Sérendipité
Exposition
Sérendipité
Passé : 10 mars → 7 avril 2012
Depuis ses premières expositions, Rainier Lericolais n’a de cesse d’investir des pratiques qui lui échappent. À l’opposé d’un choix qui consisterait à exploiter un savoir-faire acquis, il pousse chaque fois un peu plus loin le curseur de l’expérimentation, passant d’une tentative à l’autre. Ces recherches, qui chaque fois intègrent la possibilité du ratage, viennent questionner successivement la peinture, le dessin, la sculpture, la photographie sans qu’aucune de ces disciplines ne devienne véritablement l’objet du travail. Musicien et plasticien, Rainier Lericolais sait que la notion de mémoire enregistrée peut constituer un « pont » entre les deux pratiques : il s’agit autant de goûter à l’abstraction de la musique écrite ou gravée, qu’à l’image fugitive d’une onde sonore.
L’exposition s’ouvre sur un papier perforé entièrement maculé de peinture noire, c’est un pochoir que l’artiste a utilisé à plusieurs reprises pour reproduire sur des panneaux de bois les partitions d’un piano mécanique, donnant à voir un semis de points, lignes et séquences transcrivant une partition musicale. L’outil devient ici, par simple inversion, l’objet même de la peinture. Plus imprégné par la bombe de peinture noire que ne le sont les panneaux, ce pochoir est pour Rainier Lericolais comme le « master » de l’exposition. Le ton est donné : comment traiter la question du tableau et de la peinture sans pour autant vouloir (ou savoir) en faire ? Une tentative de réponse naît une fois de plus de l’expérience : sur des panneaux de polystyrène, il a posé, parfois enroulé, des bandes magnétiques avant de projeter encore une fois de la peinture noire en bombe sur l’ensemble. Une fois les bandes retirées, ne demeure que leur présence fantomatique, sur le support. Quant au polystyrène, littéralement rongé par la peinture, il se creuse visiblement au séchage, laissant en relief le réseau de lignes obtenu grâce aux bandes magnétiques. Ces compositions peuvent être vues aussi bien comme une référence à l’abstraction, qu’aux rayogrammes photographiques, ou plus généralement à une certaine histoire de la modernité. Pourtant ce n’est pas le procédé qui intéresse l’artiste dans cette série, mais au contraire la notion de mémoire, de trace, de vide laissé ou de fantôme, qui traverse bon nombre de ses œuvres.
Cette trace peut aussi être celle laissée par une toupie lancée sur une plaque de verre préalablement noircie à la bougie, et qui inscrit le dessin léger et aléatoire de sa course sur ce fond noir : une sorte de dessin en négatif.
Pour Rainier Lericolais, ces fixés sous verres sont un clin d’oeil aux premières captations de son par Jules Etienne Marey, et plus encore par Édouard Léon Scott de Martinville. Ce dernier est l’inventeur du « phonautographe », une machine qui capte le son sans pouvoir le restituer, gravant les sons sur un papier enduit de noir de fumée. Il laissera le premier enregistrement connu de l’histoire (un extrait de dix secondes d’Au Clair de la Lune, daté de 1860).
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous
- —
L’artiste
-
Rainier Lericolais