Takashi Hara — Pig Nation, A Story of Humanity

Exposition

Peinture, performance, poésie, porcelaine

Takashi Hara — Pig Nation, A Story of Humanity

Passé : 26 janvier → 23 février 2019

Né en 1983 au Japon, pays ayant vu naître le mouvement Gutaï, faisant pendant à la même époque au mouvement C.O.B.R.A. (Copenhague, Bruxelles et Amsterdam, ville d’origine du peintre Willem de Kooning), le tokyote Takashi Hara propose depuis quelques années un univers plastique autour de la figure du cochon.

Le cochon est l’un des animaux ayant inspiré l’Homme depuis la nuit des temps. En Orient, il symbolise le sentiment de loyauté, de sensibilité, de non-violence, mais également la soif de connaissance et d’obstination. En Occident, il est tantôt associé à la fécondité, l’abondance et la richesse tantôt vu comme un animal sale et maléfique voire goinfre et peu délicat. D’une mauvaise réputation à l’autre, les frontières sont sensibles…

Le cochon, animal le plus consommé sur Terre, est ici totalement humanisé par Takashi. Seul ou en groupe, il se tient debout ou assis en silence, il se protège de la pluie, gravit des escaliers, semble léviter dans les airs, etc. En confrontant la violence du geste face à la composition chromatique romantique soulignée par l’usage de couleurs vives, Takashi Hara ne nous invite-il pas à voir l’image de l’Homme, Animal-savant, courir à sa propre consommation ? Cette animalité, enracinée au fond de notre être, ne conduirait-elle pas à notre propre destruction ?

Évoquant par certains égards La Ferme des Animaux, le célèbre ouvrage rédigé par George Orwell en 1945, les cochons de Takashi Hara pourraient, dans une autre approche, dévoiler un enseignement basé sur les leçons du passé symbolisant a fortiori une métaphore de la société. Depuis la nuit des temps, l’Homme, avide de pouvoir et d’autorité, jongle de révolution en révolution, de gouvernement en gouvernement, de société en société. Les visages se cachent derrière les masques, le futur derrière les actes. Les cochons ici n’ont majoritairement pas d’yeux. Face aux dangers de l’ignorance, de l’amnésie collective et de l’obéissance aveugle, symbolisée par les animaux de la ferme (coqs, ânes, moutons, etc.), les cochons (révolutionnaires) de Takashi Hara nous rappelleraient les conséquences engendrées du mariage entre l’Art et la Politique.

Les philosophes Félix Guattari et Gilles Deleuze ont défini ce qu’ils appellent les « devenirs-animaux en l’Homme ». Que cela signifie-t-il ? Pour eux, devenir-animal ne consiste pas à imiter l’animal, ni à faire l’animal. Devenir-animal serait un « travail sur soi nécessitant une ascèse », dans l’optique non pas de se découvrir en tant que sujet mais au contraire de faire l’expérience de vivre « par-delà le sujet ». Les cochons de Takashi Hara pourraient ainsi incarner les intermédiaires entre l’Homme et le dépassement de sa condition corporelle, les intercesseurs entre le monde visible et invisible.

  • Vernissage Samedi 26 janvier 2019 à 18:00
06 St Germain Zoom in 06 St Germain Zoom out

24, rue de l’Echaudé

75006 Paris

T. 01 56 24 88 88

www.a2z-art.com

Mabillon
Saint-Germain-des-Prés

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous

L’artiste

  • Takashi Hara