coiffeur ? Où sont vos sculptures transparentes comme des carafes ? »

A ces questions posées par Apollinaire en 1913, nos sept artistes répondent avec toute l’audace créative et l’inventivité que le poète pouvait espérer. Justement parce qu’eux-mêmes le sont, poètes.

La galerie Les filles du calvaire remercie les artistes, Pascaline Mulliez, la galerie Maubert, la Progress Gallery, et la galerie Nadine Feront.

Sébastien Borderie
  • Vernissage Jeudi 7 septembre 2017 18:00 → 21:00
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17, rue des Filles-du-calvaire

75003 Paris

T. 01 42 74 47 05 — F. 01 42 74 47 06

www.fillesducalvaire.com

Filles du Calvaire

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 18h30
La galerie est ouverte du 11 au 16 mai aux heures habituelles, puis à partir du 18 mai du jeudi au samedi de 11h à 18h30.

Les artistes