On Kawara — Date Paintings
Exposition
On Kawara
Date Paintings
Commence demain : 21 novembre 2024 → 11 janvier 2025
David Zwirner a le plaisir de présenter, quasiment simultanément dans ses galeries londonienne et parisienne, deux expositions de peintures de On Kawara (1932-2014). Pour la première fois depuis la disparition de l’artiste en 2014, et en collaboration avec la One Million Years Foundation — établie par l’artiste de son vivant pour veiller à la postérité de son œuvre et de sa démarche artistique –, ces expositions sont aussi une rare opportunité de revoir ou de découvrir deux séries de peintures de première importance.
Pendant plus d’un demi-siècle, On Kawara a développé une pratique artistique singulière et tout en nuances autour de la notion de temps, à la fois son écoulement chronologique et sa fonction de mesure de l’existence humaine. Figure centrale de l’art conceptuel, mouvement émergeant à New York au cours des années 1960, l’artiste a laissé une œuvre d’envergure structurée en séries distinctes qui, prises dans leur ensemble, livrent une profonde réflexion sur le temps et l’espace. À la fois spécifique et universel, rigoureux et vaste, le travail de On Kawara s’attache à explorer d’un même geste l’immensité comme la trivialité du vécu humain, tout en se prêtant à une multiplicité d’interprétations.
À Londres sont présentées vingt-quatre peintures issues d’une série emblématique, “Today” (ensemble connu sous le nom de “Date Paintings”). L’apparent dépouillement de chaque composition — la date du jour, peinte dans une police sans empâtement spécialement conçue par l’artiste sur un fond monochrome dans l’une des trois couleurs — procède en réalité d’une série de décisions calculées et choisies, d’un protocole strict qui, cependant, s’adapte à différents contextes. Adoptant l’un ou l’autre format parmi huit tailles standards, l’artiste peignait soigneusement la date du jour sur toile, à la main, mais détruisait l’œuvre s’il ne l’avait pas achevée avant minuit. On Kawara incluait aussi la préparation des couleurs dans son processus artistique, et veillait à emprunter la langue et la grammaire du pays où il se trouvait pour inscrire méticuleusement ses lettres blanches à la surface de chaque composition, recourant à l’espéranto lorsque la langue officielle du pays n’employait pas l’alphabet latin.
L’exposition londonienne constitue une sélection représentative de l’œuvre entière, avec des peintures allant de 1966 à 2012 (du tout début de la série “Today” jusqu’à peu avant sa conclusion), et notamment plusieurs œuvres de grand format, un diptyque exécuté à Mexico en avril 1968 et un tableau pour chaque année de la décennie 1970-1980. Cet ensemble met en lumière l’envergure formelle et conceptuelle de l’entreprise menée par l’artiste sur plusieurs décennies. La franche simplicité de la composition véhicule un message d’une grande profondeur, traitant non seulement du passage du temps mais aussi de la nature même de la conscience. Pour le curateur Jeffrey Weiss, « d’une part, chaque peinture s’efforce de saisir un jour en particulier, ou même de le retenir. Elle représente la journée pendant laquelle elle a été peinte, et si elle n’est pas finie quand le jour s’achève, elle est détruite. D’autre part, évidemment, la journée en question est déjà écoulée depuis longtemps lorsque nous sommes face au tableau. Le temps ne peut être suspendu.1»
1 Jeffrey Weiss, extrait traduit de « On Kawara: 48 Years, 1966–2014 » Solomon R. Guggenheim Museum, 3 février 2015, article consultable en ligne.