L’état du ciel — Deuxième partie

Exposition

Installations, nouveaux médias, performance, photographie...

L’état du ciel
Deuxième partie

Passé : 25 avril → 7 septembre 2014

Tatiana wolska22 grid Entretien — Tatiana Wolska Lauréate du Salon de Montrouge 2014, Tatiana Wolska y présente, ainsi qu’au Palais de Tokyo, un ensemble d’œuvres récentes qui nous permettent de rentrer de plain-pied dans un travail méticuleux et onirique, où les matières s’emmêlent pour former un tout organique envoûtant. Thomas hirschhorn palais de tokyo 10 grid Thomas Hirschhorn — Palais de Tokyo Avec « Flamme éternelle », visible jusqu’au 23 juin au Palais de Tokyo, Thomas Hirschhorn poursuit sa réflexion sur les modalités d’un vivre et d’un être ensemble porté par un désir vivifiant de donner à ses interventions une énergie nouvelle et une véritable urgence.

Thomas Hirschhorn

Flamme Éternelle

La plupart des œuvres de Thomas Hirschhorn (né en 1957, vit et travaille à Paris) jouent avec des formes familières et urbaines évoquant l’étal, le marché aux puces, le pamphlet ou sa forme placardée comme le dazibao de la Chine populaire. Kiosques, Monuments, Autels, Sculptures Directes constituent une véritable typologie de dispositifs fonctionnels ou votifs. Les Kiosques sont inspirés des structures de propagande développées par le constructivisme russe, les Monuments rendent hommage à l’œuvre de penseurs (Spinoza, Bataille, Deleuze, Gramsci) et les Autels évoquent les commémorations urbaines spontanées. Si les Sculptures Directes sont habituellement installées dans les institutions, la première version s’est suggérée à l’artiste par le détournement de la Flamme de la liberté (quai de l’Alma, Paris) en autel votif consacré à la princesse Diana.

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Thomas Hirschhorn, Vue du montage de l’exposition Flamme éternelle, 2014 Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Romain Lopez

Refusant toute invitation rétrospective, Thomas Hirschhorn a décidé pour le Palais de Tokyo de réactiver le protocole « Présence et Production ». Par ce processus, Hirschhorn renouvelle la notion de présence si problématique au fil des phases classiques et modernes de l’histoire de l’art. L’opposition habituelle entre la présence de l’œuvre et de l’artiste en action est définitivement dépassée. La forme de l’œuvre est ouverte, accessible et gratuite, pour constituer un véritable espace public au sein de l’institution, disponible à une audience non-exclusive rassemblant les amateurs et ceux qui n’ont aucune inclination spécifique pour l’esthétique. Thomas Hirschhorn conçoit Flamme éternelle comme son propre atelier provisoire, comme un espace d’accueil d’intellectuels libres de concevoir leur intervention ou leur simple présence en dehors de toute obligation d’animation culturelle de l’institution.

Hiroshi Sugimoto

Aujourd’hui, le monde est mort [Lost Humain Genetic Archive]

Aujourd’hui le monde est mort [Lost Human Genetic Archive] est une nouvelle facette d’une exposition que Hiroshi Sugimoto (né en 1948, vit et travaille entre New York et Tokyo) élabore depuis une dizaine d’années en juxtaposant ses collections d’objets, provenant d’époques et de cultures disparates, et ses œuvres photographiques. Les objets de sa collection sont « ses doubles » et sont indispensables à l’artiste en tant que sources d’enseignements qui lui permettent de renouveler son art. En se nourrissant de références au roman L’Étranger d’Albert Camus et aux objets ready-made de Marcel Duchamp, l’artiste a mis en scène un monde après la fin de l’humanité : une vision personnelle de l’Histoire vue depuis l’avenir. L’exposition est constituée d’une trentaine de scénarios, racontés par différents personnages fictifs : un apiculteur, un spécialiste des religions comparées ou encore un homme politique qui choisissent de préserver (ou non), pour le futur, leur patrimoine génétique individuel.

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Hiroshi Sugimoto, Vue de l’exposition Aujourd’hui, le monde est mort, 2014 Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © André Morin

Conçue comme une sorte de ruine en résonance avec l’architecture atypique du Palais de Tokyo, l’exposition est non seulement la plus importante jamais réalisée en Europe par l’artiste, mais c’est aussi un projet unique qui témoigne de son large champ d’activité, depuis la littérature jusqu’à l’architecture. Elle est à l’image de sa tentative de comprendre l’art et l’histoire humaine selon une vaste échelle temporelle qui dépasse largement celle de l’humanité, tout en incluant sciences, religion, économie…

Vers où se dirige cette humanité incapable d’empêcher sa propre destruction au nom d’une croissance aveugle ? Guidé par cette interrogation, Hiroshi Sugimoto laisse dériver son imagination et sa créativité à la rencontre du passé comme du futur.

