Tom Henderson — Lumière Acoustique

Exposition

Peinture, sculpture, techniques mixtes

Tom Henderson
Lumière Acoustique

Passé : 13 octobre → 30 novembre 2017

L’artiste britannique Tom Henderson aime la lumière, les couleurs fortes, les miroirs, le contreplaqué et les panneaux d’acrylique. Ses outils sont des cutters, des pointes sèches et de la laque industrielle.

Bien que ses œuvres, comme toute œuvre classique, s’accrochent à plat contre le mur, ce ne sont pas des œuvres standard. Elles se situent quelque part entre la peinture et la sculpture, dans une bi ou tridimensionnalité. Pour apprécier les œuvres de Tom Henderson, on ne doit pas les regarder de manière statique.

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Tom Henderson, One Inch Thoughts *3, 2017 Peinture automatique sur acrylique moulé — 30 × 30 cm

C’est le mouvement, le changement constant de point de vue du spectateur, qui donne vie aux œuvres de Tom Henderson et dévoile leurs secrets. Une surface sombre, plate et triste peut se transformer en une œuvre étrange aux multiples superpositions, si on l’observe d’un angle particulier. Et comme toute chose dans la vie, tout est une question de perspective.

Tom Henderson est né en 1976 à Londres. Il découvre son amour pour l’art à l’école grâce à l’encouragement précieux de Gordon Baldwin, son professeur en céramique. Après l’école, il étudie les arts appliqués à l’université de Newcastle sur Tyne, où il décide de devenir sculpteur. Richard Serra était alors son idole absolue.

Il fut toujours intrigué par les objets et les choses impliquant le spectateur, le forçant à participer activement à l’expérience artistique. Les œuvres de Tom Henderson sont toutes à la fois intellectuellement stimulantes et réduites à leur pur esthétisme. On peut parler de l’art d’Henderson comme d’un minimalisme poétique.

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Vue de l’exposition

Tom Henderson aime faire des séries, qui sont toutes des variations sur un même thème. Mouvement, hasard, illusion d’optique, curiosité irréfragable pour les artistes comme lui devant ce qu’on peut faire avec un matériau. Les artistes au spectre le plus étendu sont ses préférés. Tom Henderson a toujours été fasciné par les matériaux utilisés par les sculpteurs et comme Richard Serra, il aime imaginer ce qu’il peut faire avec le matériau choisi ou même ce qu’il peut lui faire. Il considère le bois comme un matériau chaleureux, qui vous apporte le calme et que l’on peut aisément couper, coller, peindre, tordre, ciseler et qui restera lui-même. Même chose pour les panneaux d’acrylique, qui possèdent l’atout majeur d’être translucides, et que l’on peut à la fois travailler de tous côtés et même sur les bords : on a ainsi l’impression que la lumière vient de l’intérieur.

Toutes ses œuvres ont un point commun, mais pour comprendre la philosophie de Tom, on doit être prêt à ne pas rester immobile devant l’une de ses œuvres ou alors, il faut changer son angle d’observation. Si le spectateur va de droite à gauche en observant par exemple l’une des grandes œuvres rayées comme Flatland de la série Wall, il verra la surface se modifier comme une soie moirée. Ou alors, la lumière prise dans les lignes se reflétant dans les applications vigoureuses réalisées à la peinture à l’huile. Ou les différents reflets de miroir dans les séries obliques, qui n’apparaissent seulement que lorsqu’on se déplace devant chaque œuvre.

Manière osée voire audacieuse, Tom utilise pour toutes ses œuvres la couleur, et toujours de manière surprenante. En effet, pour Tom, la couleur ne résulte pas d’une idée ou d’une philosophie particulière — elle est juste utilisée pour des raisons purement esthétiques.

Les séries Arclight créées avec le matériau préféré de l’artiste, des panneaux d’acrylique, cherchent ainsi à explorer des angles nouveaux. Ainsi le panneau est divisé en grille — idée similaire de la série Flatland. Les panneaux sont coupés en plusieurs segments et les bords de chaque segment sont imprégnés de couleur donnant ainsi une impression de lumière irradiant de l’œuvre. Ces segments sont ensuite réassemblés et la couleur pénétrant dans les bordures se diffuse dans l’ensemble de la surface de l’œuvre. La lumière naturelle réfléchit ces bords créant une douce diffusion colorée de chaque côté de l’œuvre, chaque segment se répondant en nuances alternées. La couleur elle-même, fabrique sa propre luminosité intrinsèque.

