Jonathan Binet — Modules
Exposition
Jonathan Binet
Modules
Passé : 28 septembre → 19 novembre 2012
J’ai conçu ma pratique au sein de mon atelier, comme un lieu d’expérimentations, de tentatives, un espace où je mets en place des principes de travail qu’il est nécessaire de rejouer parfois, ou du moins de valider plus tard dans le lieu d’exposition en fonction de ses particularités physiques et architecturales.
Jonathan Binet
Dans une pratique qui s’apparente à une « peinture performative » dans le sillage de Jackson Pollock et de la peinture minimale d’un Robert Ryman, Jonathan Binet confronte son corps à l’architecture, dans un jeu de face-à-face qui oscille entre connivence et concurrence, entre lutte et échange. Ainsi, laisse-t-il au cours de ces interventions, des traces de son passage en haut des murs ou au détour des salles intégrant, malicieusement, les salissures et les accidents de parcours dans son œuvre. Laboratoire, zone de recherche, arène, l’espace devient le lieu où l’artiste « désapprend ». Coups de brosse, pulvérisations à la bombe, traits au crayon : le geste y devient impulsif, vital, libérateur. En effet, « un acte performatif, en peinture, ne saurait être intentionnel ni traduisible en discours : il agirait, comme un passe-partout, sans endetter ni promettre de vérité » rappelle Jacques Derrida en 1978.
En dialogue avec l’exposition Les Dérives de l’imaginaire, l’intervention de Jonathan Binet dans les escaliers historiques de la Travée du Palais de Tokyo met en scène la progression de son corps, de sa main, de son geste. Ses hésitations, fluctuations et tâtonnements témoignent du cheminement de sa pensée. Le mouvement, la trajectoire, le tracé à partir duquel émerge la forme sont intimement liés à l’artiste. Ainsi le visiteur est-il invité à parcourir et à découvrir le cheminement de sa pensée face à cette architecture dont il reconfigure la vision. L’arrivée de l’escalier sur un point de vue surplombant devient une confrontation avec un paysage architectural que l’on saisit de face, au bord du vide, avant de pouvoir opter pour un paysage plus mental grâce à la disposition dans l’escalier d’une banquette.
Les escaliers, véritables théâtres d’intrigues, n’ont eu de cesse de fasciner les artistes et les cinéastes, de Metropolis de Fritz Lang (1927) à Vertigo d’Alfred Hitchcock (1958) en passant par la scène mythique du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein (1925). Figure obsédante, l’escalier, symbole universel de la progression et de la régression, relève tantôt d’une machinerie voluptueusement dangereuse, tantôt d’une dynamique de l’effroi. Fil d’Ariane de ce projet, cette structure en marches accompagne le regardeur qui découvre ce territoire investi par Jonathan Binet. Avec ses détours, contours et tracés, l’artiste met en scène, selon une « cascade de gestes successifs », son invention qui, à son tour, est elle-même traversée par l’intensité progressive de la lumière se déployant des sous-sols aux étages et inversement.
Jonathan Binet, né en 1984, jeune diplômé de l’ENSBA et sélectionné au 56ème salon de Montrouge, opère par plans d’actions dessinant et fomentant les scénarii de son incursion dans l’espace. Ainsi, construit-il son œuvre en réaction au cadre qui lui est proposé, voire imposé. Perçu comme un espace de contrainte, il recherche en effet « en permanence des solutions, des voies de sortie, des possibilités d’action. »
Commissaire : Rebecca Lamarche-Vadel
Horaires
Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit
Fermé le mardi
Tarifs
Plein tarif 12 € — Tarif réduit 9 €
Gratuité pour les visiteurs de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux…
Programme de ce lieu
L’artiste
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Jonathan Binet