Reboot #2 — Ontologies, au sujet de n’importe quoi
Conférence
Reboot #2
Ontologies, au sujet de n’importe quoi
Passé : Jeudi 24 mars 2011 19:00 → 22:00
Une proposition de Christophe Kihm et David Zerbib
Invités : Judith Ickowicz (Juriste), Mud Office (Charlie Jeffery et Dan Robinson / artistes) et Thierry Mouillé (artiste).
Cette session vise à rouvrir le dossier de la définition de l’art, et à redémarrer, à « rebooter » pour un soir les systèmes de pratique et de pensée qui conditionnent les frontières usuelles entre ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas. Les repères esthétiques sont perdus, dit-on. Ne resterait qu’à constater les jeux linguistiques, économiques, juridiques et institutionnels des fausses provocations de l’art. Voyons au contraire comment les réinventer en évaluant, jugeant, mesurant « n’importe quoi », en soupesant aussi précisément que possible ce qui importe ici et pourquoi.
À partir d’études de cas et en mettant à contribution des artistes nous tenterons d’élucider la question du « n’importe quoi », catégorie que de nombreux débats polémiques sur l’art contemporain mobilisent régulièrement, de manière négative ou diffamatoire. Notre hypothèse pose que cette notion rebelle à toute identification est injustement méprisée et que c’est à partir d’elle que peut être repensée une essence de l’art. Il ne faut pas cependant se méprendre sur le « n’importe quoi » dont il est ici question : il n’est pas l’indice d’une dégradation de la valeur de l’art mais la condition qui oblige à situer un seuil à la production d’un artiste. Il conduit à pointer des limites à la définition de l’art selon au moins trois ordres : l’indistinct, l’indiscernable, l’insignifiant. L’examen de ces limites s’effectuera à partir de l’étude de cas artistiques mais aussi d’objets qui ne parviennent pas à faire œuvre ou à devenir œuvre et qui pourtant ne cessent de hanter les artistes au point qu’ils ne parviennent à s’en défaire : rebut et intrus, trucs et machins, objets en excès ou en déficit, trop vides ou trop pleins, en attente ou en veille…
Yves Klein rapportait à propos de L’Exposition du vide, que 40% du public en ressortait satisfait…
Curieuse « sensibilité immatérielle » attestée en pourcentage. Cela montre en tout cas qu’il est toujours possible de tenter des mesures, y compris de ce qui paraît transcender toute saisie quantitative. Or, pas plus que le vide, le n’importe quoi n’est esthétiquement indifférent ni indifférencié. Se confronter à sa mesure, ne serait-ce pas l’une des meilleures manières de transformer les normes qui conditionnent nos expériences, celles de l’art contemporain en particulier ? L’enjeu est ici de mettre au défi la mesure sensible de « n’importe quoi ».
Lors de cette soirée, des artistes seront invités à venir déposer un exemplaire de n’importe quoi au Palais de Tokyo, et à préciser la limite ou le seuil qu’il pointe. Ce dépôt se prolongera jusqu’à la séance suivante de Reboot. Ces exemplaires seront disposés sur The Raft of measure (radeau de la mesure), pièce du Mud Office, à laquelle sera adjoint pour l’occasion un système de graduation et d’indices de mesures destiné à structurer les dépôts. Il s’agira d’en déduire de nouveaux critères pour la définition de l’art contemporain.
Horaires
Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit
Fermé le mardi
Tarifs
Plein tarif 12 € — Tarif réduit 9 €
Gratuité pour les visiteurs de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux…
Programme de ce lieu
Les artistes
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Charlie Jeffery
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Dan Robinson
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Thierry Mouillé