Sebastian Riemer — Spolia, une nouvelle photographie

Exposition

Photographie

Sebastian Riemer
Spolia, une nouvelle photographie

Passé : 12 → 21 novembre 2013

Les spolia (terme latin) ou remplois, désignent la réutilisation de pièces et œuvres d’art de monuments antérieurs comme matériaux de construction dans un nouveau monument. Pratiquée couramment sous l’empire romain tardif, cette démarche rejoint celle de Sebastian Riemer qui, dans l’ensemble de son œuvre photographique, n’a de cesse d’extraire de leur contexte originel ses sujets pour les insérer dans un nouveau cadre.

Que ce soit en tirant un objet banal vers une abstraction très plastique, ou en re-photographiant une photographie existante, ce jeune artiste allemand attire notre attention sur des fragments du réel restés au bord du dévoilement.

Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Düsseldorf, où il a notamment étudié deux ans avec Thomas Ruff, Sebastian Riemer questionne tout autant l’image photographique que sa matérialité. A contrecourant des pratiques contemporaines qui manipulent l’image avec des outils numériques, il concentre son regard et son geste sur un détail ou sur les multiples couches qui composent l’image originale pour mieux la révéler. Sebastian Riemer travaille ainsi la surface du visible selon un balayage technique rigoureux.

Dans ses premiers travaux, Sebastian Riemer photographie des détails de la réalité qui l’entoure, des fragments d’objets très ordinaires tels qu’une grille métallique de speaker trouvée dans un atelier de peintre (œuvre Night Safe) ou des boutons vus sur l’affiche d’une devanture de magasin (œuvre Bouton). Des choses que personne ne remarque. L’agrandissement extrême auquel l’artiste procède concentre la composition sur un détail qui déploie toute sa matérialité plastique sans lien direct avec son objet référent.

Le changement de rapport entre la taille réelle et la perspective photographique aboutit à une sorte de all over qui fait perdre tout repère. Une abstraction apparente s’en dégage dont l’enracinement dans la matérialité fait toute la force.

Autre forme de spolia, ses derniers travaux où, tel un archéologue en quête d’Histoire, Sebastian Riemer s’attache à faire surgir à leur surface la matérialité d’images dénichées dans des brocantes.

Vieilles photographies ou publicités imprimées, toutes ont subi des aléas comme ces affiches ayant séjourné longtemps dans la rue. Ou encore ces photographies abandonnées, déchirées, recollées et mises sous film-plastique comme dans les Marins.

Dans un geste qui ne cherche pas à refaire ce qui a déjà été fait, Sebastian Riemer re-photographie ces images. Plus qu’utiliser les motifs de l‘image, il veut les donner à voir. Il traite l’image trouvée comme un ready-made et rend compte de sa condition d’objet trouvé, indépendamment de l’aspect originel voulu par son auteur. La prise de vue en noir et blanc doit éliminer toute sorte de nostalgie qu’amènerait le côté vintage. Les recadrages précis et successifs d’une même image selon une méthode répétée — jusqu’à neuf prises pour Painter — permettent de décrypter l’ensemble de l’image simplement et objectivement. Mais aussi paradoxalement à faire jaillir quelque chose d’irréel.

Tels des spolias, les surfaces réelles sont ainsi transférées sur des surfaces plates, comme si on avait mis de vrais cils sur un masque mortuaire. Une photographie à l’ambiguité visuelle, à la fois message et messager.

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