Camille Henrot — Présentation de sa monographie Collections préhistoriques avec Anaël Pigeat

Conférence

Edition

Camille Henrot
Présentation de sa monographie Collections préhistoriques avec Anaël Pigeat

Passé : Mercredi 8 juin 2016 19:00 → 21:00

ATTENTION, cet événement est annulé.

Camille Henrot recouvre les pages d’un ouvrage des années 1950 acheté sur Internet, consacré aux collections préhistoriques mises au jour par les fouilles en Algérie.

Sur les silex, les sphéroïdes, les outils et les armes, objets quotidiens d’une civilisation disparue, elle colle nos objets domestiques : télécommandes, médicaments, notices, sacs plastique, plantes vertes, disques, téléphones portables, images érotiques…

« Ainsi s’agencent au fil des pages coquillages, tétons dressés, clef à molette, pinceaux, arbres, cartes postales… Ce n’est pas une litanie d’objets sans ordre ni hiérarchie. C’est plutôt l’invention d’un lieu où plusieurs bouts d’humanité deviennent autant de figures ornementales d’hier et d’aujourd’hui. Des motifs filent de page en page, comme sur les murs d’une fresque grotesque à la fois universelle et très intime, où les choses personnelles de l’artiste, dans sa chambre ou son atelier, et les produits de l’humanité primitive s’entrelacent.

Tous ces produits deviennent grotesques — certainement pas ridicules ou effrayants ; au contraire, ils revêtent cet aspect à la fois proche et lointain, qui nous permet de contempler l’archaïque comme s’il était toujours actuel, et l’actuel comme s’il était déjà archaïque. » (extrait de la préface de Tristan Garcia)

« A l’origine de ce projet, outre l’obsession de la collection d’objets, il y a un livre acheté sur ebay qui s’intitule également Collections préhistoriques et qui porte sur la préhistoire algérienne. Ce livre a une histoire qui est assez emblématique de cette question de la collection et de la circulation des objets : publié quatre ans avant l’indépendance de l’Algérie, il montre des pierres et des objets collectées et répertoriés par des militaires et des prêtres.

En noir et blanc, il est en quelque sorte réédité ici en couleurs sous une version “augmentée” : en gardant une partie du texte qui accompagne les images, des photographies en couleurs d’objets achetées sur ebay sont insérées dans le livre initial et associées ensemble avec des éléments de l’atelier de l’artiste, des choses collectées çà et là, cendres, bouts de pellicules, passe-lacet, dents de requins, piles usagées, photographies amateurs homo-érotiques… Le projet devient à la fois historique et poétique. Dans ce décalage qui se crée avec les images, le texte du livre original prend alors une valeur particulière, plus littéraire dès que la relation aux images n’est plus exacte au sens scientifique. Ces textes, rédigés dans les années 1950, semblent aujourd’hui parler d’une préhistoire fantasmée, tant le langage et la manière de voir paraissent datés. Et c’est parfois très drôle ! Il est d’ailleurs curieux de remarquer que l’éloignement semble encore plus grand avec cette vision des années 1950 qu’avec l’époque préhistorique, comme si par une curieuse géométrie temporelle le temps s’était replié : la préhistoire nous semble alors aussi contemporaine ou proche de nous que le demi-siècle précédent.

La signification de ces textes s’élargit alors très naturellement aux images contemporaines qui se sont ajoutées aux pages du livre original puisque dans le livre l’image et le texte — et pour des raisons différentes — déconstruisent l’histoire de cette préhistoire pour en faire une histoire de l’imaginaire.

Dans Collections préhistoriques il s’agit en fait de faire dialoguer des modes de représentation, de confronter le caractère particulier d’une vision d’artiste et le caractère général de la vision scientifique et de faire de cette histoire de la préhistoire une anthropologie des fantasmes.

Le livre est le format idéal pour réaliser ce dialogue entre l’art, la littérature et les sciences humaines comme l’avait initié Aby Warburg avec Mnémosyne, Georges Bataille avec Documents, Michel Leiris dans L’Afrique Fantôme ou Henri Michaux dans Voyage en Grande Garabagne. » (Camille Henrot)

Présentation de la monographie de Camille Henrot “Collections préhistoriques” avec Anaël Pigeat, rédactrice en chef d’Art Press.

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