Stephan Goldrajch — Retour à Bayeux — Le Radar, Espace d'art actuel — Exposition — Slash Paris

Passé : 10 juin → 17 septembre 2023

Pour son Retour à Bayeux, et à la suite de son exposition présentée à la galerie Xippas en 2022, Stephan Goldrajch investit les espaces du Radar de Bayeux pour dévoiler une série d’œuvres inspirée de la célèbre tapisserie millénaire.

Le plasticien est passionné par les mythes, les légendes et les histoires. Ces récits, qu’ils soient imaginés ou bien réinterprétés par l’artiste, constituent le substrat de ses créations plastiques. Ici, ce n’est pas l’histoire de la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant ou la vocation qu’avait la broderie de réconcilier les Normands avec le peuple anglais qui fascinent l’artiste. Ce sont plutôt les histoires contées à la marge de cet ouvrage considérable qui le captivent : le bestiaire, les êtres hybrides, les repas ou encore les scènes parfois burlesques et grivoises présentes en bordure du récit principal.

L’exposition débute, au rez-de-chaussée et au niveau de l’espace intermédiaire, par de monumentales compositions murales débordantes de motifs et de formes colorés. Ces tableaux sont peuplés de figures joviales et bariolées, toutes flanquées de larges sourires et de grands yeux circulaires, qui s’enchevêtrent dans un heureux pêle-mêle. Ceux-ci, qui arborent des lignes simplifiées, des couleurs vives appliquées en aplats et qui présentent une perspective singulière, ne sont pas étrangers aux productions d’art naïf. Ces œuvres, constituées de fils rapportés des diverses pérégrinations de l’artiste, sont confectionnées au crochet. Cette technique, qu’il a apprise de sa grand-mère, lui procure un effet méditatif et lui permet de transporter son travail aisément, en lui offrant ainsi le loisir de créer librement en dehors d’un atelier. Enfin, pour l’artiste qui crochète comme il respire, la maille représente le symbole même du lien social.

Le premier étage de l’espace d’exposition accueille, quant à lui, des productions très différentes de celles dévoilées précédemment. Quelques dessins réalisés à l’aquarelle et deux vastes broderies, dont les figures sont cernées de fils rouges, y sont exposés. Ces dernières constituent le fruit des broderies participatives lancées par l’artiste sur des places publiques et représentent une mise en abyme des brodeurs et brodeuses ayant collaboré à la réalisation de ce type d’œuvres. Cet espace, volontairement dépouillé, laisse également place à une grande table sur laquelle se trouve une broderie en cours de réalisation, invitant le visiteur à prendre part, à son tour, à cet ouvrage. De la même manière que la Tapisserie de Bayeux, réalisée il y a des siècles par plusieurs brodeurs et brodeuses ayant suivi une trame dessinée à la mine de plomb sur une toile de lin, le visiteur est ici invité à participer à la confection de la broderie, en suivant le dessin tracé par l’artiste sur le tissu. La singularité du travail de Stephan Goldrajch réside notamment dans son intention de tisser des liens entre les personnes, par l’entremise de l’art contemporain.

Aussi, la dimension participative de ses œuvres est représentative de son désir d’inclusion et de sa volonté de donner à voir ce qui est habituellement invisibilisé.

Avec le concours de la galerie Xippas, Paris, Genève et Punta del Este, et de la galerie Baronian, Bruxelles-Knokke