William Kentridge — Finally Memory Yields

Exposition

Techniques mixtes

William Kentridge
Finally Memory Yields

Passé : 18 octobre → 27 novembre 2021

William kentridge marian goodman2 1 grid William Kentridge — Galerie Marian Goodman À la galerie Marian Goodman, William Kentridge présente des œuvres inédites où pages, feuillages, pinceaux et écorces se mêlent dan... 1 - Pas mal Critique

Chaque rencontre avec le monde est un mélange de ce que le monde nous apporte et de ce que nous projetons sur lui. L’arbre n’est jamais seulement un arbre.

 — William Kentridge, conférence Peripheral Thinking.

La galerie Marian Goodman a le plaisir de présenter les nouvelles œuvres de William Kentridge à partir du 18 octobre. L’exposition se déroule à la galerie et à la librairie parallèlement à la FIAC et jusqu’au 27 novembre. Finally Memory Yields inclut la projection du film d’animation Sibyl (2020), des dessins uniques en grand format ainsi qu’une sélection d’eaux-fortes et de linogravures.

Au rez-de-chaussée de la galerie, trois grands nouveaux dessins réalisés à l’encre de Chine, Finally Memory Yields, Not Everywhere But Anywhereet An Argument Mired in Nostalgia figurent parmi les plus grands dessins d’arbres jamais créés par Kentridge. Exposés pour la première fois, ils seront également inclus l’année prochaine dans une exposition personnelle à la Royal Academy of Arts à Londres.

Les arbres, qui émaillent sa pratique, sont pour Kentridge liés à deux souvenirs et malentendus : tout d’abord lorsqu’un ami décrivit la création d’un « T-shirt », l’oreille de Kentridge entendit « a tree search » ; et ensuite lorsque son père, l’avocat qui prit la défense de Nelson Mandela, Albert Luthuli et d’autres au cours des « Treason Trials », les procès en trahison de 1956-1961 en Afrique du Sud, Kentridge, alors enfant, entendit « trees and tiles ».

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William Kentridge, The Pool Ahead is Not To Be Trusted, 2019 Courtesy Kentridge Studio and Marian Goodman Gallery — Photo credit: Rebecca Fanuele

Plusieurs décennies plus tard, alors qu’il travaille à l’encre de Chine pour dessiner et représenter divers objets, William Kentridge découvre la beauté fortuite de l’utilisation d’un pinceau usé pour créer des branches et des feuilles. La vertu du « mauvais pinceau » est précisément que celui-ci « ayant perdu son sens, est mieux à même de rendre le caractère aléatoire du feuillage » explique Kentridge lors de sa conférence Peripheral Thinking. Il va plus loin dans A pas de panthère : Dix conversations entre William Kentridge et Denis Hirson : « C’était un exemple où les matériaux et le processus disaient : “Voici les arbres, attendant d’être peints par de mauvais pinceaux.” »

Pour créer ces œuvres, Kentridge superpose invariablement plusieurs pages de papier — les « tiles » de ses arbres — de sorte qu’en plus du feuillage complexe né du « mauvais pinceau », s’y mêle un ensemble dense de détours et d’associations. Les pages elles-mêmes sont aussi le produit d’une croissance réelle, et Kentridge le dit, « les arbres ont donné des livres, puis le papier et les mots qu’ils contiennent (ou libèrent). »

Cette impression de myriades de couches — papiers, mots et images — et en particulier la prolifération de feuilles de chêne mêlées d’associations à première vue fortuites — devient évidente dans le film Sibyl, projeté au niveau inférieur de la galerie. Des fragments de phrases et de pensées défilent sur les pages d’un dictionnaire, ponctués de figures dansantes, d’arbres, de feuilles et de formes géométriques. Le film d’animation a été conçu pour son opéra de chambre Waiting for the Sibyl, crée en 2019 sur une commande du Teatro dell’Opera di Roma. Avec les compositeurs dudit opéra, Nhlanhla Mahlangu et Kyle Shepherd, William Kentridge a conçu une partition inédite pour le film aussi cacophonique que les pages animées.

