Sequoia Scavullo, vue de l’exposition HydeRunner à la galerie Sans titre, Paris, 2023
Courtesy de l’artiste et galerie Sans titre, Paris
Sequoia Scavullo — Galerie Sans titre
Point de vue
Article
Le 18 juillet 2023 — Par Guillaume Benoit
La galerie Sans titre présente une exposition personnelle de la jeune artiste Sequoia Scavullo (née en 1995), que l’on retrouvera sur le stand de la galerie lors de Paris + par Art Basel en octobre.
« Sequoia Scavullo — HydeRunner », Galerie Sans titre du 8 juin au 28 juillet 2023.
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Avec un ensemble d’une dizaine de peintures, un ready-made et une vidéo, c’est à une plongée cohérente dans l’univers de cette jeune artiste passée par les Beaux-Arts de Paris (et notamment l’atelier de Mimosa Echard) que la galerie nous invite avec une sobriété bienvenue. Impossible de ne pas lire ici les belles promesses de sa capacité à explorer les strates de la sensualité, à heurter également à travers le hiatus provoqué par la rencontre de ses traits aussi spontanément tracés que contredisant toute cohérence physiologique. Les angles obtus se heurtent aux courbes douce dans une fragilité ambiguë qui nourrit cette indécision (la vidéo de son écriture picturale sur les corps est à ce titre hypnotique). Le rose, omniprésent, dévoile peu à peu des couches de profondeur plus subtiles qui, derrière ses atours affriolants, mêle l’inquiétude à la menace. Le secret de son histoire intime (à la source des tableaux) à l’incertitude du spectateur de se trouver en face ou en-deçà des strates du visible.
La surface, au cœur de la démarche de l’artiste, devient réceptacle de superpositions et d’inserts au sein d’une chair forcément lacérée. Corps étrangers dans l’harmonie visée par l’artifice, matières froides dans le soin chaleureux
Sequoia Scavullo, 2601 Glenmore, 2023
Huile sur toile — 180 × 170
Courtesy de l’artiste et galerie Sans titre, Paris
de l’apprêt, la peinture de Scavullo isole et remet en scène le poids de ce masque qui alourdit et encombre, autant qu’il entraîne au rêve, le corps. Synthétique et organique se mêlent alors dans des valses qui, de l’agrandissement du microlocal de la focale, dessinent des paysages évoquant les feux rituels autour desquels l’on célèbre l’avenir ou le passé des corps de la communauté.
Même si l’on peut nourrir quelques réserves sur le sens de la composition de certaines oeuvres et la présence de symboles stylisés d’un autre âge, trahissant une dérive vers un kitsch un peu redondant ici, on salue le parti-pris de la galerie pour cette démarche singulière, sur la crête, dont on a hâte de suivre l’évolution.