Valentin Rilliet — The Dream Synopsis — Galerie Peter Kilchmann — Exposition — Slash Paris

Encore 27 jours : 24 mai → 19 juillet 2025

Valentin Rilliet — Galerie Peter Kilchmann Valentin Rilliet présente à la galerie Peter Kilchmann un ensemble très intéressant de peintures qui fait converser les influences ... 1 - Pas mal Critique

La galerie Peter Kilchmann présente la deuxième exposition personnelle du peintre suisse Valentin Rilliet (né en 1996 à Genève, Suisse ; vit et travaille à Genève). The Dream Synopsis est la première exposition de l’artiste à Paris. Le titre de l’exposition fait référence à l’approche adoptée par Rilliet dans ses œuvres récentes, fondée sur une perspective plus ouverte, associative et onirique, s’éloignant des thèmes liés à des lieux ou à des sources spécifiques qui caractérisaient ses séries précédentes. Dans ces nouvelles peintures à l’huile et œuvres sur papier, l’artiste élargit le champ narratif de sa pratique, créant avec fantaisie une mythologie singulière à travers laquelle il poursuit le développement de son langage visuel.

Pendant la conception de ce nouveau corpus, Rilliet a participé à la résidence artistique Swatch Art Peace à Shanghai, en Chine, pendant trois mois. Il a achevé ses peintures à son retour à Genève au printemps. Il s’agissait de sa deuxième résidence en Chine en moins d’un an, après un séjour de six mois à Chongqing, dans la province du Sichuan.

Élevé à Genève par une mère chinoise et un père suisse, le travail de Rilliet est profondément marqué par une identité biculturelle, qu’il ne cherche ni à simplifier ni à résoudre, mais qu’il utilise plutôt comme une tension créative et motrice au sein de sa pratique. Formé à la peinture à Zurich et à Londres, son style visuel reflète l’influence de l’artiste américano-russe Sanya Kantarovsky, dont les figures ironiques et l’intensité psychologique résonnent dans les compositions de Rilliet. De plus, l’approche narrative de R.B. Kitaj, sa composition chromatique et son récit visuel fragmenté constituent un ancrage historique important pour les explorations de Rilliet.

Certains éléments de ses œuvres antérieures subsistent dans cette nouvelle série. Bien que Rilliet continue d’explorer les échanges culturels complexes entre son héritage chinois et son éducation dans le canon artistique occidental, il s’est cette fois-ci également laissé aller à expérimenter des matériaux spécifiques à certaines cultures pour dessiner et peindre, les intégrant comme des agents narratifs au sein même des œuvres.

L’exposition présente dix peintures sur toile et neuf œuvres sur papier. Chaque pièce contient une vision relevant du réalisme magique, composée de manière unique et subtilement équilibrée. Au centre de chaque peinture, une figure — généralement en mouvement — anime une scène distincte. Ces figures jouent souvent le rôle de protagonistes dans des scènes mystérieuses ou ambigües, qui brouillent la frontière entre mémoire et imagination. Rilliet s’inspire d’éléments de ses séries précédentes, développant son utilisation des brochures de propagande socialiste chinoise et des « livres d’images » (连环画, Lián Huán Huà) comme matériaux de référence. Il recontextualise des fragments issus de ces influences et les combine à des paysages, motifs architecturaux et figures observés lors de ses voyages en Chine, créant des compositions stratifiées riches en métaphores et en textures.

Un aspect particulièrement expérimental de cette nouvelle série est l’utilisation de papier tibétain, commandé depuis Lhassa. Ce papier, épais et résistant comme les rouleaux destinés aux textes sacrés ou aux ouvrages d’archives, est traditionnellement fabriqué à partir de l’écorce du buisson de Daphné, qui le rend toxique pour les insectes et le protège ainsi de la décomposition. Rilliet a exploré les limites de ce matériau, souvent confronté à son imprévisibilité. Ses premières tentatives ont vu l’encre se répandre trop rapidement ou de manière incontrôlée sur la surface. L’application de la peinture à l’huile fut également un défi. Pourtant, il a accueilli ces obstacles avec enthousiasme. Il en est venu à apprécier le fait que le matériau lui-même commence à dicter certains aspects du récit. Cette imprévisibilité est devenue partie intégrante du processus, une expérience révélatrice pour le jeune peintre qui, jusqu’alors, avait abordé ses compositions avec davantage de contrôle sur des supports plus conventionnels.

Ce lâcher-prise et cette improvisation induite par le matériau s’alignent avec la logique associative libre qui sous-tend l’ensemble de la série. C’est une méthode qui invite à la surprise, permettant aux propriétés physiques du médium d’influencer le récit autant que les intentions de l’artiste.

Valentin Rilliet (né en 1996 à Genève, Suisse), vit et travaille à Genève. En 2023, il est diplômé d’un MFA en arts plastiques de la ZHdK (Université des arts de Zurich) après avoir obtenu un BFA à la Slade School of Fine Art, University College London (Royaume-Uni) en 2020. En 2023, il reçoit le prix Yvonne-Lang Chardonnens Stiftung ainsi que le soutien de Pro Helvetia (résidence d’artiste à Chongqing, Chine) et la résidence Swatch Peace Artist. À l’automne 2024, il présente sa première exposition personnelle à la Galerie Peter Kilchmann. Son travail a été exposé à LINSEED Projects (Shanghai, 2024), Atelier Righini Fries (Zurich, 2024), Espace TOPIC (Genève, 2024), la Grosse Regionale (Rapperswil, 2023), Galerie Peter Kilchmann (Zurich, 2023), Modern Animals Gallery (Zurich, 2023), Bahay Contemporary (Genève, 2023), Sonnenstube Offspace (Lugano, 2022). Ses œuvres font partie de collections publiques et privées en Suisse, Chine, Allemagne, Royaume-Uni et États-Unis, notamment celles de la Ville de Zurich, de la Banque cantonale zurichoise, de la collection de La Poste suisse, de la Fondation Leir, ainsi que de la Collection royale du prince et de la princesse héritiers du Luxembourg.