Seyni Awa Camara — John McAllister — Sculpting Earth, Painting Sensations — Galerie Almine Rech — Exposition — Slash Paris

Passé : 11 janvier → 24 février 2024

Almine Rech présente Sculpting Earth, Painting Sensations, une exposition créant un dialogue unique entre les artistes Seyni Awa Camara et John McAllister. Les œuvres exposées semblent émaner d’une même source : la Terre. Deux artistes, ancrés dans une temporalité durable et immuable, donnent vie à cette exposition.

Les sculptures de Seyni Awa Camara épousent les traditions artisanales pour façonner des créatures évoquant les divinités ambiguës des arts premiers. La matérialité brute de la sculpture affirme la présence tangible de l’œuvre, alors que les formes en aplat de la peinture de McAllister esquissent une rêverie luxuriante.

McAllister, dans ses œuvres, ne cherche pas à simplement “documenter le monde tel qu’il est” ; au contraire, ses peintures s’inscrivent dans l’héritage des grands maîtres du XXe siècle, avec des références à Matisse et Bonnard, cherchant à capturer la lumière sans contraindre la peinture à un simple reportage du monde contemporain, privilégiant plutôt une représentation qui s’inscrit dans le temps long et dans l’immuable de la sensation.

Sa palette vive, teintée de rose, rouge et orangé, évoque un lever de soleil sur une Terre antérieure à l’homme, dans une nature généreuse et luxuriante. Les nuances des premiers matins du monde.
La verticalité des sculptures solidement ancrées sur socle, en contraste avec l’effacement relatif de la perspective dans les peintures de McAllister, invite à une détente du regard. La mise en scène de ces deux axes, présente dans cette exposition, produit une sensation de complétude, de bien-être.

Milena Oldfield

Les artistes :

Seyni Awa Camara est une céramiste sénégalaise reconnue comme la “Magicienne de la Terre” dans sa communauté locale. Ayant grandi en Casamance, elle a appris les techniques traditionnelles de la poterie auprès de sa mère et a ensuite élargi son art pour créer non seulement des céramiques utilitaires pour sa famille, mais aussi des sculptures complexes vendues sur le marché local. Initiée à son art avec ses frères jumeaux par les esprits de la forêt pendant son adolescence, la vie et l’œuvre de Seyni reflètent le mysticisme inhérent aux pratiques animistes des villages africains.

Les influences des maîtres français tels que Matisse, Bonnard ou Braque pendant sa période fauve révèlent l’obsession de John McAllister pour les qualités spectrales de la lumière. La palette vibrante concentrée sur une gamme étroite de couleurs (souvent des lavandes, des rouges et des violets) produit un souffle distinctif et luxuriant. Dans ses peintures et panoramas à grande échelle, le dualisme de la surface plane et de la profondeur illusionniste bouleverse la perspective traditionnelle. Sur des fonds de motifs géométriques ou feuillus qui évoquent des textiles exotiques, des ersatz de papiers peints ou d’autres œuvres d’art, chaque œuvre représente une nature morte, un paysage ou un intérieur décoratif, souvent élégant mais à la limite du décadent. En ouvrant une fenêtre à la fois poétique et métaphorique, John McAllister joue à la fois le rôle de spectateur et d’artiste contemporain.