Pascal Navarro — Châteaux noirs

Exposition

Photographie

Pascal Navarro
Châteaux noirs

Passé : 7 décembre 2010 → 7 février 2011

C’est dans un micro univers qui s’articule autour des objets de notre quotidien que Pascal Navarro nous fait découvrir comment le banal peut s’enchanter grâce au presque rien… la modestie du propos renforce alors le pouvoir onirique et humoristique de ces images doucement étranges desquelles aucune dimension perverse ou grinçante n’émane. C’est un travail frais et sans prétentions grandiloquentes qui, au delà de la réflexion critique sur notre quotidien, apporte une part de bonheur à celui qui prend le temps de le regarder et d’en dégager la jolie absurdité.

« Mon travail jette des ponts entre différentes époques, différentes temporalités. Le regard contemporain, souvent, se pose sur les traces d’une antique modernité, comme l’âge adulte se pose sur celui d’une enfance révolue. C’est par le biais de jeux d’apparitions que ces regards se croisent. Apparition au creux des images, mais également des images dans l’espace même du spectateur, au sein d’installations (dernières neiges, le cabinet de travail, Château d’Avignon, été 2010). Parallèlement à cette mise en espace des images, je réalise des séries photographiques qui reprennent les formes classiques du genre, comme les typologies d’objets. La série des garages (2005) jouait avec la référence des Becher. La série des châteaux noirs utilise à nouveau des architectures en jouet. Photographiés de manière sobre, sans artifice mais en noir sur noir, ils semblent être dans un espace et des dimensions indéfinis, revêtant un caractère à la fois enchanteur et inquiétant. »

Pascal Navarro

Pascal Navarro a réalisé voici quelques années déjà une série d’images qui dressait à la façon de Bernd et Hilla Becher l’inventaire de mini garages comme on en offrait aux enfants dans les années 60. Même photographie en noir et blanc, même prise de vue apparemment neutre débarrassée de tout accident inutile, même élimination du contexte, même monumentalité paradoxale, même systématisme de la série.

Mais à la place des chevalets d’usines et des énormes cheminées de la Ruhr, Pascal Navarro photographie des jouets de quelques centimètres de haut. A l’inverse du processus de miniaturisation mis en œuvre par bien des artistes contemporains ou des variations dimensionnelles qu’autorise l’image virtuelle, il s’attache méthodiquement à monumentaliser le jouet, comme pour lui conférer une existence tout aussi effective que son modèle.

En réalité, ce que produit ce détour par le joujou est d’un autre ordre ; l’équivalence se situe sur un autre plan. Comme les usines qui photographient les Becher, le monde des garages modernes a disparu. Une série de photos de stations-service abandonnées réalisées récemment le confirme. La Disparition des garages, objet d’un repérage photographique tout aussi systématique, incarne la mémoire d’une époque — les Trente glorieuses — qui prit fin au milieu des années 70.

Ce qu’interroge Navarro à travers le catalogue du jouet remisé est une autre sorte de maison, celle de voitures éblouissantes dans la maison du père, le temple de la modernité; un temple, qui de l’aveu de l’artiste, ne lui est ouvert que sous la forme réduite du joujou. Le garage réel relevant de l’apparition urbaine, radieuse comme un grand Rex, l’image en Noir et Blanc du modèle réduit, qui lui confère l’immatérialité lumineuse du rêve, recrée de la façon la plus efficace l’éblouissement provoqué par le spectacle d’une modernité aussi inaccessible. Les mini garages serait ainsi des objets inabordables comme les héros que Navarro fera surgir en plein ciel — objets symboles auxquels enfant il n’a pas eu accès et que la photographie, et avec elle, l’œuvre d’art, restitue.

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