Pascale Marthine Tayou — Transgressions
Exhibition
Pascale Marthine Tayou
Transgressions
Past: May 14 → October 2, 2011
Jean Apollinaire Tayou est né au Cameroun. Au milieu des années 1990, il a changé de nom et l’a décliné au féminin pour devenir Pascal(e) Marthin(e) Tayou. Cela a marqué le début d’un nomadisme artistique, géographique et culturel incessant qui a placé Tayou au premier rang de la scène artistique contemporaine.
Le travail de Tayou, comme son nom, est délibérément fluide et évite les catégorisations préétablies. Multiple, passionnant, irrésistible, profond, inattendu, proliférant et varié, il est toujours lié à l’idée de voyage et de rencontre avec l’altérité. Le voyage n’est pas seulement une nécessité vitale pour Tayou, c’est également une condition psychologique capable de subvertir les relations sociales et les structures politiques, économiques et symboliques de nos vies.
Le travail de Tayou est conçu in situ en prenant étroitement en compte le temps et le lieu présents. Tout nouveau projet d’exposition est vu par l’artiste comme une célébration de la vie et comme une expérience relationnelle avec tout — c’est-à-dire avec un lieu, des gens, une culture, une histoire et les matières et objets qui peuplent ce monde. « Un mélange entre le sel et le sucre », c’est ainsi que l’artiste définit ses expositions.
« C’est la vie. Nous sommes heureux puis tristes, et vice versa, et ainsi de suite. C’est l’harmonie : un peu de lumière, un peu d’obscurité. Quand je crée une exposition, j’essaye toujours de jouer avec cette condition d’être humain. »
Cette approche apparaît dans les projets d’expositions les plus importants que l’artiste a réalisés ces dernières années. C’est ce que l’on peut voir dans Human Being @ Work (Êtres humains au travail), la grande installation qu’il a présentée à la biennale de Venise en 2009, un microcosme grouillant de vie qui fonctionne au moyen d’accumulations et de profusion, de stratification de la matière, de surimpression de plans et de volumes. Ce microcosme revient sur une réalité composée de rituel, des nécessités et des contradictions du quotidien. Pascale Marthine Tayou a également réalisé Matiti Elobi au château de Blandy-les-Tours en France en 2008. Enfin, il y a ses très récentes expositions personnelles Always All Ways. Omnes viae Malmö ducunt (Malmö Konsthall en Suède, et, à partir du 24 février au 15 mai 2011, au MAC à Lyon) et Traffic Jam (Lille, France, 2010, deux projets extraordinairement riches et complexes où les formes anciennes et nouvelles rejouent la métamorphose du monde, redéfinissant les thèmes post-coloniaux à travers l’expérience européenne et analysant l’identité et les conditions culturelles créées par la mondialisation.
Dans Transgressions, l’esthétique de Pascale Marthine Tayou nous entraîne une fois de plus dans un voyage de retour sans fin entre le continent africain et sa perception par les autres. Les œuvres, pour la plupart nouvelles ou réalisées in situ, forment un chemin au cours duquel l’artiste nous invite à rencontrer différents personnages, racontant leurs histoires et mettant en scène des moments de la vie, des lieux, des atmosphères, des réalités et des fantasmes.
Les deux sculptures en bronze à l’échelle humaine représentent une figure légendaire d’un village égyptien. Les sculptures s’appuient sur deux petits talismans de fertilité et sont accompagnées de cet ancien conte : un homme qui est physiquement incapable de prendre part à une longue bataille reste au village avec les femmes et les enfants. Quand les hommes rentrent de guerre, ils se rendent compte que le nombre de jeunes gens dans la tribu a considérablement augmenté en leur absence…
La galerie de portraits se poursuit avec ici, les paysages photographiques qui forment la toile de fond d’autres figures humaines en cristal, une série de masques ponctuent les murs, et un long rituel, auquel nous ne pouvons avoir accès qu’à travers le regard, nous permet l’espace d’un instant de partager l’intimité et les secrets de ce monde.
Pour une exposition personnelle qui s’est déroulée récemment au Goethe Institut de Johannesburg (Afrique du Sud), Tayou a produit des enseignes en néon où sont épelées des expressions et des déclarations que l’artiste s’est appropriées dans l’un des lieux de rencontres les plus fréquentés de la ville. Il a également produit une série de portes qu’il a dessinée et ornée d’une série de détails issus des images et des objets qui font partie de la tradition africaine, ainsi que de nombreuses statuettes coloniales aux visages basanés et aux vêtements occidentaux. Cette représentation de la modernité postcoloniale traduit une réalité qui subit des transformations constantes, pleine d’énergie et de vitalité mais aussi complexe et contradictoire.
La victoire de Mandela lors des élections présidentielles de 1994 et la politique de recrutement des Noirs dans le secteur public qui s’en est suivie a donné lieu à la naissance d’une nouvelle catégorie sociale, les Diamants Noirs. C’est également le titre d’un nouveau cycle de travaux que l’artiste a produit pour Transgressions. Il s’agit de figures dessinées sur une surface en bois couverte de poussière, parsemée de trous et recouverte de masses de paillettes colorées et scintillantes. Dans ces œuvres, Tayou réfléchit aux nombreuses problématiques liées à l’extraction et au commerce de diamants dans plusieurs parties du monde (dans ce cas, l’Angola, le Congo, la Chine). Comme à son habitude, il prend comme point de départ des êtres humains et l’histoire de l’individu.
Dans l’exposition, on trouve aussi Me as my Mother (2004) et une installation monumentale pour laquelle Pascale Marthine Tayou utilise des tables, des chaises et des télévisions trouvées sur place. L’artiste reconstruit la vie quotidienne d’un intérieur domestique où le rythme de la vie est marqué par les programmes du câble.
Opening hours
Wednesday – Sunday, noon – 6 PM
Other times by appointment
The artist
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Pascale Marthine Tayou