Miriam Cahn — Ma pensée sérielle
Exposition
Miriam Cahn
Ma pensée sérielle
Passé : 17 février → 14 mai 2023
Le point de vue de Slash :
Le Palais de Tokyo offre un terrain fabuleux à Miriam Cahn dont la peinture, pour maitrisée et forte qu’elle soit, n’est qu’un élément parmi d’autres porté aux pièces à conviction du procès qu’elle adresse au monde. Un tour de force qui brise les attendus pour ne pas céder à la séduction immédiate de cette esthétique aussi percutante qu’efficace. Ici, le mystère du procédé participe d’un choix qui met en regard des formes certes différentes mais sont la complémentarité tient à l’intensité du regard de Cahn. La scénographie, qui nivelle son dessin et sa photographie réussit à briser toute volonté de lui faire dire autre chose que l’absolue nécessité de toutes ses images et l’évidence frontale d’un art qui parle, hurle et gémit. Appuyant avec raison sur la dimension polymorphe d’un œuvre qui dépasse la simple mise en image pour révéler la crise profonde qui travaille toute création de l’artiste, Ma pensée sérielle offre une rétrospective à la hauteur de cet art qui se lit, évidemment, mais qui, pour l’artiste comme pour qui s’y confronte, se vit. G.B.
**
Miriam Cahn invente de nouvelles incarnations plastiques à ce qui nous dérange, à ce que l’on voudrait pouvoir zapper et qui pourtant nous fait face, nous regarde droit dans les yeux, dans un corps à corps auquel on ne peut échapper.
Jour après jour, au sein d’une œuvre picturale intense qui embrasse aussi le dessin, la photographie, les films, l’écriture, Miriam Cahn met sur pause le flux des images volatiles de l’actualité politique et s’en saisit pour témoigner, résister, incarner. Elle est aujourd’hui une des plus importantes artistes de la scène contemporaine.
L’exposition au Palais de Tokyo est la première grande rétrospective consacrée au travail de l’artiste dans une institution française. Elle réunit un ensemble de plus de deux cents œuvres de 1980 à nos jours. Miriam Cahn substitue à l’unicité de l’œuvre, un flux quasi organique d’images, organisées parfois comme dans un récit, en une écriture qui se refuse à toute linéarité au profit de clusters explosifs et d’échappées, autorisant une relecture des catégories de l’histoire de l’art. Ce qui relève du portrait, du paysage, de la peinture d’histoire, de l’intime, du collectif, se mêle pour composer une totalité organique. De nouveaux accords, des dissonances chromatiques ou spatiales apparaissent et viennent souligner combien l’enjeu de l’œuvre n’est pas la quête d’un équilibre mais l’incarnation plastique et spatiale des stridences et du chaos du monde. Les œuvres sont accrochées sans cadre, sans protection, comme des corps sans défense, dans un état de fragilité, de non fini, jonchant le sol.
Comme si l’artiste avait dû s’échapper de l’espace muséal trop balisé, partager l’état d’errance de ces corps déplacés, expulsés qui souvent quittent le centre de la toile, la centralité du mur, pour migrer vers ses extrémités. Il n’y a pas de chef-d’œuvre à magnifier, à mettre en valeur pour satisfaire la demande du marché. Il n’y a plus d’érection d’une quelconque monumentalité, pas de hiérarchie entre les œuvres. Les images combinées aux mots s’inscrivent dans un récit cyclique et infini, sans cesse rejoué, sur les pages des cahiers, à la surface des toiles, dans la prolifération des variations numériques qui défilent dans ses diaporamas.
« Une exposition est une œuvre en soi et je l’envisage comme une performance » Miriam Cahn
Horaires
Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit
Fermé le mardi
Tarifs
Plein tarif 12 € — Tarif réduit 9 €
Gratuité pour les visiteurs de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux…
Programme de ce lieu
L’artiste
-
Miriam Cahn