Les cellules blanches, nues et le sommeil électrique — Sébastien Rémy
Exposition
Les cellules blanches, nues et le sommeil électrique
Sébastien Rémy
Passé : 13 avril → 8 juin 2019
Le jour où j’ai rencontré Sébastien Rémy
« La semaine dernière je suis allée visiter Sébastien Rémy à l’hôpital psychiatrique d’Étampes. Véronique Bathily l’a accueilli en résidence pour son projet les cellules blanches, nues et le sommeil électrique. Je me souviens de notre première visite de l’institution : Emilie 1 s’était réjouie de retrouver Sébastien qu’elle voyait pourtant pour la première fois. C’est quelque chose chez lui qu’elle a dû percevoir intuitivement : cette empathie envers les lieux qui donne l’impression qu’il les a toujours connus. D’ailleurs, c’est vrai qu’il s’intéresse particulièrement aux fantômes.
Quand j’arrive il discute avec quelqu’un, peut-être un des électriciens qui œuvrent sur le bâtiment. Dans ce pavillon en restauration, il faut emprunter plusieurs couloirs ouverts sur des salles vides avant d’arriver à l’espace de travail de Sébastien Rémy. Y est reconstituée une chambre standard, seule pièce occupée dans le lieu désert, l’artiste en numérise les éléments. Il était important pour nous de se baser sur du mobilier existant afin de sortir de la représentation iconique des lieux thérapeutiques véhiculée par la fiction. Le lit, l’armoire ressemblent à ceux des internats de lycée. Il s’agit ici comme ailleurs de vivre quelque part, à la fois avec et sans les autres. La communication complexe avec l’altérité imprègne profondément plusieurs œuvres de l’artiste, comme Tant que je vous parle ce n’est pas une frontière. De Lee Lozano, une des premières artistes à composer des conversation pieces 2 et étrangement connue pour avoir cessé de parler aux femmes, aux personnages du réalisateur Wim Wenders incapables d’échanger une parole, Tant que je vous parle ce n’est pas une frontière met en abîme des histoires imprimées sur Plexiglass […].
Mais tout n’a pas commencé là. Je rencontre Sébastien Rémy en 2010, au détour d’une cimaise à Bourges. Tout juste sorti de l’école des beaux-arts de Cergy, il présente au Pavillon d’Auron plusieurs projets, dont Diogène le chien : correspondances 2000-2009 qui incarne la parole du penseur défunt. Nous commençons une discussion qui ne s’interrompra plus. Nos modes de travail et nos obsessions se rejoignent, entre autres celles de la construction d’un récit polyphonique et de la modulation narrative par l’agencement des images. La question du monteur lyrique 3 m’occupe déjà et Sébastien Rémy en deviendra une figure centrale […].
Bonimenteur, médiateur, conférencier, médium… qu’il incarne ces formes d’oralité, qu’il les fasse jouer par d’autres ou qu’un dispositif les prenne en charge, l’énonciation est nécessairement présente dans chaque travail de l’artiste. les cellules blanches, nues et le sommeil électrique sera ainsi parcourue de son verbe et des paroles de tous les auteur.rice.s qui font naître avec lui un espace. L’exposition, je m’en rends compte aujourd’hui, agence des occurrences récentes de projets qui ont ponctué la collaboration que j’entretiens depuis bientôt 10 ans avec Sébastien Rémy. Dans cette discussion, il a inclus de nombreux autres […]. De voix, celle du bâtiment lui-même semble se matérialiser dans l’exposition. Sans cesse modifiée, transformée et habitée d’individus multiples, l’architecture du CAC Brétigny s’exprime ici dans chacune des œuvres de l’artiste, se représentant dans son usage quotidien, s’abimant dans la ressemblance avec d’autres espaces blancs et vides, laissant apercevoir son impermanence et les peurs qui peut-être en découlent. »
Céline Poulin, commissaire de l’exposition, assistée de Camille Martin
1 Les noms des patient.e.s ont été changés
2 Terme anglais désignant une certaine catégorie de tableaux située à mi-chemin entre le portrait, la scène de genre et le paysage : on y voit plusieurs personnages identifiés, représentés généralement dans leur maison, leur château ou leur jardin et ayant entre eux des rapports de conversation ou de communication. [Larousse]
3 Voir Céline Poulin, «Petra Genetrix and the Figure of the Lyrical Assembler», in Porosity Valley, Portable Holes, Ayoung Kim, Ed. Ilmin Museum of Art, 2019.
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Vernissage Samedi 13 avril 2019 17:00 → 21:00
Vernissages des expositions « les cellules blanches, nues et le sommeil électrique » au CAC Brétigny et « Finding Money » au Théâtre Brétigny. Cocktail dînatoire ouvert à toutes et à tous à partir de 18h30.
Navette gratuite en partenariat avec le Centre d’Art Contemporain Chanot. Rendez-vous à 15h30 au 104 avenue de France, 75013 Paris (métro Bibliothèque François Mitterrand). 16h30: vernissage de l’exposition « take (a)back the economy » au Centre d’Art Contemporain Chanot à Clamart. 17h30: départ pour le CAC Brétigny. Réservation indispensable: reservation@cacbretigny.com
Espace Jules Verne
rue Henri Douard
91220 Brétigny s/Orge
T. 33 (0)1 60 85 20 78
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 18h
Nocturnes les soirs de représentation au Théâtre Brétigny, scène conventionnée.
Tarifs
Accès libre
Les artistes
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Luc Kheradmand
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Sébastien Rémy
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Alexis Guillier
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Maud Jacquin
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Émile Ouroumov
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Elsa Polverel
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Anne Lou Vicente
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Raphaël Brunel