Valérie Favre — La vie devant soi
Exposition
Valérie Favre
La vie devant soi
Passé : 5 septembre → 25 octobre 2020
Valérie Favre — Galerie C Au gré des obsessions qui ont irrigué son imaginaire, Valérie Favre nous convie dans l’espace de la galerie C dont elle inaugure l’... CritiqueÀ l’occasion de l’ouverture d’une nouvelle galerie, dans une année au contexte étrange La vie devant soi apparaît comme un serment, une oraison indiquant le cap d’une nouvelle aventure. C’est aussi la réalisation de la promesse du retour, à Paris, de l’artiste Valérie Favre et la monstration de l’amitié indéfectible que lui porte son galeriste Christian Egger. Tourné vers l’avenir, le titre de l’exposition monographique renvoie, par ailleurs, à deux séries inédites de Valérie Favre : l’homonyme La vie devant soi et Le Bateau des poètes.
À l’instar de celui qui se faisait appeler Emile Ajar, à qui elle emprunte le titre de son exposition, l’idée du « double je » est omniprésent chez Valérie Favre. Dans la galerie tout d’abord où plusieurs accrochages-décrochages seront opérés : offrant différents visages à l’exposition ainsi qu’une vision de la diversité de son œuvre. Dans son travail s’opère également des allers-retours entre des œuvres méthodiques, ponctuelles et intimes (on pense aux séries Cosmos/Univers, aux Balls and tunnels ou aux Poulinières) et de longues séries thématiques et référencées (comme les Suicide series) auxquelles les Bateaux des poètes semblent appartenir.
Cette dichotomie ne peut cependant pas tenir, tant l’œuvre de Valérie Favre est liée, reliée, connectée et pensée comme un système ou plutôt comme une constellation. C’est cette même voute étoilée qui peuple les ciels et les fonds de ses toiles et de ses « univers ». À la manière de ces poètes embarqué. e.s qui passent d’un vers à l’autre, l’artiste lie une série d’œuvres à une autre offrant à l’ensemble de son travail cet équilibre si cher à l’art de la prose. Ainsi on retrouve, dans ses toiles, ses compagnes et compagnons de routes éternel.le.s (Georges Bernanos, Paul Celan, Sarah Kane, Virginia Woolf, Robert Walser,…) pour certain.e.s déjà présent.e.s dans des travaux plus anciens (La série des « suicides » ) mais aussi de nouvelles figures comme par exemple Dalida, Marina Tsvetaeva et d’autres que l’artiste a décidé d’intégrer dans ses œuvres au fil de ses lectures et de l’enrichissement de son corpus de vies d’artistes.
Une histoire d’amour s’écrit donc dans cette exposition. Avec la littérature certes mais aussi avec un médium : celui de la peinture. Une peinture avec laquelle Valérie Favre compose passant ici de la tempera à l’huile, des aplats aux modelés, du cerne net à la matière aérienne, plus diluée. Judicieusement appliqués par l’artiste, chaque effets, chaque manières servent alors le tableau. C’est aussi là que réside la force des œuvres de l’artiste : dans leurs capacités à jouer avec leur matérialité. Dans cet élan, les œuvres de la série des Vie devant soi (d’après le panneau de Aelbert van Ouwater, La résurrection de Lazare, vers 1450-60) apparaissent radicalement picturales. La matière s’y exprime, se transcende et dans son ascension nous invite à prendre de la hauteur, à regarder au-delà : devant soi.
L’artiste
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Valérie Favre