Sophie Ristelhueber — Les Orphelins
Exposition
Sophie Ristelhueber
Les Orphelins
Passé : 23 mars → 11 mai 2019
Sophie Ristelhueber — Galerie Catherine Putman Les Orphelins, une nouvelle série d’images de l’artiste française, est exposée aux côtés d’œuvres plus anciennes, dévoilant une nou... CritiqueLa galerie Catherine Putman présente une nouvelle exposition de Sophie Ristelhueber avec laquelle elle collabore depuis le début des années 2000, éditant régulièrement ses œuvres multiples.
Pour cette troisième exposition personnelle de l’artiste, la galerie édite plus d’une dizaine de nouvelles images réunies sous le titre “Les Orphelins”.
En parallèle, la galerie Jérôme Poggi présente “Sunset Years”, une exposition des récents travaux photographiques de Sophie Ristelhueber (2 rue Beaubourg — Paris 4ème).
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Depuis plus de trente ans, Sophie Ristelhueber photographie ce qu’elle appelle des « cicatrices dans le paysage » à la manière d’une topographe. Elle se déclare « en guerre » en tant qu’artiste, loin du reportage de guerre, privilégiant l’emblématique au ponctuel. Sur des terrains en conflits, face à des murs entaillés ou dans les jambes de meubles envahissants d’une maison de famille, elle se préoccupe de détails, de lieux de passage et d’oubli, de tout ce que peut retenir un territoire. Si l’Homme semble le grand absent de ses photographies, le territoire suppose la présence de l’Autre et parfois la séparation en ce qu’il délimite.
“Les Orphelins” correspondent aux photographies extraites de travaux réalisés par l’artiste tels que l’image d’un tuyau à la forme étrangement naturelle ou la photographie proche du tableau pictural de deux interrupteurs et d’un mur dont la fissure vient contrarier la géométrie. Si son œuvre ne relève pas de l’autobiographie, “Autoportrait” de 1999 et édité en 2005, rappelle comme un clin d’œil la présence de la photographe et sa pratique de terrain. Réunir ces “Orphelins” énonce l’idée d’abandon ou de séparation mais surtout évoque l’enfance singulièrement présente dans la nouvelle exposition de Sophie Ristelhueber. Une généalogie du regard de l’artiste sur le territoire telle qu’elle n’a jamais été donnée à voir d’aussi près.
Tout semble commencer par une étonnante petite machine à écrire aux touches factices reçue en cadeau par l’artiste à l’âge de sept ans. Pour écrire il faut tourner une molette, choisir chaque lettre et appuyer sur un levier. Une opération dont elle retient le détournement de l’acte physique d’écrire et peut-être une méfiance constante à l’égard des mots et de ses usages. Chez Sophie Ristelhueber, les mots disent toujours autre chose que ce qu’ils désignent. C’est sans doute pourquoi on trouvera si peu d’indications de titres, de légendes, de paratextes. Factices, les mots deviennent un support plastique (ou une route sinueuse). La vingtaine de « all-over » des résolutions de l’ONU sur le Moyen-Orient dénonce moins la politique qu’elle n’ironise devant la forme du politique, l’impuissance d’un discours institutionnel.
L’artiste s’est souvenue des cartes géographiques des années 1950 à double-face accrochées aux murs de sa chambre d’enfant. Une première face « muette » représentait le relief tandis que le verso « parlant » indiquait le nom des lieux. Par analogie, elle n’a donc prélevé que les mots d’une part et les a retirés tout à fait d’autre part pour ne retenir que les nervures d’un tissu sanguin. La carte ainsi dépourvue d’informations invite à se perdre comme Sophie Ristelhueber disait petite « se perdre dans le papier peint », bouleversant très tôt les rapports d’échelle constitutifs de son travail. Ainsi opérée, la carte orpheline prend une forme vivante dont les traces prennent racines ou se renouvellent. La fascination pour la coupe au sens anatomique témoigne ici de ce qu’elle nomme : « le grand silence du territoire ».
Depuis longtemps, Sophie Ristelhueber poursuit une réflexion sur le territoire et son histoire, au travers d’une approche singulière des ruines et des traces laissées par l’homme dans des lieux dévastés par la guerre ou par des bouleversements naturels. Avec les moyens de la photographie, de l’installation et de l’édition, elle s’attache à la mise à nu des faits et à l’empreinte de l’histoire, dans les corps et dans les paysages, en rendant visibles plaies et cicatrices, véritables mémoires des traumatismes.
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Son travail a été exposé dans de grandes institutions, notamment au MoMA, New York (US),au Museum of Fine Arts, Boston (US), à l’Albright-Knox Art Gallery, Buffalo (US), à The Power Plant, Toronto (CA), à la Tate Modern, Londres (GB), à l’Imperial War Museum, Londres, (GB), au Musée d’Art Moderne et Contemporain, Genève (CH), aux biennales de Johannesburg (ZA), Sao Paulo (BR), aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, et à Paris au Musée national d’art moderne — Centre Pompidou, au Jeu de Paume, au Musée Zadkine, au Musée Rodin …
Elle a remporté le Deutsche Börse Photography Prize 2010 pour sa rétrospective au Jeu de Paume en 2009.
Sophie RISTELHUEBER est née en 1949 à Paris, elle vit et travaille à Paris.
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Vernissage Jeudi 21 mars 2019 17:30 → 20:30
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous