Antoine Grumbach — Les Yeux du Ciel
Exposition
Antoine Grumbach
Les Yeux du Ciel
Passé : 16 septembre 2023 → 15 janvier 2024
“Je vois l’œil de celui qui voit mon œil” Antoine Grumbach
Véronique Jaeger est heureuse d’annoncer le second volet du cycle annuel ENCHAN-TEMPS, l’exposition intitulée Les Yeux du Ciel consacrée à l’artiste-architecte Antoine GRUMBACH dont l’inauguration se déroulera le samedi 16 septembre, lors des journées du patrimoine.
Antoine Grumbach (1942) est un artiste-architecte-urbaniste, diplômé de l’Ecole des Beaux-arts en 1967 et Grand Prix national d’urbanisme et d’art urbain en 1992. Ses réalisations internationales et grands projets architecturaux et urbanistes sont innombrables entre le cours Mirabeau d’Aix en Provence, le pont habité de la Tamise à Londres, la restructuration du quartier historique de Shanghai, le Grand Moscou, le tramway de Paris et le Grand Paris « Seine Métropole »… tout autant que son enseignement durant plus de 40 ans dans les Ecoles nationales d’architecture de Paris-La Villette et Belleville, des ponts et chaussées et universités de Harvard, Princeton, Essex et Toronto. Connu comme un réparateur des villes, Antoine Grumbach pense la ville d’une manière continue, infiniment complexe et perpétuellement inachevée, envisageant son développement et son renouvellement sans nécessairement prévoir sa démolition ou son remplacement ; il envisage la modernité non comme une rupture ou une restauration mais plutôt comme un savant tressage imbriqué de passé et d’actualité. Reconnu dans sa pensée essentielle sur l’inachèvement perpétuel des villes et soucieux de la valorisation de l’environnement, la jonction de la Métropole avec le territoire de Nature est portée par son travail de réflexion mené depuis des décennies autour du Grand Paris, puis du Grand Moscou. Cette réflexion, fondée sur sa longue expérience d’architecte-urbaniste, l’a amené au constat qu’en 2050, la majorité des habitants de la planète vivront dans des métropoles auxquelles il est essentiel d’intégrer d’ores et déjà des territoires de Nature. Ces métropoles étant indissociables de la Terre qui les porte, les terres inertes issues des excavations-constructions d’Ile de France représentent 10 millions de m3 par an (équivalentes à 4 pyramides de Khéops) et constituent un matériau utile pour créer des aménagements paysagers et remédier à la pollution des sols alors que nous évoluons dans l’ère de l’Anthropocène. Ainsi, de « réparateur des villes », Antoine Grumbach est également un visionnaire dans son regard non seulement des Yeux du Ciel, des Belvédères de Paris ou encore sa réflexion sur la Seine Métropole. De cette pensée, naît le projet de son épouse, la paysagiste Lena Soffer Grumbach et son Axe de lumière, associant la géométrie à la géographie et permettant de s’approprier le paysage de la Seine par des lieux alliant Nature et Culture.
Prolongeant l’œuvre d’artistes de Land Art tels que Robert Smithson, Michael Heizer, Robert Morris ou Dennis Oppenheim, Antoine Grumbach a imaginé aux confins de Paris une œuvre d’art monumentale qu’il qualifie d’Aerial Art, intitulée Les Yeux du Ciel, un regard à la fois posé sur Terre se découvrant de l’intérieur tout autant qu’offert au Ciel à la manière des Géoglyphes de Nazca au Pérou. Les Yeux du Ciel sont situés à Villeneuve-sous-Dammartin dans l’axe des pistes d’atterrissage et de décollage de Roissy CDG sur un plateau de 1,6 kilomètres de longueur par 800m de large et 30 mètres de hauteur. Il s’agit d’un des plus grands sites de réutilisation de terres excavées du BTP, aménagé par la société ECT. Animé par la conviction que les terres inertes et excavées de chantiers vécus toute sa vie comme architecte ne sont pas des déchets mais une matière noble et fertile à valoriser grâce au recyclage, Grumbach a proposé à la société ECT qui gère ces terres une œuvre d’Aerial Art qui réconcilie industrie circulaire, paysage et œuvre d’art monumentale. À l’atterrissage comme au décollage, les passagers des lignes aériennes croiseront le regard de deux yeux grands ouverts célébrant l’accueil ou l’adieu aux voyageurs de la Région parisienne ; ces deux yeux de 400 mètres x 170 m chacun, véritables oasis paysagères, sont tracés et dessinés par des plantations d’arbres au milieu de champs cultivés, sur un théâtre de verdure figuré par une butte aménagée en gradins engazonnés.