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Tom Henderson, Hollow Talk, 2016 Peinture automatique sur acrylique moulé — 101 × 130 cm

Les grilles, contrairement aux œuvres de la série Flatland, sont bancales. Elles tentent implicitement d’être régulières mais n’y arrivent pas. C’est bien sûr, l’idée de l’allégorie de la Caverne de Platon, que nous avons tous en tête la forme parfaite, mais qu’autour de nous, nous ne voyons que des copies imparfaites.

Le groupe d’œuvres incluant Acoustic light, ressemble moins à des grilles et davantage à des paysages de collines éloignées mais réduites aux purs éléments abstraits de contours lointains et de couleurs identiques. Chaque projet est assez surprenant, les bords colorés des segments coupés de panneau d’acrylique semblent suinter dans une image plane et tridimensionnelle comme si l’œuvre était subtilement éclairée de l’intérieur par des LED.

La série Polygon, est une prolongation du projet Arclight, où l’artiste construit ses œuvres dès le départ par l’utilisation de feuilles d’aluminium assemblées par une charnière, peintes de tous côtés et accrochées au mur. L’apparence finale est due au hasard et surtout à la gravité, ce qui déterminera l’agencement définitif de l’accrochage.

L’important étant, ici, que l’œuvre paraisse prendre corps d’elle-même, afin que l’artiste puisse lui donner un souffle propre qui n’existerait pas dans un travail aussi minimaliste que celui-ci .

L’artiste Richard Serra1 est sans nul doute une source d’inspiration pour Tom Henderson tout comme Agnès Martin2 et ses délicates nuances. L’aspect le plus fascinant des Polygones est sans doute ce questionnement que la lumière ne vient ni du recto ni du verso de l’œuvre mais semble venir de l’intérieur.

Les peintures Flatland sont des œuvres constituées de carrés posés ça et là sur une surface plane révélant un au-delà tridimensionnel reflétant certaines parties de l’environnement dans lequel se trouve chaque tableau. Les carrés eux-mêmes sont construits de manière à retrouver des carrés réguliers à l’intérieur même des lignes d’une grille librement dessinée. Si le hasard offre quatre lignes d’intersection pour faire un carré, Tom enlève la peinture de cette partie de la surface miroitée afin de révéler les minuscules reflets presque déconnectés du monde dans lequel nous vivons.

Les œuvres existent, à la fois en bi dimensionnalité, en perspective libre, comme peintures abstraites mais ouvrant sur la réalité de notre royaume en trois dimensions. D’une certaine manière, si on inclue le mouvement et la mobilité d’une personne regardant les œuvres, alors les angles de vue, les reflets changent et tout se rapporte alors à une quatrième dimension.

Le titre des séries vient d’une nouvelle fantastique intitulée « Flatland — une romance à plusieurs dimensions — qui fut écrite par un prêtre et professeur anglais, Edwin Abbott Abbott et publié en 1884.

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Vue de l’exposition

Sous le pseudonyme de « A Square», Flatland est une charmante mais un peu banale histoire d’êtres imaginaires ou de polygones vivants sur la planète Euclide. C’est à la fois, une remarque sur la société victorienne de l’époque, autant que la recherche d’une possibilité d’envisager d’autres dimensions possibles. Le livre débute avec une vie en bi dimension peuplée de lignes, triangles, carrés, pentagones, cercles etc… dont la régularité et le nombre de côtés déterminent le statut social. Un jour, « A square» rencontre une sphère en trois dimensions qu’il ne comprend pas jusqu’à ce qu’il soit emmené sur Spaceland afin de voir par lui-même. Cela devient une exploration mathématique assez complexe avec l’idée de dimensions multiples à part celles que nous connaissons et comprenons. Malheureusement, à la fin du livre, après son retour dans Flatland éclairé, notre héro bi dimensionnel est en fait emprisonné pour avoir affirmé l’existence d’autres dimensions ! Tom Henderson a lu Flatland il y a plusieurs années mais ce n’est que récemment qu’il s’est rendu compte qu’il y avait une sorte de corrélation entre son œuvre et le livre. La plus grande partie de son travail, et pas seulement les peintures de la série Flatland, a pour but de faire advenir l’art dans le no man’s land existant entre la deuxième et la troisième dimension, quelque part entre la peinture et la sculpture où, si cette région existe, son œuvre est présente ou pas du tout.

Isabelle Von Rundstedt & Tom Henderson Août 2017

1 Richard Serra : artiste contemporain américain, rattaché au minimalisme

2 Agnès Martin : artiste canado-américaine, considérée comme proche du minimalisme

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