Interventions sur le bâtiment

Sheila Hicks

Baôli

Depuis les années 1960, Sheila Hicks (née en 1934 à Hastings, Nebraska) élabore une œuvre qui trouve son point d’équilibre à la croisée des arts appliqués et de la sculpture. Elève de Joseph Albers à l’Université de Yale, elle apprend la peinture et rédige une thèse sur les tissus précolombiens. En 1964, elle s’installe à Paris pour y créer son atelier. Entre tissage et déconstruction, Sheila Hicks envisage son œuvre, nourrie par les voyages et les cultures qu’elle étudie, comme un processus plutôt qu’un résultat.

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Sheila Hicks, Baôli, 2014 Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Aurélien Mole

En 2014, Sheila Hicks est invitée par le Palais de Tokyo à investir le Païpe, espace central du bâtiment. Ce lieu de rencontre, d’échange et d’événements est repensé par l’artiste comme une œuvre architecturale évolutive, remplie de matière à tisser que les visiteurs, tout au long de l’année, sont invités à transformer, à remodeler, à sculpter.

Natalie Czech

Il Pleut

Sa matière première, l’écriture, son leitmotiv, la répétition. Natalie Czech (née en 1976, vit et travaille à Berlin) est une jeune artiste allemande, dont la pratique artistique oscille entre poésie concrète et photographie conceptuelle. Par son caractère reproductible et ses qualités esthétiques, la photographie lui permet de traiter des mots en image et de (dé)composer une image par des mots. Pochettes de disques, iPad, kindle, lettres, magazines, journaux sont autant de vecteurs par lesquels transitent les mots et sur lesquels l’artiste révèle, par marquage, les poèmes de Robert Creeley, Allen Ginsberg ou Gertrude Stein pour ne citer qu’eux.

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Natalie Czech, Vue de l’exposition Il Pleut, 2014 Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Aurélien Mole

Pour le Palais de Tokyo, Natalie Czech réactive une œuvre intitulée Il pleut by Guillaume Apollinaire réalisée en 2012 avec la collaboration de quatre écrivains — Vanessa Desclaux, April Elizabeth Lamm, Ashkan Sepahvand et Mara Genschel — et convoque trois auteurs supplémentaires pour l’occasion : Jacques Roubaud, Vincenzo Latronico et Amilcar Packer. Le calligramme d’Apollinaire, servant de point de départ à l’élaboration d’un texte écrit dans la langue maternelle des invités, apparaît à la fois comme un signe, motif imprégné dans l’œuvre, et comme un refrain, motif récurrent de l’œuvre. Plusieurs temporalités et strates de lecture se superposent, intrinsèquement liées à l’intertextualité qui s’opère. Son travail invite à être lu et relu. Il est en cela intemporel mais non dénué de rythme.

Jouant de l’introspection et de l’expressivité, l’artiste s’efforce de contenir son œuvre dans un cadre alors que tout tend à se déployer en dehors de ces limites, comme pour libérer le sens des mots. Ouvertures sur le monde, les fenêtres revêtent l’étrange apparence de palimpsestes, dévoilant de nouvelles perspectives visuelles au spectateur : « Je n’ai rien à dire. Seulement à montrer ».

Émilie Ding

Lauréate du Prix Grolsch du Off 2013

Par ces formes en béton ou en acier, à mi-chemin entre sculpture et construction, représentation et fonction, Emilie Ding (née en 1981 à Fribourg, Suisse) opère-t-elle une trouée dans l’espace d’exposition pour en révéler le squelette architectural ? L’artiste semble davantage concevoir des situations où l’œuvre oscille entre présence architectonique et somme de fragments isolés dans l’espace d’exposition.

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Emilie Ding, Ice cream Man on Edge, 2010 Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Annik Wetter

Parallèlement, Emilie Ding a développé une œuvre graphique dans laquelle une grille élémentaire laisse apparaître des trames répétitives en noir et le blanc. Dans ce brouillage optique, il devient difficile de distinguer les espaces pleins des vides, le degré des angles ou l’espacement des lignes de fuite.

Certains exégètes ont relevé dans les titres de ce corpus la coexistence de références à Le Corbusier (Burning — La Tourette) et au réalisateur de science-fiction John Carpenter (Ice Cream Man On Edge) éclairant peut-être une certaine orientation postmoderne dans la réception par Emilie Ding d’une histoire de l’architecture.

