Summer thinking — exposition collective

Exposition

Céramique, dessin, peinture, sculpture...

Summer thinking
exposition collective

Passé : 3 juillet → 5 septembre 2020

(Fermeture estivale de la galerie du 2 au 24 août)
Un petit dessin de Shoi intitulé Spring 2020 (Printemps 2020) a servi de catalyseur pour cette exposition. Il figurait un immeuble sur fond de coucher de soleil. Aux fenêtres, l’on voyait des silhouettes humaines alors que dans la rue vide de présence humaine déambulaient un éléphant et deux chats sous l’œil attentif d’une chauve-souris accrochée à un arbre… Naïf, riche, ludique, spontané et précis ; le confinement était bien là. A l’étrange tragédie du Coronavirus qui a plongé l’humanité entière dans une interrogation profonde s’ajoutent la visibilité accrue d’une détresse matérielle croissante, d’un racisme systémique et de la suppression de droits humains, telle la liberté d’expression. Comme si une grande loupe était suspendue au-dessus de notre vieille planète pour nous montrer de près ses maux et les questionnements et difficultés auxquels chacun est confronté.

Dans ce contexte, les artistes sont à la fois des participants et des observateurs qui absorbent, filtrent et transforment le vécu et l’état des choses. Certains les font vivre dans leurs œuvres ; d’autres gardent une distance, en proposant un ailleurs, une échappatoire.

Marlon Wobst (né en 1980 en Allemagne) a créé Me, un autoportrait en feutre dont la paire d’yeux se dégage d’un visage sans trait. Ses tapisseries Brown et Blonde montrent respectivement les deux moitiés d’un corps masculin à la chevelure et aux poils pubiens marrons et les deux moitiés d’un corps féminin aux cheveux et aux poils pubiens blonds. Une façon alternative d’envisager la question de la couleur redevenue d’une actualité tristement brûlante…

Le nouveau travail de Didier Boussarie (né en 1958 en France) constitue un virage très important dans son œuvre. Longtemps concentrée sur la nature, la faune et les matières liées (La nuit elles tissent (2015) — créations avec les toiles d’araignées), n’évoquant que plus occasionnellement la figure humaine, l’artiste a entamé une série de portraits féminins frontaux à dominante monochrome où sensualité, angoisse et humour cohabitent étroitement. Le biscuit revisite et détourne de façon majestueuse les publicités de glaces Magnum où une femme attirante mord de façon très suggestive un bâtonnet de glace. Dans l’œuvre couleur bleu de Prusse de Didier Boussarie, une femme sagement coiffée touche du bout des lèvres un biscuit. En scrutant de près l’arrière-plan de l’œuvre, on découvre les contours d’hommes nus au sexe érigé. Le motif s’inspire d’une toile de Jouy de la collection des Galantes.
Deux autres portraits — l’une couleur corail et l’autre couleur framboise — montrent une femme blonde au regard anxieux et pénétrant. Ses lèvres sont tout à la fois démonstratives et évanescentes, deux traits d’un rouge carmin, tel un artifice imposé à une figure qui vibre entre apparition et disparition sur un fond lumineux et léger, posé tout en finesse. Les deux portraits nous regardent : un vide, une angoisse, un appel ou simplement un regard ?

C’est entre 2007 et 2018 que Farida Le Suavé (née en 1969 en France) a développé la série de dessins Têtes qui sont telle une prémonition. Têtes très graphiques sans visage ou plus précisément aux visages vides de traits : une masquée, une soutenue par une bouée de sauvetage, une autre isolée du monde par des écouteurs, d’autres enveloppées dans un motif floral tel un foulard. Seule une tête d’hippopotame à la gueule ouverte et aux dents bien grosses communique une forme de vivacité. La sculpture Petits monticules, topographie organique en deux parties à la couleur d’une peau rose poudrée repose délicatement sur un matelas rond à rayures… Paysage, corps humains ou les deux à la fois… Les deux moitiés semblent s’être formées l’une par rapport à l’autre tout en gardant une distance… Est-ce une image du vivre ensemble ? La nature est aussi présente dans les tessons céramiques de Farida Le Suavé, fragments de son travail de sculptrice sur lesquels sont transcrits aux crayons de couleur des ornements textiles et de papier peint (fleurs, feuillages, oiseaux, branches quand ce ne sont les symboles et dessins géométriques de la tradition kabyle). La transcription des motifs que l’artiste a poursuivie durant le confinement est de l’ordre de la méditation par la concentration et la lenteur qu’elle impose. Telle une caresse, les détails prennent vie et ondulent sur la peau des corps céramiques.

