Giulia Andreani
Née en 1985 à Venise, Giulia Andreani poursuit des études en histoire de l’art à la Sorbonne après avoir été diplômée des Beaux-Arts de Venise. Là, elle confronte sa pratique à la recherche, inséparable des multiples projets qu’elle présente au long de séries thématiques. Présentée en 2012 au Salon de Montrouge, elle multiplie les expositions solo et collectives en France et à l’international. Pensionnaire de la Villa Médicis en 2017, elle est depuis 2018 représentée par la galerie Max Hetzler (Paris, Berlin, Londres). Nommée au Prix Duchamp en 2022, elle participe à la Biennale de Venise 2024 dans l’exposition internationale Strangers Everywhere.
La peinture de Giulia Andreani parle pour les absents, pour les absences. Chez elle, l’histoire se joue à la faveur du pinceau, avec cette même intensité sourde que la dissipation du souvenir. Coulures subtiles, tonalité chromatique uniforme basée sur le gris de Payne, Giulia Andreani s’attaque à la réalité et lui impose le bruissement du souvenir autant que le silence de l’effacement, toujours en cours, de la mémoire.
C’est précisément de cette perte, ou plutôt du combat contre la perte que naît la véritable création de l’artiste. Derrière ses toiles figuratives à l’acrylique et à l’huile, derrière ses aquarelles sur papier se cachent autant de constellations d’histoires croisées, communes et singulières où les figures historiques côtoient l’intimité d’albums de familles, où les destins singuliers rencontrent les plans de cinéma.
En effet, si ses recherches iconographiques la mènent à traiter de l’histoire de son pays, l’Italie, ainsi que des figures internationales de la Guerre Froide, c’est bien la porosité de toute « représentation » du réel qui marque dans sa peinture. Entre des portraits de dictateurs réalisés à partir de photographies de jeunesse (Forever Young) et des reproductions de scènes de films italiens, Giulia Andreani distille une étonnante ambiguïté. La calme évidence, voire la légèreté, de ses figures représentées trahissent une violence terrible en jeu dans ces histoires, dans ces sociétés. Sans hiérarchie, les figures internationales côtoient ainsi les anonymes, les portraits sobres font face aux images de spectacle.
De cette dose d’aléatoire transparaît alors une reconstitution fragmentée et éclatée qui fait de chacune des images reproduites un étrange moment « décisif », une séquence nécessaire à cette narration singulière qu’elle exhume pour en faire surgir toute l’actualité.
Guillaume Benoit
Lire notre critique de l’exposition Giulia Andreani, Intermezzo, VNH Gallery, 2018
Lire notre article de présentation de Giulia Andreani