Le premier œil, Icare, œil Ouest, sera inauguré à l’automne 2023 conjointement à l’exposition de la galerie. L’iris Ouest a vocation à être un Musée en plein air, célébrant les noces de la Terre et du Ciel, accompagné d’une collection de grandes images des géoglyphes du monde entier. Ce site deviendra le premier musée mondial des arts aériens. La conception de l’iris rend un hommage aux vols aéronautiques. Le plan est directement inspiré par le monument préhistorique de Stonehenge en Grande-Bretagne : deux cercles concentriques de panneaux présentent, l’un, l’exploration du ciel de l’Antiquité à nos jours, l’autre, une collection de reproductions de grande taille (7,20 × 3,60m) des géoglyphes de la préhistoire aux plus récentes œuvres d’Aerial Art. Au centre, une demi-coupole en creux présentera une carte du ciel.
Le deuxième œil, Dédale, œil Est, sera inauguré en 2025-26. Son iris comporte en son centre un belvédère, un observatoire du ciel. Celui-ci est encerclé par 4 labyrinthes : le premier est constitué de végétal, le second de brique, le troisième de pierre et le quatrième de la composition des trois des matériaux précités. Le belvédère en meulière est équipé à sa périphérie d’une table d’orientation en lave émaillée, décrivant le paysage et l’histoire du site ainsi que de ses lointains. Au centre du belvédère, se dresse un Ginkgo Biloba, un arbre portant une symbolique de résilience et de longévité car le premier arbre à avoir repoussé à Hiroshima un an après la bombe nucléaire qui avait détruit la ville.
Ce projet artistique exceptionnel, croisant Land et Aerial Art où une œuvre d’art monumentale est offerte au Grand Paris, à la fois découverte dans le détail de son parcours sur Terre et dans sa totalité depuis le Ciel a été réalisé à la demande de la société ECT pour symboliser et sublimer l’extraordinaire capacité d’aménagement induite par la réutilisation des terres excavées du BTP. Partant du constat Je vois l’œil de celui qui voit mon œil, Antoine Grumbach, l’architecte-artiste se replace dans l’histoire millénaire des grands tracés terrestres visibles depuis l’espace tels que les géoglyphes de Nazca ; ses Yeux du Ciel seront vus par les 170 millions de voyageurs décollant ou atterrissant depuis Roissy en 2026. Une œuvre d’art faite par l’Homme, avec les matériaux de la Terre et pour la Terre.
Au sein de l’exposition Les Yeux du Ciel consacrée à l’artiste-architecte, la Galerie présente les maquettes-sculptures en terre crue et en marbre animées de ses yeux en azulejos peints, réalisés par Viúva Lamego au Portugal. Fondée en 1849, à Lisbonne, Viúva Lamego est un atelier historique et l’une des références mondiales en matière de production d’azulejos. De grands architectes, designers et artistes nationaux et internationaux, modernes et contemporains, réalisent et continuent de créer des projets en azulejos (carreaux) Viúva Lamego : Vieira da Silva, Rem Koolhaas, Yayoi Kusama, Hervé di Rosa, Antonio Segui,
Maria Ana Vasco Costa, Joana Vasconcelos, Zao Wou Ki… Pour la maquette en terre crue, la Galerie a fait appel à un autre artisan d’art d’excellence, Rachid Mizrahi spécialiste de constructions en terre ayant travaillé avec Dani Karavan pour ses premières œuvres en terre crue à partir de 2013. Il collabora aussi avec Celeste Boursier-Mougenot pour la Biennale de Venise en 2015, et réalisa récemment le mobilier de la Gare de Nîmes avec l’agence Canopée. L’édition en marbre Les Yeux du Ciel a été réalisée en collaboration avec Giorgio Angeli, marbrier et tailleur de pierres, prestigieux atelier de sculpture contemporaine qui vit le jour en Toscane, dans les années 1970. Parmi les nombreux artistes internationaux qui ont choisi de travailler avec l’atelier Giorgio Angeli, Isamu Noguchi, dès les années 60, et notamment pour son œuvre Slide Mantra, destinée à un parc à Miami et exposée devant le pavillon américain à la Biennale de Venise de 1986. L’exposition consacrée à Antoine Grumbach met la main et le geste de l’homme au cœur des éléments et du vivant, dans ses multiples formes d’expression : Land art/Aerial art, Art Environnemental, artisanat d’art, sculptures…tout autant que les matériaux utilisés pour la réalisation des œuvres : terre d’Ile de France, érables, terre crue, terre cuite pour les yeux azulejos, marbre…
L’exposition présente également les dessins, photographies et films des Yeux du Ciel, ainsi qu’une sélection des 105 dessins de son Encyclopédie Vagabonde. Depuis toujours, le travail d’Antoine Grumbach s’est développé intimement par le dessin, crayon à la main, guidé par le socle de la mémoire, avec l’imaginaire et la poésie d’associations de mots et de formes. La grande échelle, l’écriture et le dessin ont toujours accompagné son « vagabondage ». (…) J’ai toujours eu une fascination pour l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
Les innombrables planches et les dessins techniques accompagnés par des textes érudits constituent une sorte de mémoire collective qui me fascine. (…) Cet aspect d’inachèvement m’enchante, car aujourd’hui tout savoir est inachevé et fragile (…) Face à l’avalanche des images soulevées par ces réflexions j’ai tenté de prendre la main, la main du dessin, et la main de l’écriture pour concevoir des planches sans sujet, sans discours mais ouvertes à toutes les interprétations possibles dans une sorte de vagabondage de l’esprit. Cet ensemble inachevé fait d’écritures et de dessins automatiques réalise une une sorte d’encyclopédie de mon imagination vagabonde. (…) Les ruines , la cabane primitive , les constructions imaginaires et les tas de terres se glissent souvent dans mes dessins (…) nous dit l’artiste.