Peter Neuchs (né en 1958 au Danemark) nous offre La Huella, une image énigmatique : scène de nuit ou de « nuit américaine » montrant une maison qui jouxte une rivière entourée de sapins agrandis par une vue en contre-plongée… Que se passe-t-il ? Est-elle habitée ou abandonnée ? Le titre, en espagnol, signifie « empreinte »… Empreinte humaine, empreinte d’une vision forte, d’un souvenir ? L’œuvre interpelle, fascine tant par sa luminosité, ses couleurs puissantes et irréelles que par une histoire qu’elle ne livre pas. Peter Neuchs continue de porter ce secret captivant qui caractérise l’intégralité de son univers.

How fragile we are (Comme nous sommes fragiles) est le titre donné par Lyndi Sales (née en 1973 en Afrique du Sud) à une petite œuvre frêle, la cartographie anatomique d’un poumon découpée dans le papier fin d’un ticket de loterie. Rappel poétique de ce que nous sommes — de simples tissus dont la résistance tient à peu de choses — les nombreuses victimes du Coronavirus et George Floyd in memoriam. En se servant d’un ticket de loterie, Lyndi Sales fait également référence à l’expression anglaise « when your number is up » (littéralement — quand sort votre numéro) voulant dire quand est venue votre heure.
Une autre cartographie — des rêves, des illusions et des émotions, celle-ci — a la forme d’une splendide tapisserie brodée : A place where I found moments of confusion : Catacomb dream map. L’œuvre s’inscrit dans la suite d’un premier ensemble de broderies présenté à la galerie dans l’exposition Un jour j’ai vu un papillon arc-en-ciel (2019).

Le Coronavirus a fait naître une angoisse nouvelle pour Shoi (née en 1983 en République de Corée), artiste coréenne installée en France, quand elle a appris qu’une femme asiatique s’était fait pousser hors d’une rame de métro en raison de son apparence et de l’origine asiatique du virus. Dès lors, être asiatique en France n’était pas anodin. Pour contrer sa nouvelle peur, l’artiste a créé une jarre céramique devenue son journal intime. Durant le confinement, elle y inscrivait un dessin par jour. Rolling, rolling (Rouler, rouler) est son titre ; il évoque un mouvement incessant tout en faisant référence à la nécessité de tourner autour de la jarre pour en lire les images. Nous y retrouvons la femme tronc — figure iconographique de l’œuvre de Shoi depuis cinq ans — en beauté « jaune », en nageuse-méduse mais découvrons aussi des yeux qui veillent, une femme aux très long cheveux noirs devant un miroir, un assassinat au couteau qui fait couler du sang jaune et un magnifique masque de tigre… Toutes ces histoires potentielles se poursuivent sur le papier sous forme de douze petites aquarelles. L’artiste y revisite — pêle-mêle — avec le mélange d’humour, de poésie et de pertinence qui la caractérise — le mythe de La Chute, les images idylliques de publicités de vacances, un rêve nocturne, l’enfance, l’écologie et une actualité où le rire côtoie la tristesse, la solitude et les désirs de liberté.

Grâce aux propositions des six artistes, SUMMER THINKING embrasse large. Elle invite à la réflexion sur la condition humaine et sur la vie de notre planète.

Galerie Maria Lund Galerie
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48, rue de Turenne

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Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous Printemps 2020 : la galerie est ouverte sur rendez-vous

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