Ryan Gander — Esperluette — Bibliothèque d’artiste — Palais de Tokyo — Exposition — Slash Paris

Passé : 28 septembre 2012 → 7 janvier 2013

Esperluette inaugure les Bibliothèques d’artiste. Le titre de cette exposition désigne le logogramme « & », graphie ligaturée de la conjonction de coordination « et ». Cette expression met en rapport plusieurs concepts dans une même relation, principe fondamental dans l’œuvre de l’artiste.

L’installation centrale, Ampersand (traduction anglaise de « esperluette »), se présente comme un white cube géant clos et impénétrable. Seule une petite ouverture autorise le visiteur à observer furtivement le défilement d’une série d’objets sur un tapis roulant et « à envisager leur signification, qu’elle soit culturelle, historique, financière, ou personnelle ». Ces objets du quotidien, banals et insignifiants, sont issus de la collection de Ryan Gander. Au total plus de soixante-quinze éléments sont présentés comme la cheminée en brique d’Albers, des casquettes, des tests d’acuité visuelle, des tuiles, un service de table japonais et un couteau à champignon.

Ce diaporama d’objets — véritable fenêtre ouverte sur le paysage mental de l’artiste — invite le regardeur à reconstituer cette « curieuse collection de choses ». Ainsi métamorphosés, ces objets ont désormais pour nouveau cadre une scène, véritable machine à voir, où tous les rapprochements deviennent envisageables. L’expérience cinématographique semble sous-tendre la mise en forme de cette installation. Chaque objet est un plan dont l’effet dépend de son enchaînement dans la séquence. Chaque séquence se déroule à son tour comme un épisode d’un récit qui défile en continu. Mouvements, défilements, changements de point de vue : toutes les astuces du montage et de la mise en scène sont ainsi mises à contribution. Grâce à ce dispositif, les objets ne sont plus que formes, images, (co)existant dans une commune présence.

Les œuvres de l’exposition relèvent d’un réseau aux références multiples, d’un puzzle. L’artiste privilégie l’association d’idées, comme dans le cycle de conférences-performances qu’il développe depuis 2002, intitulées Loose Associations. Les installations sonores disséminées dans le bâtiment, les posters en libre- service, l’installation centrale sont les fragments d’un récit enchâssé. Se cache derrière cette lecture à plusieurs niveaux un vaste jeu de pistes à décoder qui incite le visiteur à faire ses propres connections, à inventer son propre récit, à résoudre le rébus — sans solution — posé par l’artiste.