Sequoia Scavullo — HydeRunner

Exposition

Peinture, vidéo

Sequoia Scavullo
HydeRunner

Passé : 8 juin → 28 juillet 2023

Galerie sans titre sequoia scavullo 2 grid Sequoia Scavullo — Galerie Sans titre La galerie Sans titre présente une exposition personnelle de la jeune artiste Sequoia Scavullo (née en 1995), que l'on retrouvera sur le stand de la galerie lors de Paris + par Art Basel en octobre.

Pour sa première exposition personnelle HydeRunner à la galerie Sans titre, Sequoia Scavullo (née en 1995 à Baltimore, vit à Paris) présente un ensemble de nouvelles peintures accompagnées d’une vidéo. À travers la force d’expression de la couleur, la densité de la matière et un mode de représentation qui frôle l’abstraction, Scavullo explore les manifestations de la communication non verbale à l’égard des émotions.

Issue du côté paternel d’une famille Taino — culture originaire de la mer des Caraïbes –, elle a adopté leur technique d’analyse des rêves et leur approche holistique du monde.

Cette dernière prend en compte l’être humain dans sa globalité et associe le corps et l’esprit pour le soigner, contrairement à la médecine occidentale par exemple. Suivant une transposition appliquée à la peinture, Scavullo utilise la couleur comme un médiateur d’états émotionnels menant idéalement à une expérience synesthésique réparatrice.

Constituées de couches successives de peinture, la plupart des toiles de Scavullo sont recouvertes jusqu’à ce que leur surface ne soit plus que matière. De loin, ces plages de couleurs jouant sur de légers dégradés rappellent parfois le travail de la peintre américaine Georgia O’Keeffe. À y regarder de plus près, cet ensemble de couches produit une impression de profondeur et d’épaisseur qui s’accorde subtilement avec ce qui semble être représenté : une grotte, des cheveux, de l’eau, ou encore des personnages à moitié cachés derrière un voile, tel que dans Il y a un regard enfin pour voir vos paupières fermées.

Le choix des tons, les dégradés et le jeu des lignes ondulantes viennent enrichir ces représentations d’une sensation de matière humide et mouvante. Comme un magma, qui varie du rose au rouge, en passant par l’orange pour atteindre des tons parfois plus sombres, la couleur est ici manifeste d’un vocabulaire lié au corps. Le rose-rouge-orange — j’ai presque écrit organe, comme si le choix des couleurs insufflait déjà un trouble du langage, une confusion des mots — correspond aux couleurs de la chair, des muscles et de tout ce qui se trouve sous la peau. Le rose-rouge-humide donne vie à des lèvres et à l’intérieur d’une bouche dans I now understand it was never yours to keep alors que dans d’autres œuvres, émergent imperceptiblement des muqueuses corporelles liée aux organes sexuels. Enfin le rose-rose, couleur qui participe au déterminisme sexuel et au rapport de domination, se veut ici plus dangereux que girly. Thanks Fara ou encore How did you do it Persephone?, comme de nombreuses toiles de l’exposition, nous invitent ainsi à s’enfoncer dans la couleur, à pénétrer à l’intérieur du corps pour y voir ce qui s’y passe.

Comme le suggèrent les titres tels que If I can’t have you no one else will ou encore A very hot painful day where my only movement was my fingers tracing a heat map of my angel’s wooden floor, les compositions de Scavullo font référence à des histoires personnelles ou encore à des rêves. Qu’il s’agisse d’amour, de douleur ou du rapport à la mort, elles sont converties en matière épaisse et fluide, sensuelle et ambivalente, en mouvement permanent. Plus encore que l’intérieur d’un corps, c’est le motif de la cavité ou de la grotte qui s’impose et se révèle être le réceptacle de la circulation des émotions. Tel un volcan contenant son magma, ce lieu est de façon symbolique celui du subconscient, d’un état prénatal ou post-mortem, d’un état qui relie le passé au présent, la vie à la mort, les corps et les êtres entre eux. How did you do it Persephone? représente parfaitement cet état de transitions, entre les entrailles et la surface de la terre. Déesse de la mythologie grecque, Perséphone est associée au cycle des saisons, puisqu’elle passe huit mois de l’année sur terre entre le printemps et l’été, avant de retourner lors des mois plus sombres dans le monde souterrain de son époux Hadès, dieu des Enfers.

Par cette mise en évidence d’un monde intérieur existentiel, Scavullo donne une place à l’invisible et à l’indicible. Se laisser embarquer au cœur de ces couches souterraines, voire de ce volcan pictural, rend palpable ce qui, dans notre société occidentale, tente de revendiquer un droit à l’existence, mais qui est sans cesse contrecarré par la rationalité : la puissance de la communication non verbale.

Oriane Durand

Galerie Sans titre Galerie
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13, rue Michel Le Comte

75003 Paris

T. 01 71 50 68 11

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