Katharina Grosse — The Bedroom
Exposition
Katharina Grosse
The Bedroom
Passé : 8 septembre → 23 octobre 2023
Katharina Grosse — Galerie Max Hetzler La galerie Max Hetzler présente pour la première fois dans son espace parisien l’oeuvre de Katharina Grosse (1961), peintre majeure... CritiqueLa Galerie Max Hetzler est heureuse de présenter The Bedroom, une exposition de Katharina Grosse au 46 & 57 rue du Temple à Paris. Il s’agit de la deuxième exposition personnelle de l’artiste avec la galerie, après Spectrum without Traces à Berlin au printemps 2023.
Avec l’installation The Bedroom, Katharina Grosse revient sur un moment clé de sa pratique artistique. C’est en 2004 que Grosse a repeint sa chambre à coucher à Düsseldorf avec de la peinture à l’aérosol, recouvrant le lit, l’oreiller, la couverture, les meubles, les murs, le sol, des vêtements, des écouteurs, des boîtes, et des livres. Lors d’une interview, l’artiste a expliqué:
“Mon lit a été la première chose que j’ai peinte à la bombe ; ensuite, d’autres éléments se sont accumulés, introduisant une structure narrative tout en questionnant des thèmes majeurs. Le lit est en effet une pièce totalement archétypale — tout le monde sait ce que c’est, ce qui se passe quand on se couche, quand on rêve. Pour ce travail, j’ai identifié une situation élémentaire très spécifique que nous connaissons et partageons tous.”1
Das Bett,_ 2004, a marqué un tournant, symbolisant à la fois une destruction et un nouveau départ. Le costume sur mesure, par exemple, qui a été recouvert de peinture, ne peut plus être porté. Dans le même temps, l’espace a subi une étrange transformation. Les objets, dépeints depuis les débuts de l’histoire de l’art, deviennent les supports et surfaces d’une forme de peinture exécutée originellement pour exalter leur présence. En un élan singulier, Grosse génère un courant d’énergie intense. Le pistolet de peinture a remplacé partiellement le pinceau, tous deux restant des outils régulièrement utilisés par Grosse.
Depuis, la peinture de Katharina Grosse n’a cessé d’évoluer : de la grande installation présentée à la 56e Biennale de Venise en 2011 à Asphalt and Hair à Aarhus en 2017. Si l’histoire de la peinture était contée à l’aide de métaphores, comme celles de la “fenêtre” et de la “porte”, les œuvres de Grosse feraient partie du second groupe. La différence réside dans le point de vue perceptif. Lorsque nous regardons une fenêtre, nous nous trouvons face à un lieu distinct, dont nous sommes de facto séparés, qu’un détail du paysage nous soit perceptible ou que sa visibilité soit entravée ou non. Mais, si l’on se trouve face à une porte, on peut l’appréhender d’une autre manière et envisager la possibilité de la traverser et d’entrer dans un autre lieu.
N’est-ce pas aussi l’essence du lit ? Cet endroit où l’on dort, où l’on rêve ou simplement où l’on se retourne sans rêver, a toujours ponctué l’histoire humaine. Au XIXe siècle, le peintre de la cour Adolph von Menzel a dessiné à la craie son lit défait, et plus de cent ans plus tard, Robert Rauschenberg a peint sur la couverture matelassée de son lit. Dans l’œuvre de Katharina Grosse, la peinture s’est répandue depuis le lit et forme ainsi une nouvelle surface. Ce n’est pas la première fois qu’une idée nouvelle naît de cet endroit. En effet, où l’écrivaine américaine Edith Wharton, première femme à recevoir le prix Pulitzer, a-t-elle écrit ? Au lit.
Julia Voss
1 Extrait de « On Painting: Katharina Grosse in Conversation with Isabelle Graw », in Katharina Grosse, New York: Gagosian 2018, p. 267
Horaires
Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Les samedis de 11h à 19h