Chez Antoine Grumbach, le dessin est à la fois un mode d’expérience et une analyse d’expériences : son immédiateté et sa transparence permettent tous les degrés de montages, de collages, de transpositions et de récupérations par rapport au « trouvé » existant et au « retrouvé » passé. En ce sens, plutôt que par l’architecture traditionnellement conçue, c’est le dessin d’Antoine Grumbach qui, par sa fluidité, nous indique comment l’histoire de l’œuvre et la construction qui en résulte est à la fois enregistrée par une écriture automatique et projetée en futur du passé simultanément.
En partenariat avec ECT et les Films d’ICI, deux films réalisés par Richard Copans et Alain Nahum intitulés L’Oeil du Ciel ont été produits pour la galerie et seront diffusés au sein de l’exposition afin de présenter la premier oeil ICARE vu du Ciel ainsi qu’un court entretien avec Antoine Grumbach.
L’exposition donne à voir le cheminement d’un « artiste architecte », menant à la fois une réflexion continue sur l’aménagement de l’espace, sur la jonction entre l’urbanisation d’une métropole et les territoires naturels dans un savant tressage Culture/Nature, en projetant un Land Art métropolitain capable d’encourager une découverte du Grand Paris par l’appropriation des habitants des paysages qui l’entourent ; Antoine Grumbach crée un espace qui englobe, et rayonne, une pensée visualisée, matérialisée et projetée, celle de l’Ouvert, alliant connaissances acquises et découvertes en chemin, un Ouvert à toutes les interprétations possibles et à l’inachèvement perpétuel, tel une Encyclopédie universelle qui n’arrêterait pas de se déployer.
L’œuvre d’Antoine Grumbach et son dessin sur la surface terrestre des yeux, des collines, des circonvolutions de la Seine relève du même processus de création que celle du dessin sur la feuille de papier, Tracer, Dessiner, Ecrire, puisque le territoire formé est un instrument sur la table à dessin où l’inachevé et le réparable sont toujours des possibles accueillis et bienvenus. Le processus de création, qu’il soit dans une ville, au sein d’un paysage ou dans l’espace intime de la feuille de papier, consiste en l’élaboration, la composition, l’évocation et l’invention d’une œuvre originale, fruit à la fois de connaissances acquises dans différents domaines et d’imaginations vagabondes à l’écriture automatique ouvertes aux multiples possibles.
Cette exposition présentera également deux autres grands projets à l’œuvre :
Les Belvédères du Grand-Paris sont des collines artificielles réparties dans un cercle de 30 km rayonnant autour de Paris, véritables « poumons » de la métropole parisienne dont Notre-Dame est le point central. La création de Belvédères révèle une démarche d’économie circulaire des terres excavées (22 millions de tonnes/an). Ces collines artificielles, baromètre de l’action édilitaire, développent un système lieux identitaires de la métropole du Grand Paris. L’importance des flux urbains de matériaux trouve à se concrétiser dans cette série d’ « oasis verdoyantes », autour desquelles l’urbanisation pourra à terme se déployer. Situés à la limite entre l’urbain et les terres agricoles et forestières, ces belvédères proposent de faire découvrir des paysages variés. Chaque colline s’inscrira comme un Janus monumental dévoilant les limites fragiles entre les deux regards, les Yeux du Ciel constituant le premier belvédère autour de Paris. Ces collines ont initialement été dessinées, sculptées et figurées dans le sable mouillé de la plage de Deauville en tant qu’œuvres éphémères puis photographiées avant d’être détruites par le vent, la mer ou les passants. Des photographies ou dessins de ces belvédères seront exposés.
