Thierry Lagalla — La nature existe, c’est rigolo — Saison 2 — Baraudou Schriqui Galerie — Exposition — Slash Paris

Passé : 22 mars → 11 mai 2013

Pour cette nouvelle exposition, Thierry Lagalla choisit d’explorer à nouveau une thématique qu’il affectionne, la nature, proposant une série de peintures, de dessins plus spectaculaires les uns que les autres. Par les réseaux et résonances qu’il crée : la nature « naturante », les jeux de vanités, les étonnantes rencontres entre la nature et l’objet culturel, Lagalla rentre par la porte de l’art pour ressortir par celle de la culture.

Hétéroclite ou, plus précisément, hétérogène, Thierry Lagalla rend conviviaux les contraires : anecdotique, historique, prosaïque, poétique, figuration, abstraction, local, international. Il nous semble « être » chez Héraclite, le philosophe du logos. Avec ce Grec-là, on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau. Avec cet artiste-ci, on ne se baigne jamais.

Ici, tout nous échappe, Hic et Nunc sont dans un bateau, le réel sonne toujours deux fois, échos, glissements, chutes ou rebonds. La Re, Re, représentation produit une descendance d’œuvres qui voit le jour à l’ombre des pâquerettes, là où la trivialité, le banal, le commun, l’usé, le rebattu ne sont jamais vulgaires. Depuis Rrose Sélavy, cet R se balade ; projeté par l’artiste, il ne cesse de ricocher, créant, au passage, des œuvres collatérales.

« L’origine du monde ? — Ah non, c’est à côté » nous répond un anus excentrique. Depuis cet à côté, Thierry Lagalla nous parle de Nice capitale, des patates sœurs de lumière (potatoes & light), du vide dans le seau, de la banane sans fin, d’une mortadella empaillée, d’un gòbi célébré à la sauce Las Vegas… autant de couples improbables qui vivent poétiquement leur union. Un œuvre burlesque qui, telle une boîte à MEUH, agit par renversement et nous laisse entendre, par les trous faits dans le réel, le plus profond des meuglements arraché à la nature.

L’art chez Lagalla est une sorte de monde réel créé par l’esprit qui envahit le monde des choses, un véritable service hospitalier à l’ambivalence, ni d’antithèse, ni de succession. Une demeure croissante où, la figure et le langage vivent, avec ravissement, leur androgynie et leur simultanéité.