Pétrel I Roumagnac (duo) — Une exposition de rêves

Exposition

Techniques mixtes

Pétrel I Roumagnac (duo)
Une exposition de rêves

Passé : 2 → 30 juillet 2016

Pétrel I Roumagnac (duo), de rêves — 2016

de rêves est la première pièce photo-scénique réalisée par le duo à la suite de leurs installations à protocole de réactivations, conçues depuis 2012. Cette pièce, modulaire et métamorphosable, est basée sur une libre interprétation des scènes féériques, forestières, échangistes et zoophiles du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare (entre 1590 et 1597). de rêves est consituée d’actes successifs. A l’occasion de la première exposition personnelle du duo d’artistes à la galerie Escougnou-Cetraro, sont présentés les actes un ( de rêves, acte I, jardin ) et deux ( de rêves, acte II, cour ).

Dans la continuité de leurs travaux précédents de rêves répond aux interrogations du duo sur les modes et régimes institutionnels de monstration des œuvres par l’élaboration d’une stratégie de dislocation de la logique de fabrication d’un spectacle. Avec de rêves, le duo d’artistes opère de nouveau depuis le double-régime, de désintensification de l’événement et de brouillage des conventions, notamment temporelles, de la visibilité d’une œuvre par le public. La pièce n’aura pas lieu, et c’est pourtant bien cela qui a lieu.

La pièce Le Songe d’une Nuit d’été, a été choisie à la fois pour la contemporanéité de sa matrice éco-critique et de sa toile de fond animiste, ainsi que pour sa poétique (pluri-)temporelle, préfigurant le «time is out of joint» qu’énoncera Hamlet dans la forêt d’Elseneur quelques années plus tard et qui deviendra un réplique-clé de la Déconstruction. Il y a en effet dans le Songe, collision entre différents temps et temporalités i.e. les temps historiques de la Grèce Antique, de l’Angleterre de la deuxième moitié du 16e siècle et du temps, non-historique lui, récurent, des contes et légendes nordiques. S’y ajoutent les temps des rêves (dans les rêves) et de la drogue (les élixirs), ainsi que tous les temps, distanciation brechtienne avant l’heure, de mises en abîme de la production d’une pièce de théâtre dans la pièce, par la troupe d’acteurs répétant Pyrame et Thisbé dans les bois. Une pièce-vortex donc.

de rêves est un dispositif scénographique modulaire, transformable composé d’objets photographiques de matériaux divers, mélange critique de matières « naturelles » (bois, plâtre…) et de produits dérivés du pétrole (plexiglas, plastique…), relevant d’une double-nature, à la fois organique et toxique. Toutes les prises de vues imprimées sur la quasi-totalité des matériaux de construction de la scénographie sont elles issues d’un temps de travail au cours duquel les artistes se sont isolés dans la forêt d’une île finlandaise pour répéter et jouer la pièce shakespearienne en compagnie de leurs invités, l’artiste visuel Nagi Gianni (masques) et le chorégraphe-performer Simo Kellokumpu au temps, diurne, du Midsummer boréal. Le but de cette résidence étant de ne jamais jouer la pièce devant un public, mais de collecter des traces photographiques afin de la « reprendre », de la re-mettre en scène, en différé, dans un jardin, un théâtre et en galerie/musée, en la déployant autrement, en absence des interprètes, du texte, mais en persistance des traces des scènes, des jeux, ainsi que de leurs préparatifs et de leurs afters.

Toutes les prises de vue imprimées pour et sur l’installation ont été réalisées par Aurélie Pétrel lors de cette période de résidence en Finlande. À travers les travaux du duo, Pétrel prolonge sa recherche en solo sur la question de la mutation d’une image, son potentiel de fractalisation, non seulement en soi mais aussi dans ce qu’elle peut provoquer comme trouble en son expérience de pluri-perception. Pour elle, une prise de vue génère une multitude de prises de point de vue. Les temps et les espaces ne cessent de se superposer, tout en ne cessant pas de se disjointer. L’image, vecteur mouvant de cette élasticité spatio-temporelle, se redistribue et en ses métamorphoses consécutives vient ainsi déjouer son absorption consensuelle, sa perception une et définitive, son moment et sa position décisifs. Lors de sa présentation en galerie de rêves est métamorphosée chaque nuit et à chaque ouverture de l’espace au public se révèle en sa dormance, entre deux transformations-réactivations, dans son état post- mue nocturne et dans le potentiel (sa réserve) de sa reconfiguration narrative à venir.

De ces explorations en solo autour d’un « théâtre hétérochronique », Roumagnac importe lui dans le duo ses investigations sur l’agentialité du « fond de scène », sur le devenir des éléments de décor en dehors de leur fonction décorative première, sur une permutation entre la scène et l’arrière-scène où (et quand) backstage et coulisses viennent occuper le centre et repousser le contrôle anthropogénique à la marge. Dès lors les matières et objets des pièces et installations du duo, en retrait et en réserve, leurs images coupées, cachées, enroulées, fuyantes, semblent spéculer sur une nouvelle orientation ontologique dans la relation contingente entre chose, artiste et spectateur. Quant à ce dernier, Aurélie Pétrel et Vincent Roumagnac l’incite à revenir. Cette notion de spectateur revenant est non seulement constituante, comme la permutation des agentialités scéniques entre l’en-scène (humain) et le fond de scène (nonhumain), dans le dispositif relationnel du théâtre hétérochronique de Roumagnac, mais également tacite dans la logique de redistribution contextuelle de l’image chez Pétrel.

de rêves invite dès lors son regardant-revenant à prendre le soin d’une relation temporelle avec une pièce qui elle-même est constituée par un feuilletage de plusieurs temporalités, questionnant structure, durée, répétition et fragmentation de la représentation et de l’attention. Vis-à-vis du temps socialement construit, linéaire, ponctuel, intensifiant, de la représentation théâtrale ou de l’exposition événementielle de rêves pose son incomplétude narrative, ouverte, au travers de la réorganisation potentielle et cyclique de ses fragments et indices. Ainsi, ensemble, et possiblement dissociés, artistes, spectateurs et objets s’échangent la même question : quand donc l’œuvre a-t-elle (eu) lieu

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