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William Kentridge, Drawing for Waiting for the Sibyl (24 Leaves), 2021 Courtesy Kentridge Studio and Marian Goodman Gallery — Photo credit: Rebecca Fanuele

La sélection d’eaux-fortes et de linogravures de figures dansantes, de fleurs, d’arbres et de feuilles, que Kentridge a disposée à travers l’exposition émerge de cette même trajectoire de travail et de réflexion :

« Les pages tournantes de Sibyl font allusion au mythe de la Sibylle de Cumes, qui écrivait votre destin sur une feuille de chêne et plaçait la feuille à l’entrée de sa grotte, formant peu à peu un amas de feuilles. Mais, alors que vous alliez récupérer la feuille vous correspondant, un vent se mettait alors à souffler et faisait tourbillonner les feuilles, de sorte que vous ne saviez jamais si vous obteniez votre destin ou celui d’un d’autre. On souhaite éviter son destin, mais on sait qu’on va droit vers lui. Vous savez qu’il se produira, mais vous ne pouvez pas le prévoir.

Il plane sur cette pièce l’idée que notre Sibylle contemporaine est en réalité l’algorithme, qui connaît nos destins mieux que nous-mêmes.

Les phrases qui apparaissent dans l’opéra de chambre proviennent d’un large éventail de sources : de proverbes, de phrases trouvées dans des cahiers, de vers de poètes de Finlande, d’Israël, d’Afrique du Sud, d’Afrique du Nord, de différents endroits d’Amérique du Sud et de par le monde — qui sont soit utilisées telles quelles, soit adaptées ou modifiées, mais qui répondent en quelque sorte à la question : « Dans quel but ? »

— William Kentridge, atelier de Johannesbourg, 2020

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William Kentridge, Drawing for Waiting for the Sibyl (Geometry of Colour), 2021 Courtesy Kentridge Studio and Marian Goodman Gallery — Photo credit: Rebecca Fanuele

William Kentridge est né en 1955 à Johannesbourg en Afrique du Sud où il vit et travaille toujours. Son œuvre pluridisciplinaire embrasse le dessin, le film, la gravure, la performance, la sculpture et la peinture. Kentridge a également été salué pour ses nombreuses mises en scènes d’opéras et de productions théâtrales. Il a participé à un nombre significatif de manifestations et biennales internationales comme la Documenta X (1997), XI (2002), et XIII et la Biennale de Venise (1993, 1999 et 2005). Kentridge est le récipiendaire de multiples prix et distinctions comme le Praemium Imperiale Award de peinture (2019). En septembre 2021 il est nommé membre étranger associé à l’Académie des Beaux-Arts en France. Ses plus récentes expositions personnelles se sont tenues au MUDAM, Luxembourg (2021) ; Musée Lille Métropole d’art moderne, contemporain et d’art brut (LaM), Villeneuve d’Ascq, France (2020) ; Norval Foundation et Zeitz MOCAA, Cape Town, Afrique du Sud (2019-2020) ; Kunstmuseum Basel, Bâle, Suisse (2019). En 2017 Kentridge fonde le Centre for the Less Good Idea, un lieu interdisciplinaire et d’incubation pour les arts basé à Maboneng à Johannesbourg, et dont la huitième saison se tient mi-octobre 2021. A partir du 30 octobre 2021, l’opéra Waiting for the Sibyl sera joué au Royal Dramatic Theater de Stockholm en Suède tandis que de septembre à décembre 2022 une grande rétrospective de son travail sera organisée à la Royal Academy of Arts de Londres.

Une conversation entre William Kentridge et Denis Hirson, auteur et ami de longue date de Kentridge, se tiendra à la galerie mardi 19 octobre de 17h à 18h, suivie d’une signature des livres les plus récents de Kentridge tels que Waiting for the Sibyl (Koenig, 2021) et À pas de panthère : Dix conversations entre William Kentridge et Denis Hirson (Dilecta, 2020).

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