L’Axe de Lumière pensé par la paysagiste Léna Soffer-Grumbach, prolonge l’axe historique de Paris jusqu’au Havre. Une œuvre à l’échelle du territoire où chaque point de l’axe qui rencontre la Seine devient l’opportunité pour révéler le paysage et les éléments naturels Ciel/ Terre/Eau/Lumière du site. L’axe a été conçu pour intégrer l’art, la culture et la nature dans le projet du Grand Paris d’Antoine Grumbach: Paris-Rouen-Le Havre dont la Seine est la grande rue. Antoine Grumbach est persuadé que l’identité des métropoles est marquée par leur nature géographique dont la vallée de la Seine et son bassin hydrologique constituent le marqueur. Une maquette-sculpture de Léna Soffer- Grumbach figurera ce projet babylonien qu’elle a entièrement pensé comme une rencontre de la géométrie et de la géographie, depuis le Paris urbain jusqu’aux rives de la Manche au Havre.
L’exposition Les Yeux du Ciel est le second volet du cycle de trois expositions en 2023-24 intitulé ENCHAN-TEMPS pensé par Véronique Jaeger, témoignant de l’engagement de la galerie pour les questions de développement durable, d’environnement et la réflexion autour de l’espace, du mouvement, de la mémoire pour des artistes dont l’œuvre monumentale est à la fois profondément ancrée dans des sites de mémoire sur Terre mais se révèle également dans sa pleine vision et monumentalité lorsqu’elle est vue de plus haut, depuis le Ciel. Artistes dont l’œuvre, à la fois singulière et profonde, faite par l’humain et pour l’humain est fondamentalement visionnaire et porteuse de valeurs.
À l’heure de questions fondamentales pour l’avenir de notre humanité, telles que l’Intelligence Artificielle, ses atouts et dangers, le réchauffement climatique, l’urbanisation des villes transformées en mégapoles, la galerie s’engage plus encore dans la défense d’artistes proposant, à travers leur œuvre, un monde fondé sur des notions de développement durable, d’équilibre et de paix, conjuguant à la fois l’expérience du passé, du présent et la vision future, qui s’impose comme l’un des grands enjeux du XXIe siècle.
Les Yeux du Ciel est l’œuvre mature d’un architecte-urbaniste artiste conjuguant expérience, vécu et vision intérieure à la projection, mouvement perpétuel et globalité d’une vision extérieure, ouvrant les perspectives verdoyantes et artistiques d’une œuvre d’art majestueuse ancrée dans le développement durable d’une relation Nature-Culture infinie. Purifier le regard dans la recherche de contenu et de profondeur, entre mémoire et rêve, entre fondation et projection, pour rendre visible et faire émerger toute l’actualité d’une œuvre d’art vivante, fondamentalement ouverte à la relation Ciel-Terre. En élargissant sa vision et la nôtre, Antoine Grumbach offre un visage majestueux à la Terre : il nous invite, à l’ère de l’anthropocène, à redéfinir notre condition de sapiens tout comme à prendre notre envol dans l’espace afin de voir combien Gaïa — œuvrée dans sa beauté naturelle intrinsèque — offre la surface la plus emblématique de tout ce que l’homme a su y dessiner, peindre, sculpter, construire ou inventer écrit Véronique Jaeger sur l’œuvre d’Antoine Grumbach.
Ce cycle d’expositions ENCHAN-TEMPS inauguré en février 2023 par l’exposition Habiter la Terre — Archéologie Intérieure de Dani Karavan et Jean-Paul Philippe, se poursuit mi-septembre avec Les Yeux du Ciel d’Antoine Grumbach et sera clôturé par l’exposition Le Souffle d’Ici — L’Eau de là de Susumu Shingu, sculpteur d’eau et de vent avec lequel nous travaillons depuis 2006 ayant réalisé son Musée du Vent au Japon, récemment exposé au Château de Chambord à l’occasion des 500 ans de la mort de Leonard de Vinci. Susumu Shingu a inauguré en juillet 2023 une exposition avec Renzo Piano au Musée d’Art Nakanoshima à Osaka, au Japon, intitulée Vies Parallèles ; ils ont réalisé plus de 12 projets ensemble. Cette exposition est également l’occasion d’approfondir toute la recherche de Susumu Shingu autour du mouvement perpétuel fondé sur les énergies naturelles qui animent sa sculpture avec des dessins, peintures, sculptures et maquettes de ses grands projets.
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Vernissage Samedi 16 septembre 2023 15:00 → 19:00
Programme de ce lieu
L’artiste
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Antoine Grumbach