Les modules — Fondation Pierre Bergé — Yves Saint Laurent

En collaboration avec la Villa Arson

Vivien Roubaud

Inventer des raccords, détourner les techniques, chercher les effets secondaires, tel est le rapport que Vivien Roubaud (né en 1986, vit et travaille à Nice) entretient avec les systèmes qu’il conçoit. Quels que soient les mécanismes produits (déflagration de plumes, tempête de pollen, balais-brosses danseurs, stalactites sous perfusion, imprimante mobile et picturale…), c’est avant tout la nature même des matériaux qui prédomine. Il utilise dans la plupart des cas des « objets qui nous font vivre », ces produits « déclassés » comme il les nomme, qu’il récupère dans leur abandon urbain et décortique jusqu’à les détourner de leur usage initial pour en révéler d’autres. Ce sont autant d’objets reformulés, construits par croisements de flux et d’énergies parfois contraires. Le travail se révèle à force d’observation, de tests, d’essais et d’accidents.

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Vivien Roubaud, Vue de l’exposition, 2014 Dans le cadre des Modules — Fondation Pierre Bergé — Yves Saint Laurent Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Aurélien Mole

Pour son exposition au Palais de Tokyo, Vivien Roubaud utilise le bâtiment comme support, révélant tout d’abord les soubassements du plafond par des effets d’éclairage inversé. En produisant des explosions de feux d’artifices dans des tubes de plexiglass remplis de gelée de pétrole suspendus au plafond, l’artiste impose une distorsion temporelle à un processus fulgurant. Enfin, des lames de scies à rubans déchiquetant des matelas en continu, forment d’étranges ballets mécaniques flottants dans l’espace des Trois Coupoles.

Thomas Teurlai

Qu’il modifie l’éclairage d’une pièce en faisant ruisseler de l’huile de moteur le long d’un tube fluorescent ou qu’il fasse tomber une neige noire à la fois douce et inquiétante dans un intérieur bourgeois, c’est toujours l’environnement que Thomas Teurlai (né en 1988, vit et travaille à Lyon) cherche à transformer, aussi infime que soit son intervention. À travers des installations qui détournent les objets de leur fonction première pour les entraîner vers un usage poétique et ambivalent, Thomas Teurlai sublime la matérialité la plus froide. Ses œuvres provoquent à la fois un certain plaisir esthétique par la familiarité des objets présentés et un doute quant à l’effet produit par ces jeux d’oppositions et de montages.

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Thomas Teurlai, Vue de l’exposition, 2014 Dans le cadre des Modules — Fondation Pierre Bergé — Yves Saint Laurent Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Aurélien Mole

Au Palais de Tokyo, comme toujours dans son travail, la notion de risque est présente, évoquée, ou assumée. La tension est palpable pour le visiteur qui ne passe jamais loin du danger : que ce soit les vibrations sourdes d’une vitre en verre ou la technologie mystérieuse mimant un train fantôme dans les entrailles du bâtiment, le travail de Thomas Teurlai résonne comme une forme de réenchantement du monde.

Tatiana Wolska

Économie des moyens et simplicité du geste sont à la base du travail de sculpture opéré par Tatiana Wolska (née en 1977, vit et travaille à Nice). Sa pratique, lente et minutieuse, sublime la simplicité des matériaux (de récupération, toujours) pour en extraire toute la poésie. Bois, plastique, métal sont quelques-unes de ses substances de prédilection, à l’origine de sculptures à l’aspect organique démentant l’usage premier du matériau. Ainsi une bouteille de Badoit devient-elle une forme proliférante ou des myriades de petits clous se transforment-ils en un nuage accroché à un coin de mur.

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Tatiana Wolska, Vue de l’exposition, 2014 Dans le cadre des Modules — Fondation Pierre Bergé — Yves Saint Laurent Courtesy of the artist & Palais de Tokyo, Paris — Photo © Aurélien Mole

Pour son exposition au Palais de Tokyo, Tatiana Wolska présente un ensemble d’œuvres récentes ou inédites. De natures très différentes, leur confrontation entre en dialogue avec l’architecture du lieu, s’adaptant à ses particularités. Plusieurs dessins aux murs, œuvres silencieuses, font face à un système d’écoute d’insectes. Un nuage de plastique fondu, renvoie à un essaim de clous enroulé autour d’une colonne de béton. Avec les chutes et rebuts de précédentes expositions, l’artiste imagine une sculpture quasi-organique et traversant les murs. En, une ligne de clous à niveau, sur le seul mur qui traverse les différents espaces de cette exposition, finit de donner une cohésion d’ensemble à l’espace.

16 Trocadéro Zoom in 16 Trocadéro Zoom out

13, av. du Président Wilson

75016 Paris

T. 01 81 97 35 88

www.palaisdetokyo.com

Alma – Marceau
Boissière
Iéna

Horaires

Tous les jours sauf le mardi de midi à minuit
Fermé le mardi

Tarifs

Plein tarif 12 € — Tarif réduit 9 €

Gratuité pour les visiteurs de moins de 18 ans, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires des minimas sociaux…

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